Invoquant des raisons sécuritaires, l’Algérie est en train d’expulser de son territoire et de façon systématique tous les migrants noirs. Le fait alimente, depuis quelques jours, les débats au Mali dont des ressortissants ont déjà fait les frais de cette opération menée parfois avec une violence inouïe. Après le rapatriement d’une première vague de 83 personnes, une deuxième, forte de 123 âmes, est arrivée mardi à Bamako.Le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Abdramane Sylla, a mis à profit la cérémonie de signature de convention de financement avec les Pays-Bas pour entretenir les journalistes sur les efforts de son département concernant cette situation.
En effet, aussitôt informé, le ministère, fidèle à sa vocation d’assurer la protection et la défense de nos compatriotes, a mis en branle ses services pour porter secours aux ressortissants maliens en situation de détresse.
Suite aux premières informations ayant fait état de «l’arrestation de beaucoup de Noirs et dans des conditions parfois difficiles», le département a, tout d’abord, exigé des autorités algériennes que «les gens soient traités dignement».
Le ministère s’est, par la suite, employé à ce que les 83 Maliens arrêtés au niveau de Tamanrasset et reconduits à Agadez (Niger), soient transportés à Bamako. «138 autres de nos compatriotes arrivent aujourd’hui (NDLR mercredi) à Bamako, à bord de deux bus», a annoncé Abdramane Sylla.
Le ministre Sylla, visiblement outré par les informations distillées sur les réseaux sociaux sur cette situation, a indiqué que «tous les Maliens qui se sont retrouvés dans ce problème, ont été totalement pris en charge par le gouvernement, appuyé par des partenaires comme l’Organisation internationale de la migration». Il a aussi précisé que l’évolution de la situation est suivie de près par son ministère où une équipe est spécialement commise à la tâche.Tout comme la situation en Algérie, le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine suit avec attention l’évolution de la situation en Arabie Saoudite où les autorités ont récemment demandé à tous les étrangers de se mettre en règle. «Il se trouve que nous avons un grand nombre de nos compatriotes qui ne sont pas en règle vis-à-vis des lois de l’Arabie Saoudite. Et pour se mettre en règle, ils doivent quitter le territoire», a expliqué Abdramane Sylla.
A cause de cette nouvelle situation, la plupart de nos compatriotes en situation irrégulière se sont inscrits volontairement sur des listes pour être rapatriés. «Le ministère des Maliens de l’Extérieur est présentement en négociation avec l’OIM pour nous aider à les transporter au pays», a confié le ministre Sylla.Il a, par ailleurs, rappelé que la protection des Maliens de l’extérieur a été au cœur des actions menées par le département ces trois dernières années.
En effet, suite à l’instabilité dans certains pays et à la politique de migration restrictive dans d’autres, de nombreux Maliens de la diaspora ont été appuyés par l’Etat pour le retour au bercail. Il s’agit notamment des Maliens qui vivaient en situation de détresse en Libye où plus de 3000 personnes ont été rapatriées dont 1000 au cours de cette année.
Le ministre Sylla a tenu à expliquer les raisons pour lesquelles le ministère ne communique pas suffisamment sur ces rapatriements au pays. «Généralement, ce sont des personnes en détresse totale. Certains sortent de prison pour être embarqués directement. Il n’est pas bon de faire beaucoup de bruits autour de la misère de nos compatriotes», a-t-il dit.
«Cependant, a-t-il ajouté, nous sommes très attentifs à toutes les situations qui impliquent nos compatriotes. De la part des plus hautes autorités, nous avons reçu l’instruction ferme d’être à l’écoute de tous les cas de détresse».