Le Comité international de la Croix-Rouge(CICR) a suspendu une partie de son assistance en faveur de la région de Kidal. Selon Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation du CICR au Mali, c’est à contrecœur qu’ils sont amenés à suspendre leurs activités à la suite d’actes criminels à répétition qui mettent en péril la vie de notre personnel. Le CICR se limitera uniquement aux interventions chirurgicales d’urgence au niveau de l’hôpital et à l’approvisionnement de la ville en eau potable. « Cette suspension n’est pas limitée dans le temps.
C’est la quatrième fois que nous subissons des attaques dans la ville de Kidal. La sécurité ne s’améliore pas. Raison pour laquelle on arrête parce que c’est la vie des personnes qui est en jeu. Il faut des signes qui montrent que la sécurité s’améliore pour notre personnel », précise, joint au téléphone par le Républicain, Germain Mwehu, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali.
Le Comité international de la Croix –Rouge (CICR) a suspendu hier, mercredi 18 octobre 2017, ses activités à Kidal. « A la suite d’une intrusion d’hommes en armes dans l’une de ses résidences à Kidal, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se voit contraint de suspendre une partie de son assistance en faveur des populations de cette région du nord du Mali », explique, dans un communiqué, le CICR qui est l’une des rares organisations humanitaires à intervenir à Kidal. « Nous sommes amenés, à contrecœur, à suspendre nos activités à la suite d’actes criminels à répétition, qui mettent en péril la vie de notre personnel.
Nous déplorons cette situation qui affectera directement une partie des personnes que nous assistons à travers des activités telles que la distribution de nourriture, l’accès à l’eau et aux soins de santé, et le rétablissement de liens familiaux. Nous sommes en contact avec tous ceux qui peuvent nous assurer les garanties sécuritaires nécessaires pour que nous puissions reprendre cette assistance humanitaire vitale», a assuré Jean-Nicolas Marti, chef de la délégation du CICR au Mali.
Selon le CICR, dans la nuit du 15 au 16 octobre, des hommes armés et cagoulés ont pénétré l’une des résidences du personnel du CICR à Kidal, exerçant de la violence physique sur les gardiens. « Il s’agit du quatrième incident de sécurité à l’encontre du CICR depuis le début de l’année dans cette ville où le niveau de criminalité est en hausse depuis quelques mois ».
Le CICR exige un minimum de sécurité pour son personnel
A Kidal, le CICR se limitera uniquement aux interventions chirurgicales d’urgence au niveau de l’hôpital et à l’approvisionnement de la ville en eau potable. « Nous maintiendrons un minimum d’activités relatives aux urgences chirurgicales à l’hôpital et à la fourniture de l’eau potable en ville de Kidal. Il est important pour nous de continuer à soutenir le plus possible la population de Kidal qui souffre elle-même de cette criminalité grandissante», selon Jean-Nicolas Marti.
Joint au téléphone par le Républicain, Germain Mwehu, le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali, explique que cette suspension n’est pas limitée dans le temps. « Tout dépend des garanties de sécurité que nous allons recevoir et notre évaluation de la situation que nous allons faire sur place.
A l’hôpital, nous allons nous limiter uniquement aux interventions chirurgicales d’urgence. Nous allons suspendre également les autres aspects de nos activités à l’hôpital», indique-t-il. Il ajoutera que la sécurité ne s’améliore pas à Kidal. « Raison pour laquelle on arrête parce que c’est la vie des personnes qui est en jeu. Il faut des signes qui montrent que la sécurité s’améliore pour notre personnel. On aimerait bien reprendre parce qu’on comprend bien les conséquences que cette suspension aura sur les populations qui bénéficie de notre assistance. Mais pour pouvoir travailler, il faut qu’il ait un minimum de sécurité pour le staff».
Selon les responsables du CICR, depuis le début de l’année, le CICR a pris en charge près de 10 000 patients au centre de santé de référence de Kidal et fourni du carburant pour assurer l’approvisionnement en eau potable de la ville.
En avril dernier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait suspendu temporairement ses activités dans la région de Kidal suite au cambriolage de la sous-délégation du CICR dans la ville.
Insécurité chronique
Plus de deux ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, on assiste à une recrudescence de l’insécurité sur l’ensemble du territoire malien, plus particulièrement dans le Centre et le Nord du pays. Et malgré le retour de Mohamed Ag Ichrach, le gouverneur de la région, dans la ville de Kidal et le cessez le feu signé entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme, deux groupes armés qui s’affrontent violement pour le contrôle de Kidal, le quotidien des kidalois est aujourd’hui rythmé par l’insécurité et des attaques terroristes.
Dans son dernier rapport sur le Mali, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies notait une détérioration des conditions de sécurité au Mali. « La détérioration des conditions de sécurité au Mali a encore aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse. Compte tenu de la faible présence de l’État et faute de progrès en matière de développement durable dans le centre et le nord du Mali, les besoins humanitaires persistent.
Dès lors, les acteurs humanitaires ont continué de jouer un rôle primordial pour répondre aux besoins fondamentaux des personnes vulnérables. ». Selon Antonio Guterres, les violences à l’œuvre dans les régions de Kidal et Ménaka et les violences intercommunautaires dans la région de Mopti ont encore entraîné des déplacements réguliers, portant à quelque 55 400 le nombre de déplacés, qui s’établissait aux environs de 52 000 en mai. « Depuis janvier 2017, on a recensé plus de 30 000 nouveaux déplacés.
Le nombre de réfugiés maliens présents au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger a baissé, passant de 141 500 à 140 900 ». Au total, expliquait le Secrétaire Général dans son rapport, les acteurs humanitaires ont subi 43 incidents de sécurité à caractère essentiellement criminel, notamment des attaques directes, des effractions dans les complexes humanitaires et des vols de véhicules, contre 27 incidents de ce type au cours de la période précédente.