Deux mois après la tempête de la révision constitutionnelle, l’opposition politique du Mali sort une nouvelle fois de son silence. Elle a organisé une grande conférence de presse à la Maison de la Presse pour échanger avec les journalistes sur la vie de la nation en rapport avec la situation sécuritaire, la politisation de l’école, la problématique de l’élection présidentielle de 2018 et celles concernant les régions, cercles et du district de Bamako, prévues le 17 décembre 2017. La corruption et d’autres sujets d’intérêt national, tels que la situation de la diaspora, la mise en œuvre de l’accord pour la paix ont également meublés cette rencontre avec les journalistes.
Pour la circonstance, la conférence de presse était présidée par le Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, Président de l’URD. Il était entouré par plusieurs leaders de l’opposition, en occurrence le député Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, Oumar Hammadoun Dicko du PSP, Dr Oumar Mariko du parti SADI, Souleymane Koné des FARE An ka Wuli, Bagui Diarra du RpDM. Elargie aux organisations de la Société civile, la conférence a aussi enregistré la présence du jeune activiste Ras Bath, du secrétaire général de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali(CSTM), Hammadoun Amion Guindo, du président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM), Mohamed Chérif Haïdara.
En organisant cette conférence, l’opposition entend prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur la situation sociopolitique et sécuritaire du Mali. Aussi par cette activité, il s’agissait pour les organisateurs de faire comprendre aux uns et aux autres que l’esprit de la plateforme « An tè Abana » continue sa trajectoire. Pour preuve, le Chef de file de l’opposition a exprimé le souhait de tous les membres à mettre en place une puissante coalition pour devenir une véritable force capable d’assurer l’alternance en 2018. Cependant, l’opposition s’inquiète fortement des conditions dans lesquelles le gouvernement entend organiser les futures joutes électorales. Dans la même veine, elle a mis en garde le gouvernement contre tout tripatouillage dans la gestion du fichier électoral et des cartes NINA.
Introduisant la conférence, le Chef de file de l’opposition a demandé à l’auguste assemblée d’observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes civiles et militaires des attentas terroristes et autres formes d’insécurité. Selon lui, le centre du Mali est devenu ingouvernable. A la suite de l’Honorable Soumaïla Cissé, le député élu en Commune V, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, prendra la parole pour lire la déclaration commune rédigée par les organisateurs de la rencontre. Dans laquelle déclaration, l’opposition dénonce les dérives constatées dans l’approche et la gouvernance du régime IBK. Elle a également déploré l’insécurité grandissante due à l’absence de l’Etat au nord et au centre du pays. Selon lui, les difficultés que vit notre pays constituent des menaces réelles pour notre existence. A ses dires, plus de 300 civils et militaires ont perdu la vie depuis le début de l’année 2017 au Mali. Il a indiqué que l’accord pour la paix signé à Bamako n’est pas bon. Pour la simple raison qu’il comporte les germes de la partition du pays. A l’entendre la rentrée scolaire 2017 est intervenue dans un contexte difficile où plus 500 établissements scolaires restent encore fermés dans les régions de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou. Selon Thiam, plus de 150 000 enfants sont privés ainsi de leur droit d’aller à l’école et forcés de rester à la maison, en raison de la persistance de l’insécurité dans le nord et au centre du pays. Il a affirmé que l’opposition condamne la remise d’un véhicule conflictuel avec toutes les conséquences par le Président de la République à l’AEEM pendant que le campus manque d’équipements didactiques. « L’école doit rester neutre des préoccupations politiciennes », a noté l’Honorable Amadou Thiam.
En ce qui concerne les élections programmées en 2017 et en 2018, Thiam a indiqué que l’opposition a été surprise de la fixation par le gouvernement de la date des élections régionales, de cercle et du district de Bamako, sans faire face aux préalables. A cet effet, le député de l’ADP-Maliba a fait savoir que l’opposition exige la gestion transparente des 900.000 cartes NINA de surplus évoqués dans le dernier rapport du Vérificateur Général. Pour ce faire, il a demandé au gouvernement de garantir la transparence de ces élections à travers la création d’une autorité unique de gestion des élections. Selon Thiam, le gouvernement n’a jamais expliqué aux Maliens les enjeux de ces élections.
Par rapport aux élections à venir, Ras Bath a déclaré qu’au regard des indicateurs et indices qui sont aujourd’hui présentés par la structure en charge des élections, toutes les conditions sont réunies pour l’organisation d’un scrutin bâclé et frauduleux. « Avec notre Etat civil, les morts risqueront de voter en 2018, faute de statistique fiable. Les morts sont sur le fichier électoral. IBK est plus à l’aise au ciel que sur la terre. L’Etat du Mali est un Etat voyou. Il y a une mauvaise gestion des cartes NINA », dira Ras Bath.