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Cablegates ou les murmures de l’oncle Sam: Dans un discours privé, ATT admet ses erreurs dans la crise malienne
Publié le lundi 6 novembre 2017  |  Infosept
Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Touré, Ancien-président de la République du Mali
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En janvier 2010, le président Amadou Toumani Touré (ATT) a salué les membres du corps diplomatique lors de la cérémonie annuelle du Nouvel An, avec un long discours privé sur les problèmes auxquels il était confronté dans le nord du Mali.

Tout en reconnaissant les insuffisances du Mali et sans mentionner aucune nation en particulier, il exprima indirectement, ses frustrations, en particulier avec l'Algérie, la Mauritanie, le Niger, l'Europe et, dans une certaine mesure, les États-Unis. Dans son bref discours officiel télévisé, ATT aborda des questions allant du changement climatique aux défis de la sécurité régionale. À la fin, il renvoya les journalistes de la salle pour faire un long discours privé avec comme seule audience, les diplomates.

La menace des trafiquants de drogue, de cigarettes et autres, est un problème pour toute la région sahélo-saharienne, qui comprend la Mauritanie, le Mali, l'Algérie, la Libye, le Niger et le Tchad. Les attentats du 23 mai 2006 contre des bases militaires à Ménaka et Kidal et l'attaque du 20 décembre 2008 contre une base militaire malienne à Nampala ont été essentiellement perpétrés par des trafiquants tentant d'éliminer les forces de sécurité sur les voies de contrebande à travers le désert. Il a déploré le fait que tant d'attention ait été consacrée au rebelle touareg Ibrahim Bahanga, et la "cause" du mouvement rebelle, qui, selon lui, ne représentait pas l’opinion générale des maliens.

Une des grandes erreurs du Mali, a déclaré ATT, était d’avoir accepté de démilitariser le nord suite aux accords de paix avec la rébellion touareg au début des années 1990 et de renforcer cette démilitarisation suite aux Accords d'Alger en 2006. L'armée malienne était confinée dans des bases situées dans les villes de Tombouctou, Gao et Kidal.

Le président affirma que le gouvernement avait commis une autre erreur en omettant d'annoncer la découverte d'un Boeing 727 abandonné et détruit par un incendie sur une piste d'atterrissage éloignée dans le nord du Mali, vraisemblablement après avoir transporté de la drogue. Il dit que cet échec a laissé un champ libre aux rumeurs de complicité du gouvernement. Bien qu'il y ait eu de la complicité, c'était à un niveau bas de la hiérarchie, selon lui. S'il y avait eu une complicité de haut niveau, il y aurait eu un certain nombre d'aéroports qui auraient été utilisés.

En ce qui concerne les relations avec les pays voisins, ATT a déclaré que la Mauritanie, l'Algérie et le Niger ont tous été autorisés à poursuivre les éléments terroristes ou criminels «jusqu'à Bamako», si nécessaire. Le terrorisme n'était pas le problème des maliens, mais le Mali aiderait dans la mesure de ses moyens ajouta-t-il. Il a critiqué la réponse des autres pays durant les prises d'otages. Il déclara qu'à l'exception de l'otage français Pierre Camatte, tous les otages détenus dans le nord du Mali ont été enlevés dans d'autres pays.

Et pourtant, une fois les otages disparus, ces autres pays se contentèrent d'affirmer qu'ils ont été amenés au nord du Mali et se lavèrent les mains de tous les efforts pour obtenir leur liberté. Il rejeta toute idée de donner des rançons aux salafistes parce que cela ne ferait que perpétuer le problème. Il a également critiqué les médias occidentaux qui, selon lui, ont obéi aux salafistes en diffusant des nouvelles sur leurs demandes.

ATT a affirmé que le centre de commandement conjoint qui devait être installé à Tamanrassett, en Algérie, n'avait pas encore été réalisé. Il y avait peu de partage de renseignements entre voisins.

Le Mali appréciait les pays qui ont aidé à fournir une formation, des camions, des équipements, des uniformes, du carburant, pour soutenir les troupes de l'armée malienne dans le Nord. Néanmoins, la responsabilité revient aux Maliens de se procurer des armes pour défendre leur pays. Il affirma que la solution ultime est le développement du nord, et non la voie militaire. ATT pensait que le Mali devrait aider les populations vivant dans des zones isolées à trouver un moyen légitime de gagner décemment leur vie. Le Mali a besoin d'une présence effective de la garde nationale, de la gendarmerie et de la police au nord pour permettre à la région de se développer.

Les remarques d'ATT étaient une litanie familière de frustrations avec une coopération régionale colossale et inefficace. Il se trouvait dans une lutte solitaire contre un problème qui avait sa source à l'extérieur du Mali. Son plaidoyer en faveur d'un développement accru en tant que solution ultime pour le problème du nord a été présenté chaque année par le Ministre des affaires étrangères. Le monde ne semblait pas l'écouter.

Amadou O. Wane
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