« Le sort des partis politiques nourrissant des ambitions présidentielles en 2018 est lié aux élections régionales et du District de Bamako prévues pour le 17 décembre 2017», s’accordent à dire certains observateurs politiques. Ainsi, ces élections apparaissent comme un baromètre aux yeux des différents prétendants au fauteuil présidentiel pour mesurer leur chance avant 2018. Conscients de l’enjeu, les partis de l’Opposition ne veulent minimiser aucun détail sur la transparence des échéances. Pour eux, les conditions d’une élection crédible ne sont pas réunies. Après plusieurs sommations adressées au ministre de l’Administration territoriale chargée de l’organisation des élections et au Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, ils ont engagé le bras de fer, le lundi 23 octobre 2017 à la faveur d’une conférence de presse tenue à la Maison de la presse, en condamnant la non prise en compte de leurs exigences pour une élection crédible.
A ses inquiétudes des partis de l’Opposition, s’ajoute une menace sécuritaire pesant sur la tenue des élections dans 64 communes, évoquée par le ministre de l’Administration territoriale lui-même lors de la conférence de presse hebdomadaire du jeudi 5 octobre 2017 du porte-parole du gouvernement à Koulouba.
Face à ces difficultés, Tiéman Hubert Coulibaly saura-t-il maintenir son agenda électoral ? Après avoir mis en échec le projet de révision constitutionnelle, l’Opposition démocratique et républicaine va-t-elle gagner cette autre bataille politique?
Programmées pour le 17 décembre 2017 après plusieurs tentatives ratées, un gros nuage plane, à nouveau, sur les élections de conseillers de cercle, de régions et du District de Bamako couplées aux élections communales dans certaines localités. En plus du défi sécuritaire qui attend d’être relevé dans 64 communes à moins de deux mois des échéances, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly devra aussi satisfaire les exigences des partis politiques de l’Opposition devenus sceptiques sur la crédibilité des élections.
En effet, au cours d’une conférence de presse, tenue le lundi 23 octobre dernier à la Maison de la presse, les partis politiques de l’Opposition soutenus par certaines Organisations de la société civile sont sortis pour exprimer leur désaccord sur les conditions d’organisation des élections. « Les Partis Politiques de l’Opposition mettent donc officiellement et fortement en garde le Gouvernement qui s’aventure avec une aveuglante persistance à engager le pays dans une nouvelle crise électorale aux conséquences désastreuses », a dit l’honorable Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba. Selon lui, les partis politiques de l’Opposition ont été surpris de constater que le Gouvernement a fixé la date des prochaines élections communales, de cercles et de régions au 17 décembre 2017 sans que les garanties d’une élection crédible soient réunies. « Les partis politiques de l’opposition condamnent cette attitude unilatérale du Gouvernement qui avait pourtant été saisi par l’opposition par une lettre en date du 19 septembre 2017 dans laquelle elle avait exprimé ses préalables à toute discussion sur les élections », poursuit le président du parti ADP-Maliba.
Alors question : pourquoi le Gouvernement a décidé de faire cavalier seul dans la programmation de la date des élections ? Pourquoi le calendrier électoral n’a pas été débattu, comme à l’accoutumée, lors des réunions du cadre de concertation des partis politiques avec le ministre de l’Administration territoriale ? Pourquoi les exigences de l’Opposition pour une élection crédible n’ont pas été prises en compte ?
Une chose est sûre, l’acceptation des résultats de ces élections par tous les acteurs impliqués réside dans la recherche et la prise en compte de leur avis sur les conditions de son organisation. Et ce pari est loin d’être gagné par le Gouvernement.
Quelles sont les revendications de l’Opposition ?
Pour garantir les conditions d’une élection crédible le 17 décembre 2017, les partis de l’Opposition exige du gouvernement : la résolution dans la transparence des 900 000 cartes NINA dans la nature et évoquées par le Vérificateur général, donc suspectes d’une manipulation programmée par le régime en place ; l’utilisation de la biométrie pour garantir la transparence des élections, comme c’est le cas dans la plupart des pays de la sous-région ; l’audit du fichier électoral ; la création d’une autorité unique et indépendante de gestion des élections ; la question de la prise en compte sur la liste électorale des citoyens devenus majeurs; la mise à disposition des cartes NINA non distribuées aux ayants droit.
Toutefois, selon l’honorable Amadou Thiam, aucune de ces exigences de l’Opposition n’a été satisfaite par le ministre. « On assiste déjà à un cafouillage qui met à nu l’impréparation de ces scrutins », conclut le député.
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En plus de cette menace politique sur la tenue des élections régionales et du District de Bamako, existe un problème sécuritaire dans 64 communes.
En effet, si le Gouvernement tient à son agenda électoral du 17 décembre 2017, le ministre Tiéman ne nie pas non plus le risque de ne pas pouvoir tenir les élections dans 64 communes. Malgré le climat sécuritaire du pays qui s’est beaucoup amélioré depuis les dernières élections communales de novembre 2016, il existe toujours des zones qui échappent au contrôle de l’Etat.
« Depuis les élections communales de 2016 qui n’ont pas pu se tenir dans 59 communes, le gouvernement a mis en place un Plan intégré de sécurisation des régions du nord et du centre. Le travail est toujours en cours. Mais il a permis déjà de sortir une carte des risques. Sur la base de cette carte, il ressort qu’il y a 64 communes où il pourrait y avoir des difficultés à organiser les élections. Mais, les ministres en charge de la sécurité intérieure, de la défense et de l’aménagement du territoire sont à pied d’œuvre pour chasser ces risques afin d’y tenir les élections », disait le ministre Tiéman lors de la conférence de presse hebdomadaire du porte-parole du gouvernement le jeudi 5 octobre 2017. Saura-t-il relever tous ces défis, avant le 17 décembre prochain ?