L’incident diplomatique est clos. Mais la vigilance reste de mise. L’inadmissible est qu’un instituteur français, exerçant au lycée français Liberté A de Bamako, a présenté l’Azawad comme un territoire, en a précisé la situation et la superficie, donné le nom de la capitale, indiqué les langues qui y sont parlées. Cependant, à y regarder de près, nous n’en sommes pas à une prise de position inédite. Que l’on se reporte sur la toile.
RAM Africa New York
Dans un article daté de décembre 2015, il est loisible de lire : « L’Azawad, également orthographié Azaouad ou Azaouâd (…), est un territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali recouvrant des zones saharienne et sahélienne… » Ailleurs, dans une étude intitulée Réflexions sur l’Azawad, produite par le Cercle Condorcet (France), l’Azawad est présenté comme « un territoire déjà revendiqué à l’époque coloniale », « culturellement rattaché au Maghreb, et non pas à l’Afrique noire de l’Afrique … » L’étude se termine par cette phrase : « En conclusion, il ressort de tout ce qui vient d’être écrit que la France n’est pas sans quelque responsabilité vis-à-vis de la rébellion touarègue… »
La France assume cette responsabilité de manière à ne pas rassurer. En effet, comment ne pas prendre en considération les prises de position d’Alain Jupé et de Jean-Yves Le Drian qui se sont déclarés en faveur d’une autonomie des régions Nord du Mali ? En réalité, tout se passe comme si, ailleurs, l’on a décidé du devenir de notre patrie. Des cartes sont déjà dressées portant une nette césure entre les parties nord et sud de notre pays. Une idéologie est à l’œuvre pour faire admettre la partition, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Pour nous faire une idée de cette certitude, reportons-nous à deux faits troublants.
Le premier remonte au 4 octobre 1994. Ce jour, le chef de la coopération suisse, Jean-Claude Berbera, trouve la mort à Niafunké dans des conditions non encore élucidées officiellement. Mais une question se pose : qu’est-ce qu’un chef de mission diplomatique était-il allé chercher dans le Mali profond en une période d’insécurité ? Le second fait se situe à la fin du mois de juillet 2012. A cette date, à Ouagadougou, la Suisse contribue à l’organisation et au financement d’une réunion des séparatistes du MNLA chassé de ses positions du Nord du Mali. Les deux faits trouvent leur justification en Suisse. Qu’on en juge par ce sujet de devoir.
« Exemple d’épreuve pour une analyse géopolitique : le texte ci-dessous sur la question touarègue a été donné à des élèves de 4e année au Collège de Saussure à Genève (= terminales de Lycée). Ils avaient à disposition les dictionnaires “Le Petit Robert” 1 et 2. La durée du travail était de 160 minutes. Deux cartes (la moitié nord de l’Afrique et une carte régionale centrée sur le nord du Mali et du Niger) accompagnaient le texte (…) Voici les consignes qui leur ont été données. A partir du texte ci-joint, faites une analyse géopolitique de la situation du peuple touareg, spécialement au Mali et au Niger ! »
Dans le texte proposé, nous lisons, concernant les relations entre les Touaregs et les populations négro-africaines après l’indépendance : « La décolonisation intervenue au début des années 60 se traduit, pour les Touaregs du Niger et du Mali, par l’inversion des rapports dominants/dominés puisque, dans ces deux pays, le contrôle des appareils d’État revient à des ethnies négro-africaines sédentaires. Les anciens « razziés » vont pouvoir assouvir une vengeance historique à l’encontre de leurs « razzieurs ». Autrement dit, la mise à l’écart des Touaregs constitue une sorte de revanche des anciens esclaves noirs contre leurs maîtres. » Voilà ce qui s’enseigne dans des pays censés nous aider à nous développer. Voilà comment on y prépare l’opinion publique. Cela se passe de commentaire.
LA REDACTION