Les réseaux sociaux et autres supports web sont en plein essor. De nos jours, ils sont devenus d’importants moyens de socialisation et de rencontre. Ainsi, grâce au numérique, le plus grand nombre a aujourd’hui, accès à l’information. Aussi, ces réseaux sociaux continuent de bousculer les habitudes en boostant la communication de masse. Si d’un côté, ils ont devenus un véritable instrument de vulgarisation de la connaissance et de soutien au progrès social, culturel et économique, de l’autre, l’usage rationnel et responsable des technologies de l’information et de la communication (TIC) reste un autre problème. Quel est aujourd’hui, l’impact de ces nouveaux médias sur le fonctionnement de nos sociétés africaines? Le constat est on ne peut plus clair. Ces nouveaux médias sont aujourd’hui, à la base de profondes mutations sociales. Entre autres, ils sont devenus un facteur d’isolement. En fait, au lieu de devenir un facteur de rapprochement et de consolidation des rapports sociaux, ils ont tendance à pousser à l’individualisme et à cultiver des comportements négatifs sur la toile. Un interlocuteur souligne : « presque tout se règle aujourd’hui, s’échange et se vend via les technologies de l’information et de la communication. Il est, par exemple, possible d’organiser des réunions sans se déplacer, et bien d’autres activités humaines qui nécessitaient autrefois, un contact physique. Ce qui est en train de bouleverser les habitudes et valeurs cardinales qui fondent nos sociétés. » . Pour lui, les contacts physiques s’éloignent de plus en plus et les relations humaines deviennent désormais virtuelles.
Cette situation concerne particulièrement la jeunesse, devenue accro à ces nouveaux moyens d’information et de communication, indique le Dr Baye Diakité, chef de la Section sociologie à l’Ecole normale supérieure de Bamako. Evoquant l’impact de ces médias sur les rapports sociaux, il a expliqué que « les nouveaux médias ont sérieusement réduit les contacts physiques et interpersonnels dans la mesure où les gens se rendent visite de moins en moins. L’on a très souvent les nouvelles des uns et des autres via Facebook, Tweeter ou autre plateformes de rencontre ».
Dans notre pays, cette situation peut influencer sérieusement les relations humaines, basées sur les contacts physiques, les échanges d’amabilités. Ainsi par exemple, de plus en plus, les jours de fête, les gens se contentent d’envoyer à leurs proches des messages groupés en lieu et place d’un déplacement physique qui est plus humain. Ce qui effrite les rapports sociaux, déplore t-il. Par conséquent, l’individualisme se développe dans une société où la famille nucléaire prend le pas sur la vie en grande famille. Cela est, certes, dû à l’évolution sociale, mais « le contact physique reste une nécessité, parce que rien ne vaut la chaleur humaine, estime-t-il. Une autre interlocutrice, responsable de tontine, Fatoumata Napho, explique que les nouveaux moyens de communication et d’information grippent les relations humaines. « Grâce à notre groupe d’amis sur whatshap, nous nous donnons non seulement des nouvelles, mais aussi réglons toutes les questions de tontine sans déplacement ! Même les cotisations sont payées via Orange money », souligne t-elle. Interrogé, Mamadou Ben Moussa Coulibaly, journaliste blogueur apprécie les avantages qu’offrent les TIC (gain de temps, économie d’argent, visibilité, appel vidéo sur imo…), mais, il estime que tout ne peut pas et ne doit pas se régler de façon virtuelle. « Certaines de nos activités nécessitent le contact direct et physique.
On a beau être un grand utilisateur des nouveaux médias, certains événements de la vie (les baptêmes, les mariages ou encore les funérailles) exigent de se déplacer. Une amitié virtuelle aussi intime soit-elle ne serait pérenne et réelle que lorsqu’on a la possibilité de voir la personne dans la vie réelle », estime -t-il. autre aspect déplorable interpelle la société toute entière. En effet, en dépit de son influence sur nos habitudes et comportements, la toile est devenue un espace où l’on s’adonne à des « clash ». Ce qui est bien regrettable. Nous assistons, aujourd’hui, avec impuissance et amertume, à des dérives préjudiciables à notre société et mettant particulièrement en péril le vivre ensemble. A cause de l’usage malsain et malveillant que certains font des réseaux sociaux et des TIC. A titre d’illustration, au Mali, nous sommes témoins de proportion importante de cas de diffamations, de calomnies, et d’ injures proférées à l’encontre d’honnêtes citoyens dans le seul but de leur nuire. Des vidéos conçues et réalisées à cet effet pullulent sur la toile. L’écrivain et philosophe italien (1932-2016), Umberto Eco, ne disait –il pas à ce propos :« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causait aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui, ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles ».