Les Belges vivant au Mali ont porté, mercredi, dans la soirée, un toast en l’honneur du roi Philippe de Belgique qui a prêté serment le 21 juillet 2013, après l’abdication, le 3 juillet 2013, de son père Albert II, dont il est le fils aîné. Par ce geste symbolique – expression de leurs sentiments d’attachement et d’estime à l’égard du roi – ses sujets ont célébré, à la fois la fête du roi (15 novembre) et la fête nationale de la Belgique (21 juillet).
Les festivités, organisées par le bureau diplomatique de l’ambassade de Belgique à Bamako, ont eu lieu à l’hôtel Nord Sud (siège de la Mission de formation militaire européenne au Mali (EUTM). Outre la cheffe de bureau, Myriam Bacquelaine, on notait la présence de plusieurs membres du gouvernement aux côtés du chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, du commandant de la mission d’entraînement de l’Union européenne au Mali, le général de brigade Bart Laurent, et des dizaines de convives civiles comme milliaires.
D’entrée de jeu, Myriam Bacquelaine a placé ces deux fêtes dans leur contexte. « Il est de coutume que les représentations diplomatiques de la Belgique à l’étranger célèbrent la fête du roi (15 novembre) en lieu et place de la fête nationale (21 juillet) pour permettre au plus grand nombre d’y participer. Car, la fin du mois de juillet est généralement une période de vacances », a précisé la cheffe du bureau diplomatique de l’ambassade belge. En effet, Sa majesté Léopold 1er (Premier roi des Belges) a prêté serment, le 21 juillet 1831, de rester fidèle à la Constitution. C’était suite à un appel (par 153 voix sur 196) du Congrès, le 4 juin 1831. Ce serment du 1er souverain marque ainsi le début d’une Belgique indépendante, sous le régime d’une monarchie constitutionnelle et parlementaire, obtenue à la suite de la Révolution belge de 1830, qui a conduit à l’indépendance du royaume. La fête nationale est donc célébrée le 21 juillet pour lier ce jour de fête à la personne du roi.
La fête du roi, elle, est commémorée depuis 1866 en Belgique le 15 novembre, jour de la Saint Léopold, en référence au premier roi des Belges Léopold de Saxe-Cobourg. Selon nos sources, les forces armées ont rapidement considéré la fête du roi comme un moment privilégié pour exprimer les sentiments d’attachement et d’estime de l’armée à l’égard de son commandant en chef, le roi. Chaque corps et chaque unité porte un toast au roi.
Les militaires belges en mission au Mali ont sacrifié avant-hier à cette tradition. « Vive le roi », ont-ils lancé, en chœur, les verres tendus, en réponse au général de brigade Bart Laurent, qui avait donné le ton. Il s’en est suivi des échanges d’accolades, de politesse, de contacts, des témoignages de gratitude, un partage de repas de corps etc.
A l’entrée de l’hôtel, l’excellence des relations entre nos pays était magnifiée. Sur une table, en face de l’accueil, étaient posées, côte à côte, les photos du président Ibrahim Boubacar Keïta et de leurs Majestés le roi Philippe et la reine Mathilde (7ème reine de Belgique). Les drapeaux malien, belge et européen longaient les murs. Un peu derrière, toujours à l’entrée de l’hôtel, trois flambeaux symbolisant les trois Régions belges étincelaient. Sur le terrain de volley étaient réunis un monde de diplomates (anciens et en fonction), des humanitaires, des militaires européens. Un parterre d’artistes mélangeant blues, rock… agrémentait la fête.
C’est dans cette ambiance détendue que la cheffe du bureau a accueilli ses convives. Mme Bacquelaine louera, émue, l’excellence des relations belgo-maliennes. « La Belgique est engagée aux côtés du Mali depuis 25 ans. Elle n’a pas failli à ses engagements pendant la crise qui a frappé à sa porte. Elle poursuit aujourd’hui son soutien au Mali dans sa quête de paix et dans ses efforts pour ramener un équilibre qui s’est subitement brisé en 2012 », rappelle la diplomate belge. Avant d’annoncer : « la Belgique entend soutenir la mise en place de la force conjointe du G5 Sahel, en commençant par appuyer l’équipement informatique du quartier général de Sévaré ».
Contexte oblige, elle a attiré l’attention sur des principes nécessaires à la consolidation de la paix. « Une paix durable, si elle se décrète, elle se gagne cependant difficilement. Elle se gagne grâce à un dialogue permanent conduit avec une ouverture d’esprit qui permet d’accepter l’autre dans ses différences et dans ses valeurs propres », a dit la diplomate. Selon elle, c’est en appliquant ces principes que l’Europe a gagné plus de 60 années de paix.
Prenant la parole, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a souhaité, au nom du président malien, une bonne fête au roi et au peuple de Belgique. Abdoulaye Diop a aussi magnifié la qualité des relations bilatérales, en citant en exemple le choix de la Belgique de retenir le Mali parmi les 14 pays prioritaires de sa coopération, les visites de haut niveau effectuées de part et d’autre et l’ouverture d’une ambassade à Bamako, à partir de janvier 2018. M. Diop a aussi annoncé l’arrivée très prochaine au Mali des trois chefs de gouvernement de Belgique, d’Allemagne et du Luxembourg. « Une visite conjointe que nous attendons impatiemment », a conclu, le ministre Diop, tout en émettant le vœu de l’établissement d’une ligne aérienne directe entre Bamako et Bruxelles. Selon lui, cela fortifiera les relations commerciales et d’affaires entre nos deux peuples.
Cheick M. TRAORÉ