Le 17 décembre 2017, les électeurs maliens sont convoqués aux urnes pour élire leurs responsables régionaux et locaux pour les cinq ans à venir. Ces élections régionales, locales et du District de Bamako au suffrage direct, sont une première au Mali et l’enjeu est non seulement le renforcement de la décentralisation, mais aussi et surtout, la mise en œuvre de l’Accord qui exige une large autonomie des régions.
Elles ont donné l’occasion aux partis politiques, petits comme grands, de nouer des alliances comme on le voit ailleurs dans les grandes démocraties, pour avoir le maximum d’élus et, partant, peser sur les décisions dans la cité. Mais le hic au Mali est que les alliances qui ont été ficelées entre certains partis sont tout sauf logique, elles sont à la limite contre-nature. Une alliance ne doit-elle pas être bâtie sur des principes idéologiques ou à défaut sur un minimum de plateforme de gouvernance consensuelle ?
Au Mali, il s’agit d’un cas d’école au point qu’un observateur de la scène politique a affirmé que la politique au Mali est non seulement dépourvue de conviction, mais aussi et surtout qu’elle relève du tube digestif. Sinon comment comprendre que des partis politiques de l’opposition qui ont passé quatre ans à critiquer, à dénoncer la mal gouvernance du régime IBK, puissent courir derrière le RPM pour constituer des listes communes en vue des régionales et du conseil de cercle. Il faut dire aussi qu’il existe des alliances dans le sens inverse, où les partis de la Majorité se sont alliés à des poids lourds de l’Opposition.
Nous en avons vu un peu partout à travers le pays. Et pourtant des informations en provenance du siège du parti présidentiel, le RPM, ont fait état d’une lettre signée du Président de ce parti, interdisant toute alliance avec les partis de l’Opposition. Bocari Tréta, puisque c’est de lui qu’il s’agit, contrôle-t-il ses structures ? Idem pour l’URD, qui a souhaité privilégier une alliance avec les partis de l’Opposition, mais tout en ne fermant pas la porte à certains partis de la Majorité.
Sa ligne rouge à ne pas franchir était de s’allier au RPM. Cette consigne a-t-elle été respectée sur le terrain ? Ces élections vont créer une telle confusion chez les électeurs qu’il faut craindre un taux d’abstention record ou beaucoup de bulletins nuls. Les principales raisons de cette confusion seraient non seulement le couplage, ce qui est une première au Mali, mais aussi et surtout la constitution des listes où certains partis sont ensemble au niveau local, mais opposés au niveau régional. Pour éviter d’élire des autorités à la légitimité inconfortable, les partis politiques et le gouvernement doivent conjuguer les efforts pour former, informer et sensibiliser les électeurs sur ce nouveau mode de scrutin.
En somme, par ces différentes alliances, les partis politiques semblent encore une fois de plus envoyer un message au peuple, celui de la préservation, à tout prix, de leurs intérêts pas ceux du peuple.