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Le président de la convention des réformateurs pour alternance et la justice (Craj Faso Nyeta) Mahamane Mariko, ancien secrétaire général de l’AEEM : “IBK a été plébiscité pour mettre de l’ordre dans ce pays, or nous constatons que le désordre vient de son entourage “
Publié le samedi 11 novembre 2017  |  Aujourd`hui
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«La circulation des cahiers à l’effigie d’homme politique ne doit pas être tolérée par les responsables de l’Aeem”
Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Aeem de 1998-1999 et secrétaire général de 1999-2000, Mahamane Mariko, aujourd’hui président du mouvement politique (Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice (Craj faso nyèta), fait des révélations sur son nouveau mouvement politique, son éventuelle candidature à la présidentielle de 2018, son avis sur la gestion des affaires publiques dont l’école malienne. Lisez plutôt.

Aujourd’hui -Mali : Pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Mahamane Mariko, juriste de formation, président de la Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice (Craj) faso- nyèta jusqu’à ce que nous organisions le prochain congrès.

Cela fait environ des années qu’on n’entendait plus parler du Craj. Pourquoi ce silence ?

Le Cadre de réflexion et d’action des jeunes (Craj) a pleinement joué sa partition avant les événements de 2012, parce qu’en son temps nous avions fortement interpellé les autorités de tout mettre en œuvre pour que le pays ne s’effondre pas. Cela nous a valu ce que beaucoup d’entre vous savent déjà. En 2012, nous avons pensé que les militaires, dans des situations regrettables de manque de moyens et de désorientation totale, voulaient nous amener vers un redressement.

Nous nous sommes retrouvés à leurs côtés pour cette cause initialement patriotique et qui pouvait nous amener à ce redressement que nous avons jugé utile pour ce pays et sa gouvernance. Mais malheureusement, d’autres considérations ont pris le dessus sur les convictions, avec des corolaires regrettables, mais nous assumons notre part d’engagement. Nous avons pris notre distance pour plusieurs raisons afin d’observer et analyser.

Pourquoi cette transformation de la Craj, notamment d’association en mouvement politique ?

La vie est un processus. Après 10 ans de vie associative, nous avons amorcé un nouveau virage. Cela ne peut être que l’animation de la vie politique. C’est pourquoi, de 2006 à 2017, nous avons fait le bilan, en tenant compte surtout de nos errements et les membres ont décidé à l’unanimité de faire cette mutation en mouvement politique. Cette déclaration a été déposée auprès des autorités compétentes en juin 2017. Aujourd’hui, nous sommes dans l’implantation du mouvement et dans le recueil des avis de nos militants. Du Cadre de réflexion d’action des jeunes, nous devenons désormais Convention des réformateurs pour l’alternance et la justice (Craj) faso- Nyeta.

Après cette mutation en mouvement politique, quelles seront les prochaines batailles de Craj Faso Nyèta ?

Quand on crée un mouvement, normalement c’est pour animer la vie politique. Ce mouvement politique ne va pas faire de la figuration car qui parle d’animation de la vie politique, parle de la formation citoyenne des militants, de sensibilisation, de conquête du pouvoir avec un projet de société. Tout cela ne servira à rien s’il n’y a pas une vision claire concernant les questions de santé, d’éducation, de civisme, de la grave crise sécuritaire, de l’autosuffisance alimentaire. C’est fort de tous ces constats que nous avons élaboré un manifeste comprenant toutes ces préoccupations. Le manifeste s’appelle : “Osons rêver le Mali nouveau”.

Notre objectif, c’est de faire partie de ceux qui veulent diriger ce pays du bas vers le sommet et non du sommet vers le bas. Cela veut dire que nous sommes en train de nous organiser pour évaluer nos forces lors de notre congrès au mois de décembre prochain pour pouvoir aborder les joutes électorales de 2018. Nous sommes conscients que face à la dégradation généralisée, le Craj faso-nyèta a besoin de rapprocher ou de fédérer avec des forces émergeantes propres. Malgré tout le désastre que le pays connait, il y a beaucoup qui se sont mis en marge et nous disons que ce n’est pas le bon moment de désespérer de son pays (il sera ce que nous en ferons).

Comme le disait un philosophe, si les meilleurs se mettent à côté, les médiocres vont les gouverner. Aujourd’hui, il faudrait que les uns et les autres prennent leur courage à bras le corps, que ceux qui ont les mêmes visions se mettent ensemble parce que si nous désertons, nous allons laisser le terrain au chaos. C’est pourquoi nous en appelons à l’esprit patriotique de tout un chacun pour dire que la refondation du Mali ne peut pas se faire avec une poignée d’individus, mais avec l’engagement et le soutien de tous.

Donc c’est le congrès qui va certainement décider de votre éventuelle candidature pour 2018 ?

De toutes les façons, on ne crée pas un mouvement pour faire de la figuration ou de l’alimentaire. Sinon, nous avons eu l’occasion de le faire. Mais nous trouvons cela sans lendemain meilleur. Sinon, maintenant, aller nous trouver aux flancs de certains partis ou hommes politiques qui doivent reconnaitre leur faute pour permettre un nouveau départ. En tout cas, nous donnons la souveraineté au congrès par rapport à la conduite à tenir pour la présidentielle de 2018. Nous sommes en train de travailler avec d’autres forces de la diaspora, de l’intérieur du pays, pour être une force de proposition afin de permettre au pays de sortir de ce bourbier.

De quel bord Craj faso Nièta se réclame-t-il ? Mouvance présidentielle, opposition ou centriste ?

Aujourd’hui, le pays est dans une situation d’impasse. Il y a d’abord le besoin de sortir de cette situation et en ce moment chacun pourra être dans sa posture. Mais malheureusement, ce n’est pas la voie que les ainés sont en train de nous montrer. La plupart de ceux qui crient aujourd’hui ont une grande responsabilité dans la situation actuelle du pays, aussi au sein de la majorité que certains de l’opposition. Pour nous, certains ténors de l’opposition et de la majorité sont des frères jumeaux dont la mère s’appelle Adema, pour avoir successivement géré ce pays, souvent de façon non reprochable, de 1992 à nos jours.

Nous ne voulons pas tomber dans cette faciliter de dire qu’il faut renouveler la classe politique et faire en sorte que les jeunes émergent. Non ! Il faut reconnaitre qu’il y a des vieux qui sont bons, comme il y a des jeunes qui sont aussi mauvais. Aujourd’hui, nous avons besoin d’hommes de valeur. Tant qu’on ne mettra pas l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, nous allons toujours continuer avec un clientélisme qui va être le socle de beaucoup de déviance. Il faut consacrer la promotion du mérite. Aujourd’hui, le pays a réellement besoin d’hommes capables de le sortir de ce bourbier-là. Je pense que certains ne doivent pas se cacher derrière leurs responsabilités pour faire porter le chapeau à d’autres. Il y a une part de responsabilité que chacun doit aujourd’hui revendiquer et en ce moment nous pourrons nous regarder en face et sortir de cette situation.

Peut-on connaitre votre avis sur la gestion des affaires publiques dont l’école malienne ?

Pour moi, ce que le président IBK devrait faire après son élection, c’était de rassembler. Je pense que sur le plan du rassemblement, le président Keïta a beaucoup failli. Pour la simple raison que quand on hérite d’un pays dans une telle situation, le leitmotiv doit être le rassemblement de tous les dignes fils de tous ceux qui peuvent apporter quelque chose. Mais malheureusement, nous constatons que le président IBK est en train d’être pris en otage par une poignée d’individus qui ne pensent qu’à leur ventre. Si la gestion du pays n’est pas ouverte à des hommes capables, cela va donner l’occasion à certaines personnes de s’enrichir sur le dos de ce pays meurtri, martyrisé. Ce sont des personnes qui n’ont ni foi ni loi qui s’enrichissent de façon démesurée.

Honnêtement, le président IBK n’est pas en train de gérer cette situation. Il faut rappeler que l’une des raisons pour lesquelles nos compatriotes l’ont plébiscité, c’était de mettre de l’ordre. Or nous constatons que le désordre vient de son entourage. La dernière en date vient des invectives des ministres d’un même gouvernement (Ndlr : Mohamed Ali Bathily et Me Ismaïla Konaté). La situation sécuritaire avait été aussi minimisée (insécurité résiduelle) par certains et la tentative de l’assassinat du président de la Haute cour de justice dans son propre fief ainsi que la tension pendant la visite du Premier ministre Abdoulaye Idrissa au centre du pays viennent de nous rappeler à la triste réalité, tandis que certains parlaient d’insécurité résiduelle.

Au niveau de la santé, nous pensons aussi qu’il y a beaucoup à faire. Dans notre manifeste, nous avons dit que l’école doit être un cadre d’égalité entre les fils de la nation. Mais aujourd’hui, nous constatons qu’il y a deux catégories d’école. Une école pour les enfants des pauvres et une école pour les enfants des nouveaux riches de la démocratie. Nous pensons que cela est discriminatoire. En 1991, on nous a fait croire que le combat est pour l’ensemble des élèves et étudiants et pour tous ceux qui travaillent dans le milieu scolaire. Ceux qui tenaient ce discours, eux-mêmes ont bradé l’école. Les hommes d’affaires ont pris le dessus dans la gestion de l’école.

En tant qu’ancien secrétaire général de l’Aeem, que pensez-vous de la gestion de cette association ?

J’ai eu à dire dans plusieurs conférences que l’Aeem doit savoir identifier les partenaires et savoir les actions dans lesquelles s’engager. On avait dit qu’il faut faire en sorte que l’école malienne ne se politise pas. Des tentatives ont toujours été faites pour pouvoir récupérer l’Aeem, mais il revient aux responsables de l’Aeem de savoir là où mettre les pieds. Les responsables ont beaucoup évolué, je les apprécie dans certaines de leurs initiatives (le développement de leur capacité d’écoute par l’ouverture prônée) mais ils doivent toujours rester vigilants. Loin de moi la volonté de m’immiscer dans leur gestion, je pense qu’aujourd’hui la circulation de cahiers dans les écoles avec l’effigie des hommes politiques doit interpeller plus les responsables de cette association. La violence dans les campus les interpelle également.

En tout cas pour moi, la circulation des cahiers à l’effigie d’hommes politiques ne doit pas être tolérée par les responsables de l’Aeem. Car cela peut être un précédent fâcheux. Si des hommes politiques ont envie de donner des cahiers aux élèves, cela est une bonne chose. Mais au lieu d’y imprimer leur photo, ces cahiers peuvent comporter la carte du Mali, l’hymne nationale, la devise et les sceaux de la République ou des figures de résistants à la pénétration coloniale…pour que ces jeunes soient au moins tentés de prendre l’exemple sur eux et non pas nos hommes politiques qui ne sont pas en grande partie, pour moi, des références car n’étant pas souvent loin des ennuis judiciaires. L’école ne doit pas être un champ de combat ou d’expérimentation politiques.

Réalisé par Kassoum THERA
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