De nombreux hadiths sont parvenus à la communauté musulmane par les soins de l’imam Al Boukhari qui a consacré de longues années de sa vie à recueillir la tradition du Prophète (PSL) qu’il a répertoriée et classée. Ces recueils constituent ainsi une source importante de la loi, de l’éthique, du dogme et du rituel islamiques. Divers récits auxquels se réfèrent les oulémas, en illustrent les multiples aspects. Des exégètes en font régulièrement des rappels dans leurs cercles, établissant la relation entre des faits, manifestations et phénomènes lointains et la vie quotidienne des croyants.
Il est ainsi rapporté que lors des années de la révélation, l’un des premiers fidèles se consacrant à ses invocations nocturnes, récitait un passage du Coran lorsqu’il vit son cheval s’agiter à quelques pas de lui. Le fidèle interrompit sa récitation et le cheval se calma aussitôt. Au moment où il la reprit, le phénomène se reproduisit de nouveau. La troisième fois, craignant que l’animal ne s’emballe et n’en vienne à blesser un enfant qui dormait à proximité, le fidèle cessa sa récitation. Au matin, il en informa le Prophète, lui disant que le ciel lui avait semblé bas, chargé de nuages d’une luminescence peu habituelle. Le Messager lui signifiera alors que sa récitation du Coran avait attiré les anges autour d’eux.
Selon divers témoignages d’érudits, durant les premières années de la révélation, c’était bien souvent par la mélodieuse psalmodie du Coran que s’obtenaient les conversions. L’audition du texte révélé, dépassant en beauté et en puissance tout ce que la poésie arabe était capable d’exprimer, éveillait des résonances intérieures qui vibraient jusqu’au plus profond des êtres. La lecture du Coran gagnait ainsi à l’islam certains de ses ennemis les plus acharnés en ces temps-là. Parvenus sous d’autres cieux et confrontés à d’autres croyances, ces textes ont fait l’objet d’analyses et de recherches minutieuses.
Ces tentatives se sont cependant révélées vaines d’expliquer qu’un caravanier illettré des temps anciens ait pu, par ses propres moyens, produire un texte d’une beauté inimitable, et dont la capacité de remuer les âmes est restée inégalée. En outre, le potentiel de savoir, de sagesse qu’il recèle dépassait de si haut les connaissances et les idées des hommes de son temps. Soulignant à ce sujet son caractère sacré, un universitaire occidental écrira que ce texte, avec ses apparentes contradictions et ses obscurités, a quelque chose d’une mosaïque, parfois d’une anagramme.
A cette définition s’appliquerait une citation attribuée à Saint Augustin dans l’encyclique «Divino affante» : «Dieu a parsemé à dessein de difficultés les livres saints qu’il a inspirés lui-même, afin de nous exciter à les lire et à les scruter avec d’autant plus d’attention et pour nous exercer à l’humilité par la constatation salutaire de la capacité limitée de notre intelligence».
La référence en cela se retrouve dans le Saint Coran, lorsqu’il est dit notamment : « C’est Lui qui t’a révélé le Livre renfermant des versets explicites fournissant l’essence même des Ecritures, et d’autres à sens équivoques. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : “Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur !” Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent. » (3:7)
A. K. CISSÉ