Malgré l'instabilité politique et la situation sécuritaire, le Mali reste le troisième producteur d'or du continent, le second pour la production du coton et le premier pays de l'Uemoa en matière de cheptel...
Il y a ceux qui trouvent des excuses à la faible efficacité économique du gouvernement malien. « Il n’a pas le contrôle de son territoire, dit l’un. Comment veut-on qu’il mette en œuvre le programme de décentralisation nécessaire pour développer les régions jusqu’à présent délaissées ? » Un autre de renchérir : « En matière de macroéconomie, ils font ce qu’il faut, et, avec une tendance de 5 % de croissance annuelle, ils ne se débrouillent pas si mal dans le climat dégradé actuel. »
Certes, dans un rapport publié en juillet, le Fonds monétaire international (FMI) délivre au Mali un satisfecit mesuré, affirmant que le contrôle des dépenses et l’amélioration des recettes publiques ont permis de maîtriser le déficit budgétaire.
Il y a aussi ceux qui désespèrent. « Je ne vois pas ce qui va permettre à court terme à l’économie malienne de croître de façon solide, explique Laurent Bossard, directeur du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE. Elle demeure fondée sur l’exploitation de l’or et du coton, ce qui la met à la merci des fluctuations des cours mondiaux et du chaos sécuritaire, deux données que personne ne maîtrise.
Il faudrait mener à bien plus de grands projets, symboliques d’une volonté forte de développement, quitte à mettre le paquet pour en assurer la sécurité. Pourquoi le chantier du barrage de Taoussa, sur le Niger, n’a-t‑il pas encore démarré, alors qu’il est financé par des fonds arabes, que le déplacement des populations locales est prévu et que ses avantages sont multiples (électricité, navigabilité, irrigation) ? Malheureusement il existe beaucoup de projets de ce genre en panne ! »
Croissance fragile, mais convenable
La croissance semble se stabiliser à 5 % en 2017, après avoir été de 7 % en 2014, de 6 % en 2015 et encore de 5,8 % en 2016, sous l’effet d’une bonne récolte de coton et d’investissements publics importants. Mais elle est si fragile, malgré son taux convenable, que le FMI répète que le « soutien » de la communauté internationale est « essentiel » pour la maintenir et éviter un creusement du déficit budgétaire.
Face à ces incertitudes, il faudrait choisir un cap et s’y tenir fermement
En effet, les vents ne sont pas favorables. Deux facteurs vont peser sur les investissements publics : la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est en train de resserrer sa politique monétaire, et les prochaines élections risquent de pousser à relâcher la discipline sur les dépenses ordinaires au détriment des dépenses en capital.
Tout laisse à penser que la production d’or (qui représente 65 % à 70 % des exportations maliennes) sera en retrait en 2017 et que les investissements dans le secteur minier baisseront en 2018 à cause de l’insécurité mais aussi parce que la remontée des prix des matières premières pourrait rester modérée, selon la Banque mondiale.
Le pays est « paralysé »
Face à ces incertitudes, il faudrait choisir un cap et s’y tenir fermement. Or les autorités tergiversent. Le redressement de la Banque malienne de solidarité (BMS) et celui de la société Énergie du Mali (EDM) se font à trop petite allure.