Cahin-caha, la gouvernance IBK s’achemine vers son an V. Déjà les thuriféraires de tout acabit ont commencé à s’agiter pour une campagne anticipée. Mais, ce qui est sidérant pour tout observateur, c’est le comportement de la classe politique. Sa vacuité d’esprit et son impéritie de réflexion l’empêchent de prendre conscience que les deux-tiers du pays sont au rouge et que le Mali n’est pas un pays normal. Sinon, comment dans la situation actuelle, des gens sensés peuvent-ils penser à des élections qui ne sont pas indispensables? Malgré le fameux accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le gouvernement n’a aucun contrôle sur la région nord du pays et depuis quelques mois, il a perdu celui du centre. Embuscades, assassinats, poses de mines, attaques meurtrières, spoliations de biens,… sont devenus si banals qu’ils n’émeuvent plus. Des écoles sont fermées privant d’instruction, des centaines de milliers d’enfants à cause de l’insécurité. Paradoxalement, dans les villes, tous les jours, on organise des ateliers, conférences, séminaires sur la paix, le renforcement des capacités des associations de la société civile, etc. On retrouve dans ces différents fora les mêmes acteurs, les mêmes thèmes, les mêmes conclusions. Des ONG sur lesquelles on a aucun contrôle agissent chacune de son côté, sans coordination, dans un désordre ahurissant. Cette inflation d’activités entre dans le cadre de la justification de leurs dépenses auprès de leurs bailleurs de fonds. Pour les maliens qui participent à ces rencontres, c’est un moyen d’arrondir leur fin de mois en recevant de misérables broutilles en guise de perdiems. Aujourd’hui, le Mali ressemble à un vieil hippopotame affalé, autour duquel s’agitent des charognards de toutes sortes, exécutant d’incessants va-et-vient, et lançant des cris, ricanements, jappements, jacasseries et ululements macabres et qui, de temps en temps lui assènent des becquetées et coups de dents acérées pour hâter sa fin. Cette réalité, nos femmes et hommes politiques préfèrent chichement l’ignorer. Ils sont à cet égard des complices objectifs, conscients ou inconscients de ces charognards.
Dans cet univers d’absence de réflexion, il existe heureusement des patriotes et le doyen Seydou Badian Kouyaté qui se caractérisent par leur lucidité et leur esprit d’analyse pertinente. Pas plus que la semaine dernière le doyen, a accordé une interview à une radio internationale. Dans cet entretien, il préconise de surseoir à toutes les élections et de former un gouvernement d’union nationale pour relever le mastodonte qui est par terre. Pour notre part, l’élection présidentielle, élection dont le résultat est capital pour la gouvernance et même pour l’encrage de la démocratie dans notre pays, ne devrait pas être différée sinon on risque de vivre la situation du Congo Démocratique ou être victime d’un autre 22 mars. Quant au gouvernement d’union nationale, nous estimons que ce n’est pas le moment de le former. C’est en début de mandant que le président IBK aurait dû avoir le sens politique de le constituer.
Dommage doyen, nous savons que c’est avec le cœur meurtri que vous vivez cette situation du Mali, mais nous gardons l’espoir que le pays se ressaisira en se libérant de cette gouvernance qui a montré ses limites et qui se trouve depuis plus de deux ans dans un cul- de- sac.