Bamako, - Les ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU ont débuté jeudi au Mali une tournée axée sur la constitution d'une force des pays du Sahel, dans laquelle la France voit un possible modèle de coopération entre troupes africaines et de l'ONU.
A l'initiative notamment de la France, qui préside en octobre le Conseil de
sécurité, les ambassadeurs des 15 pays siégeant au Conseil visitent jusqu'à
dimanche le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso, membres du G5 Sahel avec
le Niger et le Tchad.
La future complémentarité entre la force antijihadiste du G5 Sahel et la
Mission de l'ONU au Mali (Minusma) "peut à certains égards devenir un modèle
d'articulation entre une force de maintien de la paix et une force africaine",
a plaidé l'ambassadeur français aux Nations unies François Delattre.
Il s'exprimait à l'issue d'une rencontre entre la délégation et le
président malien Ibrahim Boubacar Keïta, après des entretiens avec des
ministres maliens, dont ceux des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et de la
Défense Tiéna Coulibaly.
M. Coulibaly a rappelé que le G5 Sahel avait fixé pour cette force un
"budget initial de 423 millions d'euros", laissant entendre qu'il pourrait
éventuellement être révisé à la baisse.
"Le vrai débat pour nous est effectivement de pouvoir commencer" les
opérations, qui doivent débuter avant la fin du mois d'octobre, a ajouté le
ministre de la Défense.
La force conjointe, organisée en trois "fuseaux", ouest, centre et est,
comprendra sept bataillons: deux du Mali, deux du Niger, et un de chacun des
trois autres pays et atteindra ses "pleines capacités d'ici à mars 2018",
a-t-il indiqué.
A ce jour, 108 millions d'euros ont été promis pour le déploiement de cette
force.
Une réunion ministérielle sur le soutien au G5 Sahel est prévue le 30
octobre à l'ONU, ainsi qu'une conférence des donateurs le 16 décembre à
Bruxelles.
Dans un rapport remis le 16 octobre, le secrétaire général de l'ONU,
Antonio Guterres, a recommandé une aide internationale accrue à cette force.
"Non seulement pour le Sahel, mais pour ce que nous faisons jour après jour
à l'ONU, l'exemple du G5 Sahel peut être une source d'inspiration", a déclaré
M. Delattre jeudi soir lors d'une réception organisée par la Minusma,
rappelant que la France avait fait de ce projet la priorité de sa présidence
du Conseil de sécurité.
Les dirigeants du G5 Sahel, aiguillonnés par le président français Emmanuel
Macron, ont acté le 2 juillet à Bamako la constitution de cette force et
débloqué des fonds pour son déploiement.
Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du
Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le
G5 a réactivé en février à Bamako ce projet de force régionale conjointe,
initialement lancé en novembre 2015.
sst/ol