Celui que les maliens ont cessé d’appeler “Le Kankeletigui” (l’homme qui n’a qu’une parole) est-il encore et toujours la solution aux maux du pays ou est-il devenu le problème? La réponse à cette question doit être sûrement cherchée dans la zone grise entre ces deux zones franches.
C’est vrai, en 2013, une majorité absolue de maliens étaient arrivés à la conclusion que tout homme qui ne porterait pas d’IBK ne serait pas le PR du Mali; quitte à la couper. C’est ainsi que le Mandé Mansa fut porté au pouvoir avec la manière qu’on connaît: il était vu comme le seul Messie qui pouvait sortir le pays de l’impasse. Le seul et unique.
Quatre ans plutard, l’homme est décrié comme jamais ; aucun président ne l’a été avant lui. Le plus interpellant (inquiétant aussi?) est que ceux qui, hier, portaient IBK sur un piédestal de divinisation absolu sont aujourd’hui ses plus grands détracteurs; ceux qui le qualifient d’impuissance politique. Du coup qui lui exhibent le carton rouge à la figure et au grand jour.
Sans doute, il y avait tout un monde entre les attentes (gonflées par l’exagération des pouvoirs attribués au héros?) et les résultats-sueurs obtenus sous la pluie par le zéro de la classe politique (toujours sous l’effet de l’exagération?).
Du héros au zéro
C’est cette déchéance d’un acteur politique déifié et à qui l’on a attribué le pouvoir absolu d’un surhomme qui constitue aujourd’hui ce blocage mental sur le feu duquel, c’est de bonne guerre, les opposants soufflent. Le constat d’échec est complété par le sentiment dominant de l’accaparement des maigres richesses du pays par la seule famille régnante et sa clientèle. Qui s’enrichit jusqu’à la consommation des futilités comme cette Philippe PATEK au poignet du Bourgois national.
D’où la question épineuse sur l’utilité de voir encore en IBK une solution. Éventualité qui s’est fait balancer par une autre qui lui est contraire: IBK, son clan et sa famille sont devenus LE problème. Et vu les arguments POUR et les preuves CONTRE, l’analyste ne peut pas enjamber la question et la jeter dans la poubelle. Il doit au contraire l’envisager dans toute sa complexité.
Ce qui est sûr, nous sommes en politique et en politique les perceptions surclassent les faits, IBK est devenu un (UN) problème au Mali. Ceci est un fait qu’il ne faut pas refuser de regarder en face. Et puisqu’il est désormais le problème, il doit dégager sans plus tarder (donc pas candidat acceptable en 2018). C’est un problème réel pour son camp et un problème qui ne se résout pas par sa négation. IBK doit au contraire y faire face. Réussira-t-il à redresser la barre et remonter la pente?
En tout état de cause il a des atouts pour. En politique tout peut changer du jour au lendemain et il s’agit de faire une bonne lecture des conjonctures, anticiper et ne pas rater l’opportunité unique qui va se présenter.
Il s’agit aussi de la stabilité du pays et de sa survie. Le Mali l’a échappé belle en 2013 (élections présidentielles). Qu’en sera-t-il en 2018? Le danger sera encore plus grand en cette année de tous les bouleversements possibles. Et surtout si IBK est candidat – or il est candidat.
La seule victoire valable du Mali, de tous les maliens, en ce moment crucial (2018) serait de rentrer dans les élections – la forêt la plus dangereuse désormais – et d’en sortir sans casse. Sans la casse qui pourrait mener au chaos. Le seul challenge pour lequel tous les maliens doivent concourir en laissant de côté toute autre considération. Ce sera la seule victoire. Le reste? On verra!