La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a rejeté mardi la demande de remise en liberté provisoire de l’ex-chef de la junte malienne Amadou Haya Sanogo et ses co-prévenus dans l’affaire de l’assassinat en 2013 de 21 bérets rouges, retrouvés dans un charnier à Diago près de Kati. Cette décision provoque des tirs croisés contre la justice accusée de violer la loi puisque la détention préventive ne peut dépasser 3 ans alors que le général Sanogo et ses compagnons sont derrière les barreaux depuis plus 4 ans.
Les avocats de la défense pensent surtout que « cette affaire n’a jamais été entre les mains de la justice, mais dans celles des politiques ». « Un manque de courage » même, a déclaré sur RFI Maître Tiésssolo Konaré, qui affirme que « conformément au droit, ces gens sont arbitrairement détenus ».
Pour Madina Sissoko Dembelé, l’épouse d’un des accusés, qui était à Sikasso en novembre 2016 lors du procès avorté, « c’était une session fictive, parce que rien n’était prêt. Il n’y avait aucun document qui était ficelé pour pouvoir tenir cette session. Nos maris sont détenus depuis quatre ans, on vient d’entamer la cinquième année. Nous n’avons qu’une seule revendication, c’est d’obtenir un procès dans les plus brefs délais ».
Du côté des victimes, on n’est pas aussi avare de critiques. Ismaïla, Fané, porte-parole du collectif des 21 bérets rouges assassinés, dénonce que « c’est que les parents des victimes ne sont pas protégés » à Sikasso et seraient « en insécurité totale ». Sur Studio Tamani, selon Me Moctar Mariko, avocat de la partie civile, il est temps que le procès se tienne pour que toutes les parties puissent être fixées sur leur sort.
Le ministre de la Justice tente de calmer le jeu en déclarant que tout le monde a intérêt que le procès aille jusqu’au bout. En tous cas, le dossier devient de plus en plus intenable.