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Seydou Badjan propose le report de la présidentielle de 2018: Quelles conséquences si le scrutin présidentiel était renvoyé sine die ?
Publié le lundi 13 novembre 2017  |  Infosept
Centenaire
© aBamako.com par Momo
Centenaire du Président Modibo Keita.
Bamako, le 04 juin 2015 le parti US-RDA a organisé une conférence de presse sur le centenaire du Président Modibo Keita au mémorial Modibo Keita.
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A quelques encablures de l’élection présidentielle 2018 au Mali, des voix, pas de moindres, commencent à s’élever pour proposer de surseoir à ce scrutin, puisqu’il sera difficile, voire impossible, d’organiser cette consultation. Parmi celles-ci, il y a le doyen Seydou Badian Kouyaté qui, évoquant l’insécurité au centre et au nord du pays, préconise la constitution d’un gouvernement d’union nationale et un large consensus de la classe politique malienne pour juguler la crise. Quelles peuvent être les conséquences de la non-tenue des élections présidentielles en 2018 ?

L’auteur de l’hymne national du Mali, le doyen Seydou Badian Kouyaté, a rencontré la presse le mercredi 8 novembre 2017, à son domicile, pour se prononcer sur la situation sociopolitique du Mali. C’est au cours de ce point de presse qu’il a proposé de surseoir à l’organisation de l’élection présidentielle et de mettre en place un gouvernement d’union nationale afin de trouver des solutions à la crise sécuritaire au centre et au nord.

C’est certainement de bonne foi qu’il a fait cette proposition. Mais, ce qu’il semble ignorer c’est qu’au rythme de la gouvernance du régime et du fait d’un manque de vision claire pour une sortie de crise, même si les tenants actuels du pouvoir restaient dix ans de plus, il est peu probable qu’ils puissent trouver des solutions. Donc, autant tenir les élections pour donner au pays une nouvelle direction et des hommes avec une nouvelle vision. Dans le cas échéant voici quelques probables conséquences du report des élections en 2018.

Première conséquence, l’anarchie comme en 2012 : Si le 4 septembre 2018, date de l’investiture du président, un nouveau n’est pas élu, à moins d’un consensus national préalablement ficelé, nul n’est tenu de reconnaitre le magistère de la première institution, parce que caduque. Et dans un tel cas de figure, des groupes se réclamant du peuple risquent d’envahir la rue pour demander le départ d’IBK et la mise en place d’un gouvernement de transition. La conséquence d’une telle chienlit pourrait être l’arbitrage de l’armée.

Deuxième conséquence, le scénario à l’ivoirienne : On imagine mal un Président IBK accepté de céder son fauteuil même si les élections ne se tenaient pas en 2018. Il prétexterait son refus de renoncer au pouvoir par la non-tenue de l’élection à cause de l’insécurité. Ce qui risque de donner naissance à un imbroglio au sein de la classe politique. Cette situation donnerait lieu à des médiations aboutissant à coup sûr à des compromis qui consisteraient à maintenir IBK à sa place et à appeler tout le monde autour de la soupe. Il n’est pas à exclure qu’une telle solution dégénère et perdure comme nous avons pu observer en Côte d’Ivoire.

Qu’à Dieu ne plaise.
Troisième conséquence, l’exacerbation de la crise : Le constat est que pendant le quinquennat du Président IBK, la crise qui était sécuritaire et qui ne concernait principalement que les régions du nord, a pris une nouvelle forme et s’est propagée jusqu’au sud. Elle devient aujourd’hui socio-sécuritaire. Nombreux sont aujourd’hui les Maliens qui en ont ras-le-bol et qui s’impatientent d’aller voter massivement pour sanctionner celui qui est à l’origine de leur souffrance. Toute autre option exacerberait la crise qui prendra une dimension politique.

Quatrième conséquence, la gestion calamiteuse d’une transition : Dans un pays sous perfusion financière, vouloir mettre en place un gouvernement d’union nationale, c’est ouvrir la vanne à des hommes politiques qui ne pourraient jamais accéder au pouvoir par les suffrages de leurs concitoyens. Donc tous ces leaders en manque d’audience politique, feront leur poche, car la transition est synonyme d’impunité.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les Américains sont par principe très hostiles à la gestion transitoire du pouvoir en Afrique.
En conclusion, les tenants du pouvoir actuel sûrs de leur victoire en 2013 et malgré l’insécurité, n’ont jamais voulu que l’élection présidentielle soit reportée. Ils sont même allés jusqu’à comparer la situation du Mali de 2013 à celle des Etats Unis où plusieurs Etats n’ont pas voté lors d’une présidentielle. Donc ils ont l’obligation de respecter la Constitution en organisant l’élection présidentielle à la date échue.

Youssouf Sissoko
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