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Mme Sagara Bintou Maiga, présidente de l’association des parents et épouses des militaires bérets rouges assassinés : « Nous sommes prêts à pardonner…»
Publié le mardi 31 octobre 2017  |  info soir
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© aBamako.com par FS
Freedom House à organisé sa 6è Table Ronde
Freedom House à organisé sa 6è Table ronde à la Maison du Partenariat Angers Bamako, le 1er Septembre 2016.
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« Nous demandons à voir le président de la République »
Annoncé pour la première session d’assises de l’année 2017, le procès du Général Amadou Aya Sanogo et complices accusés d’exécution sommaire de 21 militaires bérets rouges semble rangé aux oubliettes. Pour cause, l’expertise médicale demandée par les juges pour la poursuite du jugement est toujours cours. En attendant les résultats des analyses médicales, nous avons rencontré la présidente de l’Association des parents et épouses des militaires bérets rouges assassinés qui nous livre, dans une interview exclusive, ses sentiments sur cette ténébreuse affaire.



Quel est votre état d’âme par rapport à l’évolution du procès Amadou Aya Sanogo et complices?

Nos espoirs ont été un peu déçus depuis le report du procès à Sikasso. En partant à Sikasso, on espérait que le dossier allait être vidé. Aujourd’hui, nous avons des doutes sur tout. Nous avons des doutes sur la sincérité même des résultats du test ADN. Nous posons la question de savoir si la justice existe au Mali. Pire, certains parents des victimes sont morts avec la soif de la vérité sur les circonstances de la mort de leurs enfants. D’autres sont très malades. Je pense qu’ils méritent de connaitre la vérité afin qu’ils fassent leur deuil. Car les corps de nos enfants sont toujours entassés dans les morgues de l’hôpital Gabriel Touré. On n’a toujours pas pu obtenir des funérailles nationales pour eux. Nous ne voulons pas mourir sans faire le deuil de nos enfants. On dort et on se réveille chaque jour avec ce souci. La mort n’est pas une chose fatale du moment où personne ne peut y échapper. Mais, de grâce, qu’on ne nous prive pas du droit d’enterrer avant que la mort nous surprenne.

Croyez-vous que la vérité sera dite un jour ?

Je pense que la vérité triomphera tôt ou tard. Elle peut trainer pendant longtemps comme c’est le cas aujourd’hui. Mais, elle ne peut pas ne pas être dite. On a vu le cas de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Mais, nous pensons que tout le monde a intérêt que la vérité soit connue et que la justice soit faite. Que ce soit les personnes accusées ou les parents des victimes, tout le monde est fatigué. Chacun veut être éclairé sur son sort. Je ne comprends toujours pas les circonstances de la suspension du procès. Le charnier contenant le corps de nos enfants et époux a été ouvert devant toutes les autorités compétentes. Le monde entier peut témoigner.

En allant à Sikasso, on ne s’entendait pas à revenir sans que justice soit faite. Nous sommes retournés de Sikasso déçus. On ne sait plus ce qui nous attend après la suspension du jugement. Nous sommes revenus la tête pleine de questions auxquelles nous n’arrivons toujours pas à répondre. Le doute gagne, de plus en plus, l’esprit des parents des victimes. On ne sait plus à quel saint se vouer.

Pensez-vous, comme beaucoup de Maliens, que le procès Sanogo ne se tient pas parce qu’il y a des complices au sommet de l’Etat?

Nous le pensons à 100%. Les parents des bérets rouges victimes sont sûrs et certains qu’il y a plein de gens bien placés qui sont prêts à tout pour que ce procès n’ait pas lieu. Ils sont nombreux.

Qui par exemple?

Vous le saurez au moment opportun.

Maintenant que vous sentez des soupçons partout. Qu’est-ce qu’il vous faut maintenant pour dissiper vos doutes sur un procès équitable cette affaire des bérets rouges ?

Nous demandons à voir le président de la République en personne pour lui faire part de nos préoccupations. En tant que Maliens et personnes éprouvées, nous pensons que nous méritons aussi d’être écoutés. La réussite de la réconciliation passe aussi par nous les parents des victimes des militaires bérets rouges assassinés. Il est temps que nous aussi soyons entendus par le magistrat suprême.

Faut-il entendre par là que le président de la République est au courant de vos vœux ?

Nous le pensons. Car à deux reprises, nous lui avons adressé des demandes d’audience restées sans suite. Certes, le dossier est au niveau de la justice, mais on se serait aussi senti soulagé si on était parvenu à partager nos préoccupations avec le Chef de l’Etat, président du Conseil supérieur de la magistrature. On pensait sincèrement qu’il allait le faire à sa propre initiative. Et maintenant qu’il ne l’a pas fait et qu’on cherche nous-mêmes à le voir, on nous empêche. Pourquoi on nous empêche de rencontrer le président et pour quel intérêt ?

Qui vous barre le chemin?

Les personnes se reconnaîtront. A défaut de voir le président de la République, qu’on nous donne la possibilité de voir la Première Dame. On veut juste nous faire entendre. Les enfants qui sont morts sont les nôtres, mais aussi ceux du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.

Les nouvelles des tests ADN ?

Les flacons des tests ADN sont arrivés il y a un moment. Nous attendons toujours qu’on nous dévoile les résultats.

Vous voulez certes connaître la vérité sur les circonstances et les auteurs de la mort de vos enfants et époux à l’issue du procès Aya. Etes-vous prêts à pardonner quand la justice dévoilera la dure réalité?

Bien sûr que oui. Tout ce que les parents des militaires bérets rouges assassinés peuvent faire après ce procès, c’est de pardonner. Quoi que l’on puisse faire, nous ne pourrons plus ressusciter nos enfants et époux victimes. Notre soulagement réside dans le triomphe de la vérité. Nous voulons juste que la vérité soit connue. Et rien d’autre. Nous sommes prêts à pardonner aux auteurs de l’assassinat de nos enfants et époux une fois que la vérité sera dite.

Réalisée par Youssouf Z Kéïta

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