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ADEMA : Dramane Dembélé reçoit la bride du Cheval de Troie
Publié le lundi 15 avril 2013  |  Le 22 Septembre


© aBamako.com par A S (Photo d`archive)
Dramane Dembele, candidat de l`Adema-Pasj.
Bamako, le 10 avril 2013 au siège du parti. Le consultant minier Dramane Dembélé a été choisi par la commission de bons offices mise sur pied par l`Adema pour représenter ce parti lors des présidentielles à venir.


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Le 10 avril 2013, la Commission de bons offices (CBO) du parti ADEMA, élargie aux candidats et aux membres du Comité exécutif, a désigné Dramane Dembélé comme porte-étendard de l’ADEMA-PASJ à la présidentielle du 7 juillet prochain. L’homme est présenté comme natif de Ségou, ingénieur de formation et ancien Directeur de la Géologie et des Mines.
A l’analyse, ce n’est pas tant sa victoire plébiscite qui détonne que l’intelligence politique pointue ayant entouré les travaux de la CBO ADEMA. L’opinion n’eut même pas le temps de déterminer la nuance grise ou blanche de la «fumée blanche» que la carte Dramane Dembelé est brandie. Pourtant, à part être membre du Comité exécutif du parti, l’ingénieur faisait figure de parfait inconnu, avec cinq autres prétendants dont les noms ne vous diront rien, sinon qu’ils sonnent maliens.
Aussi, ne saurait-on raisonnablement pas comprendre que, sur la base d’une saine application des critères retenus, Soumeylou Boubèye Maiga, Boubacar Bah, Ousmane Sy, Sékou Diakité et autres Abdel Kader Sidibé aient été éliminés. Mais la politique est un jeu de ruse. Le mythe du Cheval de Troie également.
La ruse se démarque de l’infamie et ne peut s’assimiler ni à la triche, ni au crime, en cela qu’elle est autorisée par la loi et les accords internationaux. Le Cheval de Troie a ses héros. Ulysse en est le concepteur. Epéios construisit le manège. Sinon, agent secret qui avait ses habitudes d’ébriété à Troie, convainquit de laisser entrer le talismanique cheval, gage de protection et de bénédiction pour la cité.
La légende rapporte que le Cheval de Troie est une énorme sculpture en bois creux, aux formes chevalines, construite par les Grecs pour s’introduire dans la ville de Troie, assiégée. Dans l’Odyssée, Homère explique son secret ainsi «…dans le Cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d’Argos… traquenard qu’Ulysse conduisit à l’Acropole, surchargé de soldats qui allaient piller Troie».
Les Troyens craignaient d’être pillés une fois. Les Maliens craignent un second pillage. L’évènement que vient de nous faire vivre l’ADEMA est édifiant sur deux points. Primo, une panique généralisée secoue le rang des formations politiques classiques depuis la demande, chaque jour davantage pressante, portée en chœur par une partie de la population et de l’opinion internationale, d’un audit de la gouvernance de l’Etat et des institutions de 1991 à 2013. La mauvaise conscience des coupables est mise en ébullition.
Or, il est constant que la classe politique de l’ère démocratique, de 1991 à 2013, compte les diaboliques architectes de la déconfiture de l’Etat, de la putréfaction de notre armée et de la désintégration de la souveraineté du Mali. Les faits sont gravissimes. Au lendemain du 22 mars 2012, l’alerte au Big bang dans notre héritage territorial et notre appareil institutionnel n’est pas encore levée. Il a fallu remettre notre souveraineté à la France, 52 ans après les indépendances, pour ne pas sombrer dans l’abîme. Honteuse délégation qui nous vaut aujourd’hui, entre autres mépris, que François Hollande soit d’autorité «intraitable» autant sur ponctualité des élections du Mali (DSA Département au Sud du Sahara ?) que sur la mise en œuvre des orientations sur la moralisation de la vie publique en France.
Deuxio, et plus directement, l’ADEMA fait aveu de culpabilité et exprime sa fébrilité à la menace tacite d’une contrition électorale de la part des Maliens, conscientisés. En effet, deux doubles mandats présidentiels, engageant la responsabilité pleine et entière du Parti de l’Abeille et de ses cadres, conduisirent l’Etat malien à l’impotence. De 1991 à 2012, des cadres ADEMA et amis d’autres bords politiques du Mouvement démocratique instaurèrent un régime d’impunité absolue et outrageusement flagrante, de faits inimaginables d’abus des biens sociaux et de blanchiment de derniers publics détournés.
Pire, ils se rendirent coupables de trahison, en instrumentalisant l’enseignement à tous les niveaux, violant l’espace sacré scolaire à des fins politiciennes, ravalant notre système éducatif aux derniers rangs de la planète. Comme si cela ne suffisait pas, ils rempilèrent en 2002, mettant cette fois en avant-garde de leurs forfaitures un attardé et entreprirent de mettre l’armée à genoux. Nous savons la suite.
Dramane Dembélé, dont la qualité de cadre émérite n’est pas le seul atout, est le personnage politique dont le casier «populaire» ne nous fait pas dresser les cheveux d’ahurissement. Son profil se détache de celui du monstre politique que le peuple veut mettre au pilori à la faveur des élections présidentielle, législatives et communales qui s’annoncent. Aussi, jouera-t-il le rôle de l’agent Sinon pour autoriser l’entrée du Cheval. Ulysse et les généraux de la nomenclature ADEMA n’ont plus qu’à prier Tyché, déesse grecque de la chance et de la bonne fortune, pour que la ruse prenne. Ce fut le cas à Troie.
Seulement entre la Troie antique et le Mali contemporain, il y a une différence. Les Troyens ont le péché d’aimer le lotus, une plante qu’ils mâchent et qui trouble leur mémoire. Cette mauvaise fortune ne risque pas de nous arriver d’ici juillet prochain, où nous avons rendez-vous avec l’histoire pour revendiquer, à notre tour, le cri de douleur des Juifs revenus des atrocités nazies «nous n’oublierons jamais, nous ne pardonnerons jamais».
Dramane Dembélé n’est pas à accabler parce qu’à la place du miel promis, l’on nous servit la lie. Mais il gagnerait à présenter un contrat de société avec une touche personnelle plutôt qu’à compter sur une machine ADEMA broyant tout sur son passage jusqu’à Koulouba. Il doit notamment marquer son territoire du sceau de la vertu, avec résolution et fermeté, quitte à prendre des décisions douloureuses. Le peuple ADEMA, celui des bas-fonds et des faubourgs, victime comme beaucoup d’autres Maliens, est las d’une classe politique obèse, qui tient coûte que coûte à maintenir l’omerta sur la gestion du pays. Le Mali a été la victime, bien que plus de la rébellion et de l’agression jihadiste, des faits de ses propres fils. Ce n’est pas de l’amalgame. La gestion incompétente de nos institutions appelle à la révolte et au changement, si nous voulons d’une nation.
Lorsque le Président de la transition, qui s’y connaît en euphémismes, déplore qu’un des grands ratés de ces 20dernières années soit l’ancrage de la décentralisation, le Haut Conseil des Collectivités devrait se sentir indexé, avouer son échec et s’auto dissoudre. La mauvaise distribution de la décentralisation est l’argument des apatrides du Mnla pour rabaisser le Mali à s’assoir à une table commune de négociation. Par la faute de cette institution, ce n’est pas la face que le Mali perd, c’est une partie de son territoire qu’il risque. Il ne pouvait en être autrement si l’on sait que, durant le second des deux honteux mandats écoulés, cette institution, son Président en tête, n’eut de souffle que de doter le Mali d’une 2ème chambre parlementaire folklorique, un Sénat, dont la seule attribution qui vaille était la consécration de son Président comme dauphin constitutionnel en cas de vacance du de Chef d’Etat. On n’avait pas besoin de faire le tour de la planète, dilapidant l’argent du contribuable, comme ce fut malheureusement le cas, pour suivre l’exemple du Sénégal, qui épuisa tous les tests d’expérimentation de la création d’un Sénat avant de conclure à son inutilité.
L’Assemblée nationale elle-même reste redevable de la preuve de sa plus value à la nation. Véritable budgétivore, temple des exonérations commerciales et zone franche pour toutes les magouilles, notamment électorales, c’est par tripatouillage réitéré que l’oligarchie Rouge Abeille et ses intimes se maintiennent dans le bureau de l’Hémicycle depuis 20 ans. En octobre 2011, Jeune Afrique rapportait les propos d’Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, cadre du Mnla, alors député élu à Bourem, dénonçant sans ambages que l’affaire dite d’Air Cocaïne (un Boeing 737 emballage perdu pour livrer quelques tonnes de drogue à la lisière de Bourem) relevait d’«une complicité en haut lieu», citant nommément Koulouba et l’Assemblée nationale comme étant les principales destinations des ressources de cette affaire. Le locataire de Koulouba a été chassé et le palais présidentiel a livré des secrets.
Ces femmes et ces hommes qui ont raté le vol spécial Bamako – Dakar du 20 avril 2012 veulent donc embarquer dans un manège et achever leur œuvre. C’est tout l’enjeu des consultations qui aboutirent au choix de Dramane Dembelé. Il faut craindre pour eux que la volonté populaire n’ait pas changé les conditions de délivrance du sauf-conduit. Elle veut ériger Koulouba en temple de la vertu républicaine, dont le locataire aura obligation de justice sociale et sera résolument engagé dans la lutte contre la corruption, le caprice et l’arbitraire. En somme, une citadelle dont le bail se paiera en monnaie de vertu. Les ressources ne manquent pas au candidat plébiscité de l’ADEMA. Il reste à Dramane Dembelé à toiletter son projet de société et à le débarrasser de ses taies.
Aaron Ahmed

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