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Leçon de géopolitique : Avec qui prieront désormais les wahhabites maliens ?
Publié le vendredi 10 novembre 2017  |  Infosept
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© aBamako.com par A.S
voeux de nouvel an : Ouverture de la saison à Koulouba
Bamako, du 23 au 24 décembre 2013 (koulouba). La saison de présentation des voeux de Nouvel An au Chef de l’Etat s’est ouverte ce matin au palais présidentiel. Comme à l’accoutumée, le bal a été ouvert par les représentants des Familles fondatrices de Bamako et les dignitaires religieux (Haut Conseil Islamique, Eglises catholique et protestante).
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Une mini révolution est en cours en Arabie Saoudite, maison-mère de la doctrine ultra-rigoriste de l’Islam, le wahhabisme. Le prince héritier du Royaume, Mohamed Ben Salman (MBS) vient d’y jeter un pavé dans la mare. Lors de la présentation de son plan, Vision 2030, qui mobilise 500 milliards de dollars, le jeune prince de 32 ans a annoncé l’arrêt de mort du wahhabisme. De quoi faire trembler les adeptes de ce courant dans le monde entier, y compris au Mali où, dernièrement, ils ont pris de la place dans la sphère publique.

MBS sera-t-il le bourreau de la progéniture religieuse de l’Arabie Saoudite ? Il est fort probable que oui ! Dans ses propos, le futur roi du Royaume wahhabite, déclarait ceci : «nous n’allons pas passer 30 ans de plus à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant et tout de suite». Alors que le Royaume inonda l’ensemble du monde musulman avec ses idées extrémistes, frôlant souvent la violence armée, son retour vers un Islam authentique et modérée ne peut être que salutaire. Car il est le référent mondial de la religion du fait qu’il abrite les lieux saints de l’Islam, la Mecque et Médine, mais aussi et surtout, car il est un bras financier et doctrinal très important pour de nombreux musulmans.

Quid des wahhabites du Mali ?
Selon des enquêtes, les adeptes du courant de l’idéologue controversé, Mohamed Ibn Abdel Wahab, serait autour de 20 % sur le nombre total des musulmans au Mali. Un chiffre qui pourrait être beaucoup plus important en réalité. Dernièrement, ils ont pris une importante place dans la sphère publique, notamment à cause du controversé Code de la Famille en 2009. La présidence d’un religieux que l’on qualifie de wahhabite au Haut Conseil Islamique du Mali est une preuve assez éloquente de la place, de plus en plus importante, que le wahhabisme occupe dans le pays.

L’émergence du wahhabisme au Mali s’est faite de manière rampante. Arrivé au pays par les commerçants, il y a plus d’une cinquantaine d’années, le courant y doit son réel essor grâce aux multiples financements d’organismes religieux à but non lucrative émanant des pays du Golfe. Des financements qui visaient principalement les classes pauvres. D’où le ralliement à ce courant d’un très grand nombre de personnes issues de milieux modestes, beaucoup plus par nécessité que par conviction. De nombreuses mosquées du pays ont été construites par des fonds saoudiens. De même, plusieurs imams perçoivent leur salaire directement de Riyad ou d’autres villes du Golfe.

Aujourd’hui, l’essor du wahhabisme continu au Mali, toujours de manière sournoise. Ses adeptes rejettent catégoriquement l’appellation « wahhabite » en disant tout haut qu’ils sont sunnites. Un jeu de mots qui n’est point anodin. Car dans leur entendement rigoriste, ils sont les seuls qui sont sur la voie de la Sunna, la voie du prophète Mohamed, Paix et Salut sur lui. Et les adeptes des autres courants ne sauraient être qu’hérétiques.

De ce fait, troquer Sunnisme pour Wahhabisme est un jeu dangereux. Car au Mali, mise à part une minorité marginale chiite, tous les autres courants de l’Islam sont aussi d’obédience sunnite. Les confréries soufies, à la base de l’Islam au Mali et en Afrique, ne jurent que par la voie prophétique. A titre d’exemple, le wird des adeptes de la Tijania n’est complet que par le Jawharatoul Kamal, une vibrante prière sur le prophète Mohamed, Paix et Salut, sur lui.

Si l’Arabie Saoudite adoucit sa doctrine religieuse, cela déstabilisera assez considérablement le monde musulman. Avec qui priera désormais ceux qui ne juraient que par la doctrine du controversé Mohamed Ibn Abdel Wahab ? D’ores et déjà, le changement est présent en Arabie avec la dissolution de la police religieuse qui « veillait à la stricte application de la Charia ». Quant aux wahhabites du Mali, ils pourront toujours retourner à cet Islam africain, réputée pour sa spiritualité et sa profonde connaissance du Coran. C’est la seule manière, peut-être, pour eux, d’échapper au géniteur devenu bourreau.

Ahmed M. Thiam
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