Socle du civisme et de l’éveil citoyen pendant la première et la seconde Républiques, le Mouvement pionnier a été curieusement délaissé depuis l’avènement de la démocratie. Il est vrai que le Mouvement avait beaucoup perdu de son lustre des premières années de notre indépendance.
La démocratie a véritablement sonné le glas pour une organisation citoyenne qui aurait pu être son point d’ancrage populaire. En témoigne l’abandon du Mouvement National des Pionniers au profit de l’Association des Pionniers du Mali.
Cette situation est en partie responsable de l’effritement de l’autorité de l’État, la méconnaissance des symboles de la République, méconnaissance des textes régissant la vie publique, les droits et les devoirs par les citoyens…
Développer chez les jeunes de 8 à 18 ans les sentiments d’amour de la patrie ; renforcer la formation civique et morale ; lier la théorie à la pratique en valorisant les activités manuelles et techniques ; promouvoir en chaque pionnier le courage, l’esprit d’initiative et d’entreprise ; favoriser l’épanouissement de toutes les facultés du pionnier pour son développement harmonieux… Tels sont, entre autres les missions du le Mouvement national des pionniers créé le 21 avril 1960 au terme du premier stage de formation des cadres pionniers à Katibougou (région de Koulikoro). C’est donc est un mouvement d’éducation et de formation civique, physique et pratique des jeunes et des adolescents.
Malgré les vicissitudes de son histoire, ces objectifs d’inspiration patriotique et humaniste n’ont guère varié. Plusieurs générations de Maliens sont passées par ce Mouvement. De nombreux cadres compétents et intègres ont été encadrés dans cette «Ecole» de la vie, de formation au patriotisme, à l’intégrité, à l’honnêteté, à la bravoure, au dévouement…
Positionnés au front comme fers de lance du développement politique, socioéconomique et culturel du jeune Mali indépendant, les pionniers du Mali ont participé de «façon consciente et collective à la construction nationale». Et cela à travers des cadres idoines comme les Semaines nationales de la jeunesse et d’aux chantiers de construction.
Ainsi, ils ont activement participé à la construction de la Maison des Jeunes de Bamako (1959) par un investissement humain d’envergure ; au début des travaux de construction de la Maison du Peuple (ancienne Primature) en 1960 ; à la construction de la scène de théâtre de la Maison des jeunes de Bamako en 1961.
Les Pionniers étaient également au rendez-vous en 1962 pour bâtir des salles de classes à travers le pays, à la réalisation des locaux de Bafo (Ségou) et ils ont brillamment prit part à l’Opération «Sahel Vert» (campagne nationale de reboisement et de protection des forêts contre la désertification) en 1976. Sans compter leur participation aux Semaines Nationales et aux différentes biennales artistiques et sportives.
Comme le rappelle le document de la Politique nationale de la citoyenneté et du civisme (PNCC), la réalité politique avec le multipartisme a exigé la transformation du Mouvement national des pionniers en Association des pionniers du Mali en 1994. Même si les objectifs n’ont pas véritablement changé, ce changement de dénomination a presque aussi un virage handicapant pour cette organisation en quête aujourd’hui de ses lustres d’antan.
Et cela malgré que la nouvelle association ait été reconnue par l’Etat en 1996 «d’utilité publique». Si ce statut lui permet de bénéficier d’une subvention de la part de l’Etat chaque année à travers la prise en charge de certaines de ses activités phares, il ne lui a pas insufflé l’élan et le dynamisme attendus.
«L’abandon du Mouvement national des pionniers au profit de l’Association des pionniers a limité les capacités d’action de l’éducation pionnière dans la formation des jeunes», déplore la PNCC. Ainsi, conseille le document, «il urge alors de réactiver ce mouvement pour renforcer l’éducation à la citoyenneté et au civisme à travers un ancrage administratif adéquat».
On comprend alors aisément que la réactivation du Mouvement national des pionniers soit l’un des sept axes de la mise en œuvre de la PNCC. Elle sera axée sur le développement de la citoyenneté et du civisme auprès des jeunes, à travers l’approche de partenariat public-privé (gouvernement-mouvement associatif jeunes et société civile).
Et le meilleur cadre pour une telle réactivation ne peut être que le Palais des Pionniers à Dianéguela attendu depuis des années. Bâti sur une superficie de 3 hectares, Pour la circonstance, le ministre était accompagné par les membres de son cabinet dont Cheick Oumar Coulibaly cet édifice nécessite la mobilisation de 1,5 milliards de F Cfa. Le taux d’exécution était de 77 % en février dernier lors de la visite du ministre de la de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, M. Amadou Koïta. Ce joyau sera composé de salles de spectacle et de production, d’atelier de formation, des terrains de sports et des logements.
«Je suis très satisfait du Palais des pionniers, je suis satisfait de la qualité, du taux d’exécution des travaux et le fait qu’une entreprise nationale assure la réalisation des travaux. Les pionniers ont joué un rôle important dans l’éducation civique et citoyenne dans notre pays dès les premières heures de l’indépendance. C’est donc important qu’ils puissent bientôt disposer bientôt d’une telle infrastructure afin mieux vulgariser et promouvoir les valeurs du mouvement», avait confié à la presse le ministre Koïta à l’issue visite.
Le foulard de pionnier se mérite car symbolise des valeurs comme le courage, la bravoure, le patriotisme, l’intégrité…