Le porte-parole de la MISMA, le colonel Yao Adjoumani a animé hier sa traditionnelle conférence de presse hebdomadaire. Trois principaux sujets ont dominé ce point de presse : l’attentat suicide dans lequel trois soldats tchadiens ont perdu la vie 12 avril dernier, l’avenir des forces tchadiennes dans notre pays et la transformation de la MISMA en mission onusienne.
Revenant sur l’acte terroriste de Kidal, Yao Adjoumani a expliqué que selon des commerçants du marché où a eu lieu l’attaque, le kamikaze qui portait la charge explosive était une personne de peau blanche. L’attentat suicide est la troisième du genre à Kidal depuis que la ville est sous le contrôle des forces françaises et tchadiennes qui ont installé leurs bases dans 2 des 4 quartiers de la ville. Le MNLA contrôle les 2 autres quartiers, notamment l’entrée principale, où ses éléments s’adonnent au racket sur les commerçants et transporteurs en provenance de Gao. Après cette attaque lâche, un suspect a été arrêté. Il est entre les mains des forces tchadiennes pour les besoins d’enquête, a précisé le colonel Yao Adjoumani.
La visite du patron de la MISMA à Kidal a été évoquée au cours de la conférence. Pierre Buyoya s’y était rendu pour discuter de la sécurité, féliciter et encourager les troupes tchadiennes qui ne ménagent aucun effort dans la stabilisation du pays contre les terroristes et leurs complices. Interrogé sur un possible retrait des forces tchadiennes, le porte-parole de la MISMA a assuré que « le Tchad ne partira pas de Kidal » mais que ses forces changeront de posture pour se réorganiser. « Le Tchad est conscient que son retrait équivaudrait à un retour à la case-départ », a dit Adjoumani, avant d’annoncer que la MISMA va prendre financièrement en charge le contingent tchadien qui fait un excellent travail.
Concernant la transformation de la MISMA en force onusienne, le colonel Yao Adjoumani estime que c’est seulement la couleur des bérets des forces d’intervention qui va changer. Les combattants porteront alors le béret bleu.
Parlant toujours de la force onusienne, l’officier a rappelé que la France a déposé lundi dernier un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies prévoyant le remplacement la MISMA par la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Cette mission sera composée d’environ 11 200 soldats. « Le format standard de l’ONU est de 850 militaires par bataillon. Chaque pays membre de la MISMA peut, ou envoyer un seul bataillon, ou s’associer avec un autre pays pour former un bataillon », a détaillé le porte-parole de la MISMA.
Interrogé sur les critiques sévères contre la MISMA d’un haut responsable du Pentagone le 9 avril estimant la force oust-africaine « totalement incapable », le colonel Adjoumani estime qu’au lieu de discréditer les forces africaines qui se mobilisent avec le peu de moyens qu’elles ont, le Pentagone devrait plutôt les encourager et les féliciter.
Le dernier sujet abordé par le porte-parole de la MISMA est la situation humanitaire. Il a indiqué à ce propos que le dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires datant du 10 avril, a recensé 175 211 réfugiés dans les pays voisins (Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Algérie). Le nombre de déplacés internes est de 292 648. Le retour des déplacés et réfugiés dans leurs zones d’origines est freiné par l’insécurité surtout alimentaire, estime le responsable de la MISMA.