La tenue du procès du Général Sanogo et de ses 17 co-accusés ou de leur libération était le sujet dominant de la conférence de presse tenue par les épouses et parents des militaires détenus. Pour rappel, le Général Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés sont inculpés depuis 2013 pour assassinat et complicité d’assassinat de 21 militaires bérets rouges dont les corps ont été découverts dans une fosse commune près de Diago.
Les épouses des célèbres prisonniers maliens sont dans leur droit de réclamer la tenue de ce procès, après plus de trois ans de détention préventive. Elles disent ne pas comprendre qu’après la tentative avortée de la tenue à Sikasso de ce procès en novembre 2016 à cause de l’impréparation et surtout du manque des résultats des analyses des tests d’ADN, qu’on ne puisse pas le tenir. En plus de cette sortie médiatique, elles comptent entreprendre d’autres actions légales pour que leurs époux puissent être jugés ou recouvrés la liberté provisoire, comme prévue par la législation malienne. Elles sont soutenues dans leur combat par une kyrielle d’avocats et des adeptes de l’Etat de droit. Parmi ces actions, elles prévoient un sit-in au camp I, une marche de protestation et la sollicitation du Président de la République, en tant que président du Conseil supérieur de la Magistrature.
Auront-elles gain de cause ? La réponse semble être non car, de prime abord, la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a rejeté le mardi dernier la demande de liberté provisoire pour leurs époux. Les raisons du rejet sont à chercher dans la nature des crimes commis par les inculpés et surtout du risque que courent les témoins. Dans un Etat de droit, il est normal pour chaque citoyen de réclamer son dû sans empiéter sur celui des autres.
La seule fausse note de leur combat semble être leur exigence de poursuivre les bérets rouges coupables du contre-coup d’Etat. Là, elles font un amalgame terrible. Les faits reprochés à Amadou Haya Sanogo et à ses co-accusés sont relatifs à l’assassinat et complicité d’assassinat de 21 militaires bérets rouges qui ont été arrêtés après l’échec du contre-putsch, montrés à la Télévision nationale et qui ont disparu. Après enquête, leurs corps ont été découverts dans une fosse commune.
Le Général Amadou Haya Sanogo et compagnie ne sont pas poursuivis pour coup d’Etat, bien que la Constitution de 1992 le qualifie de crime imprescriptible. Ils ne sont pas poursuivis non plus pour crimes économiques quand ils ont mis en coupe réglée les finances du pays pendant des mois. Kati, l’antre de la junte militaire était plus grand que Bamako et tous les responsables des services financiers y défilaient pour rendre compte au nouvel homme fort d’alors. Donc, les épouses et les parents des militaires détenus doivent savoir raison garder et réclamer le droit d’un procès équitable. Elles ne doivent pas remuer le couteau dans la plaie encore béante laissée par la junte militaire et leurs complices.