Invité à témoigner, lors de l’atelier de dissémination des résultats de quatre études de cas conduites dans le cadre de l’initiative ‘’Engagement collectif pour renforcer la responsabilisation et la transparence dans les situations d’urgence, Zahaby Oul Sidi Mohamed, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien ministre de la Réconciliation et actuel président de la Commission DDR, a jugé le thème important.
Pour cet ancien fonctionnaire des Nations Unies, beaucoup de problèmes en Afrique, en général, et dans notre pays, en particulier, sont liés à la corruption, à la mauvaise gouvernance. C’est pourquoi, estime-t-il, le thème ne s’adresse pas uniquement aux dirigeants, mais à tout le monde.
En singularisant la question, l’ancien ministre assène que la crise au Nord découle de la mauvaise gouvernance.
« Elle n’est ni ethnique ni raciale », a-t-il martelé. Ce, d’autant plus que le Mali a toujours été un pays de diversité où les gens s’acceptent. Il en veut pour preuve, ce rappel du Président IBK qui dit que chaque sédentaire a son nomade dans une complémentarité économique.
Une autre preuve pour lui, c’est l’intervention de l’Association ‘’Ginna Dogon’’ qui a réussi à mettre autour de la même table les mouvements armés qui ne se parlaient pas. Ce, dans le cadre du ‘’Sinnakunya’’ qui est caractéristique de notre société et qui permet de désamorcer les situations les plus conflictuelles.
Sur sa lancée, le ministre Zahaby affirme que l’État a pourtant beaucoup investi, mais qu’il n’y a pas eu de trace de ses efforts, « parce que l’argent a été mal géré, malheureusement par des gens du Nord ». Et pourtant, c’est l’État qui est mis en cause, a-t-il relevé le paradoxe.
Poursuivant son argumentation, Zahaby Ould Sidi Mohamed a rappelé qu’à la fin de la rébellion des années 90, l’État a mis en place plusieurs programmes en faveur des régions du Nord et dans lesquels il a injecté d’importantes sommes. En l’absence d’impact, a-t-il soutenu, les gens sont partis en Libye et sont revenus avec des armes.
C’est au regard de cette mauvaise expérience, a assuré le conférencier, que le programme du DDR a fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille. « Pas de projet fictif, aucun passe-droit ne passera », a promis le président de la Commission DDR qui fait savoir que le système est fait sur la base de la traçabilité et peut être audité à tout moment. Par exemple, a-t-il signalé, aucun combattant ne peut se faire enregistrer deux fois, en raison des données biométriques qui sont en place. Aussi, aucun combattant qui ne présenterait pas d’arme ne sera enregistré.
Sur le plan financier, le président Zahaby a fait savoir qu’aucun chef de Bureau n’aura à manipuler l’argent. Les ex-combattants porteurs de projets devant ouvrir des comptes individuels dans lesquels seront versés leurs sous.
En définitive, pour l’invité de l’atelier, la corruption est un problème de société qui nécessite l’implication de tout le monde, pas seulement l’État, pour le combattre. Cela, pour sortir des velléités du sous-développement. C’est pourquoi il a félicité le ministre SALL et ses partenaires pour l’initiative d’un tel atelier qui est de la plus haute importance.
M. Zahaby ne s’est pour autant pas départi de son habituel pragmatisme. Il soutient, en effet, qu’il serait illusoire de vouloir combattre la corruption si les gens ne sont pas bien payés.
« Les hommes ne sont pas des anges », a-t-il indiqué pour justifier le lien intrinsèque entre un bon traitement et une bonne conduite.
En parallèle de cette observation, l’ancien ministre a salué les immenses efforts fournis par le Gouvernement pour améliorer les conditions de ses agents, à travers la relecture des grilles salariales, et même la révision à la hausse des frais de mission qui permettent désormais de bien se prendre en charge.