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Algérie Maroc : Le séisme diplomatique suivi attentivement à Bamako
Publié le mardi 24 octobre 2017  |  Le Républicain
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Le milieu politique et diplomatique suit avec attention la situation entre l’Algérie et le Maroc, un incident diplomatique provoqué par une déclaration peu diplomatique du ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader MESSAHEL.

Il accuse le Maroc de blanchiment d’argent et de trafic de drogue. Le chargé d’affaires de l’Ambassade d’Algérie à Rabat a été convoqué au siège du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le Royaume du Maroc a également décidé le rappel en consultation de l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Algérie, sans préjudice des actions que les institutions économiques nationales diffamées par le Ministre algérien, pourraient prendre. Au Mali où les deux pays arabes sont en partenariats stratégiques, l’affaire est suivie à la loupe.

Devant le monde des Affaires, le ministre des Affaires étrangères proche du Président Abdelaziz Bouteflika, a accusé le Maroc de blanchiment d’argent et de trafic de drogue, qualifiant le pays de zone de libre échange ; indiquant que les banques marocaines font le blanchiment d’argent, et Royal Air Maroc transporte du cannabis, selon le ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader MESSAHEL. « Les banques marocaines, on le sait c’est le blanchiment d’argent … Et ça c’est des chefs d’Etat africains qui me le disent.

Et Royal Air Maroc transporte autre chose qui dépasse l’argent, et ça tout le monde le sait… ». Au delà du Maroc, il s’attaque à l’Egypte, la Libye, la Tunisie. « L’Egypte a de nouveau problème économique. L’Egypte passe son temps à prêter de l’argent avec le FMI. Nous, on a payé notre dette par anticipation. Doing business, ce n’est pas la Tunisie qui gère des difficultés énormes. Le Maroc, tout le monde sait ce que c’est que le Maroc, c’est une zone de libre échange. Des sociétés françaises créent une zone, qui construit l’usine, qui fait travailler quelques Marocains, doing business, c’est l’Algérie », s’exclame Abdelkader MESSAHEL, devant des opérateurs économiques et hommes d’affaires dans son pays.

A Rabat, la réaction du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ne s’est pas fait attendre. C’est l’escalade verbale et l’incident diplomatique. Le chargé d’affaires de l’Ambassade d’Algérie à Rabat a été convoqué, au siège du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, à la suite des « déclarations gravissimes du Ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire, au sujet de la politique africaine du Royaume du Maroc ».

Il a été signifié au chargé d’affaires de l’Ambassade d’Algérie à Rabat « le caractère irresponsable, voire "enfantin", de ces déclarations, émanant de surcroit du chef de la diplomatie algérienne, censé exprimer les positions officielles de son pays au niveau international ». Face à ce développement jugé « inacceptable », le Royaume du Maroc a décidé « le rappel en consultation de l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Algérie, sans préjudice des actions que les institutions économiques nationales diffamées par le Ministre algérien, pourraient prendre ».

Selon le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, « ces déclarations sans fondement ne sauraient porter atteinte à la crédibilité ni au succès de la coopération du Royaume du Maroc avec les pays africains frères, et qui est largement saluée par les Chefs d’Etat africains et appréciées par les populations et les forces vives du continent ».

Pour le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, les propos tenus par le Ministre algérien sur des institutions bancaires et la compagnie aérienne nationale, témoignent d’une ignorance aussi profonde qu’inexcusable des normes élémentaires du fonctionnement du système bancaire et de l’aviation civile, tant à l’échelon national qu’international. « Du reste, l’action efficace et les efforts considérables du Royaume du Maroc, notamment en matière de lutte contre les trafics de drogues, y compris en particulier les substances psychotropes en provenance de l’Algérie, sont largement connus au niveau international et reconnus par les institutions internationales spécialisées », souligne le ministère marocain des Affaires étrangères.

Le communiqué indique que ces allégations mensongères du ministre algérien ne peuvent justifier les échecs ou cacher les véritables problèmes économiques, politiques et sociaux de ce pays, et qui touchent de larges franges de la population algérienne, notamment la jeunesse. « L’engagement pour l’Afrique ne peut être réduit à une question de ressources financières, sinon l’Algérie avec ses pétrodollars aurait pu réussir.

Il s’agit plutôt d’une vision claire, volontariste et agissante, ayant foi dans les pays et peuples frères de l’Afrique et investissant en un avenir commun à leur côté. A l’ère où les institutions autant que les populations ont un accès libre à l’information, nul ne peut bercer indéfiniment de mensonges l’opinion publique ou les opérateurs économiques, ni insulter leur intelligence sur la durée », indique le communiqué.

Enfin le communiqué note, « le Royaume du Maroc, en condamnant ces propos affabulatoires, d’un niveau d’irresponsabilité sans précédent dans l’histoire des relations bilatérales, relève qu’ils coïncident avec la tournée régionale de l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général pour le Sahara, ainsi qu’avec les préparatifs du Sommet UE-Afrique, prévu fin novembre 2017 à Abidjan ».

A Bamako, la situation est suivie attentivement, telle on suivrait une incompréhension entre ses deux parents. D’une part, l’Algérie est un partenaire important du Mali sur le plan sécuritaire ; le processus de paix, les pourparlers inter maliens pour la paix et la réconciliation au Mali, et l’accord qui en est issu, sont des indicateurs du poids de ce voisin du nord. D’autre part, l’économie malienne respire aujourd’hui par le partenariat économique avec le Maroc.

Les banques marocaines, la présence du Royaume dans la télécommunication, la santé et le transport aérien sont aussi assez significatives. Face à ces enjeux et l’importance des défis, les autorités maliennes ne peuvent que garder un silence de carpe, devant l’escalade diplomatique entre l’Algérie et le Maroc. A la présidence de la République comme à la Primature, c’est le silence radio au Mali.

Le même silence qui a été observé face aux mauvais traitements inhumains et dégradants infligés aux Africains expulsés de l’Algérie en décembre 2016, et d’autres actuellement en embrigadés dans des centenaires à 50° (degré). Pendant ce temps, le Royaume du Maroc a régularisé la situation de 50 000 Africains. Le Président IBK pourra-t-il enfin rompre le silence ?

Daou
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