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Nioro: L’Etat rembourse l’argent reproché au juge
Publié le jeudi 2 novembre 2017  |  Le Procès Verbal
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse de L`avocat Me Mamadou Konate sur l’Affaire Birama Touré
Bamako, le 04 mars 2016 L`avocat du dossier Me Mamadou Konate et le président du comité de soutien Kassim Traoré étaient devant la presse
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Accusés de corruption, le juge d’instruction et le régisseur de la prison de Nioro du Sahel ont été obligés de quitter la ville par la population qui a aussi obtenu le remboursement des sommes reprochées. Une grande première !
Tout commence le 22 octobre 2017 quand, à l’appel du Groupement des commerçants détaillants et ambulants de Nioro, plusieurs milliers de manifestants battent le pavé. Les marcheurs demandent le départ du juge d’instruction Bocar Sagny Traoré et du régisseur de la prison, Joseph Benoit Keita, tous deux accusés de corruption. La marche débute à la Place de l’Indépendance de Nioro pour se diriger vers la préfecture. Sur le parcours, les marcheurs scandent des slogans comme : « Non aux fonctionnaires corrompus dans notre ville », « Restituez les 1.150.000 FCFA de Madoufima », « A bas le juge d’instruction Traoré », » A bas le régisseur corrompu Keita », etc. Le premier adjoint du préfet attend à la préfecture les marcheurs qui, une fois là, lui remettent une Déclaration préalablement lue par Fodié Cissé, porte-parole du groupement des commerçants détaillants et ambulants. La Déclaration relate les faits reprochés aux deux fonctionnaires incriminés.
Il en ressort qu’un commerçant du nom de Madou Traoré dit Madoufima exploite une alimentation mais vend aussi des carabines de chasse. Il a vendu un jour une carabine à un jeune homme. Ce dernier, sous l’effet de l’alcool, utilise plus tard l’arme pour braquer des passants. Ceux-ci arrivent à le maîtriser et le conduisent à la gendarmerie. Pendant son interrogatoire, il dira avoir acquis sa carabine chez Madou Traoré. Il est présenté au procureur puis au juge d’instruction, Bocar Sagny Traoré. Ce dernier décide de convoquer le commerçant. Madou explique au juge qu’il vend depuis des années des carabines et se dit non responsable du braquage.

Malgré tout, le juge d’instruction le place sous mandat de dépôt. Des tractations s’engagent entre le magistrat et le détenu, par l’intermédiaire du régisseur de prison Joseph Benoit Keita. Madou se voit contraint de payer 1.150 000 FCFA; le juge le met aussitôt en liberté provisoire. Informée, la population descend dans la rue pour demander la restitution du montant indûment perçu et la radiation du juge et du régisseur.

L’adjoint au préfet, après avoir reçu cette Déclaration des marcheurs, promet de la transmettre à qui de droit. Le lendemain, pour calmer la situation, une délégation conduite par le procureur général près la Cour d’appel de Kayes, Ibrahim Konta, se rend à Nioro, au domicile du Chérif Bouillé. La délégation, qui comporte aussi le commissaire et le préfet de Nioro, est reçue par le Chérif en personne. Prenant la parole, le procureur général présente, au nom du Ministère de la justice, des excuses au Chérif et aux populations pour le tort causé. Comme demandé par les manifestants, le procureur général sort de sa poche et remet au Chérif, à titre de remboursement, les 1.150.000 FCFA reprochés au juge et au régisseur. Il promet enfin que les 2 agents seront sanctionnés par la hiérarchie.

Le Cherif, en réponse, dira être le président d’honneur des commerçants mais ne pas être à la base de la marche. Selon lui, les excuses doivent être présentées aux commerçants et non à lui. Il promet cependant de transmettre le message aux intéressés. Le Cherif rencontre alors les commerçants; ils acceptent de pardonner mais exigent le départ de la ville du juge d’instruction et du régisseur de prison. Ces derniers, craignant pour leur sécurité, ont d’ailleurs quitté Nioro au pas de course.

Abdoulaye Guindo

Source : Procès-Verbal

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