Dans le cadre de l’exécution de la seconde phase du projet « Mieux informer sur la migration » conçu par l’Institut PanosAfrique de l’ouest et l’Institut Panos Paris, une formation itinérante suivie d’enquêtes de terrain est organisée du 15 au 19 avril dans cinq villes du Sénégal (Louga, Saint-Louis, Pété, Agnam et Matam).
Contrairement à l’atelier du premier cycle de formation de 2012, qui a été organisé à Bamako, celui du second cycle sera itinérant. Il sera organisé dans la partie nord du pays, dans la région de la vallée du fleuve Sénégal. L’objectif de cette rencontre est d’apporter aux journalistes des connaissances sur la thématique migratoire, inscrite dans une perspective nationale, régionale et intercontinentale. Et renforcer les compétences des journalistes sur la production de reportages d’investigation sur le terrain.
C’est dans la ville de Louga, localité située à 203 Km de Dakar, que la formation a débuté. Et le choix de Louga pour le lancement de cette 2ème phase est pertinent à plus d’un titre.
En effet, l’une des caractéristiques de la démographie de la région de Louga qui compte 880.482 habitants, est la proportion des jeunes de moins de 20 ans qui représentent près de 55% de la population, ainsi que sa forte propension l’émigration à la recherche d’une meilleure situation sociale. En l’absence de données fiables, on peut estimer que les émigrés représentent entre 7 et 10% de la population, ce qui est loin de refléter la réalité, si l’on tient compte de l’émigration illégale dite clandestine. Il s’y ajoute qu’avec près de 20 milliards Fcfa de transferts d’argent par an pour toute la région, l’émigration génère des retombées importantes ayant un impact direct dans l’amélioration des conditions de vie des populations.
C’est pourquoi, dira le Secrétaire général du Conseil régional de Louga, Yéri Ba que le Conseil régional de Louga a très tôt inscrit la question de l’émigration au cœur de sa stratégie de promotion du développement économique local. Parmi ses initiatives, on peut noter : le Forum régional avec les émigrés organisé les 4 et 5 janvier 2006, en partenariat avec le ministère des Sénégalais de l’extérieur. L’objectif était de faire découvrir aux émigrés les potentialités et les opportunités d’investissement dans la région, de leur faire bénéficier de l’appui et du conseil des services décentralisés et déconcentrés, de les sensibiliser sur la nécessité de sécuriser leur épargne en vue de préparer leur retour et leur insertion dans le tissu économique local. Par ailleurs, un Fonds régional de développement (FRD) a été mis en place en partenariat avec une mutuelle d’épargne et de crédit pour servir de fonds de garantie des financements sollicités par les jeunes, les femmes et les émigrés.
Dans cette même dynamique, et en partenariat avec l’ONG Enda Diapol, un projet pilote CARIMA ou centre d’accueil et d’accompagnement pour la réinsertion et l’insertion des migrants de retour a été mis en place en 2012 grâce à un appui financier à faible taux de remboursement de 4%.
En plus du renforcement des capacités en gestion des bénéficiaires, le CARIMA offrira à terme une prise en charge psychologique des migrants de retour, souvent victimes d’un retour forcé. A cela s’ajoutent, grâce à un partenariat avec le BIT/Migrant et les associations d’émigrés, des sessions d’éducation financière au profit des familles des migrants pour développer l’épargne et susciter l’esprit d’entreprenariat.
Signalons qu’au terme de la rencontre, quatre dossiers conjoints sur les migrations (portraits, interviews, enquêtes, reportages) à l’issue de l’atelier 2 seront réalisés par les journalistes regroupés en trinôme (2 nationaux et 1 étranger).
La ville de Louga
Louga est la deuxième plus grande ville du Sénégal de par sa superficie. Bâtie sur le sable, à la croisée des routes caravanières marchandes venant d’Afrique du nord et des grands axes de pénétration coloniale, Louga a toujours été au centre des évènements qui ont jalonné et marqué le cours de l’histoire du Sénégal. De climat sahélien sec presque désertique, elle prend, pendant la période sèche, l’aspect insolite et pittoresque d’une cité saharienne où se mêlent harmonieusement ruralité et urbainité. Aujourd’hui, confrontée à une conjoncture économique difficile, à la désertification, l’ensablement et une sécheresse persistante, elle garde confiance en l’avenir, en sa capacité de s’adapter et d’entreprendre. La ville s’étend sur une vaste plaine sablonneuse. Elle jouit d’un climat sahélien sec, d’une végétation steppique caractérisée par une saison des pluies courte et instable et une longue saison sèche de 9 mois ou plus. L’harmattan, chaud et sec, très actif de janvier à mai, constitue le vent dominant de cette zone. Il transporte de la poussière qui provoque parfois de véritables tempêtes de sable, et surtout, il favorise l’érosion éolienne ainsi que la perte d’eau par évaporation.
Bandiougou DIABATE
Envoyé spécial au Sénégal