C’est sans concertation avec la classe politique que le gouvernement a convoqué le collège électoral pour le 17 décembre 2017 en vue d’élire les conseillers régionaux, locaux et ceux du District. Cet unilatéralisme à répétition de l’exécutif a mis en ébullition les partis politiques qui ont fait valoir que les mêmes raisons qui ont conduit aux précédents reports demeurent bel et bien.
En vue de mobiliser le maximum d’électeurs et se donner toutes les chances, certains partis politiques se sont adonnés à des alliances les plus inattendues avant de se lancer dans la précampagne et la mobilisation des ressources. Soudain, la CMA et la MINUSMA sont rentrées dans la danse, la première faisant valoir les mêmes arguments que par le passé et la deuxième mettant le gouvernement devant des évidences d’ordre sécuritaire et logistique.
Le ministre de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, était l’invité du Journal Télévisé de 20h de l’ORTM, le jeudi 16 novembre 2017. Les questions étaient relatives à l’enrôlement des nouveaux majeurs et aux élections du 17 décembre. Si sur le premier point, il a déploré le manque d’affluence des jeunes pour s’inscrire auprès des commissions administratives, sur le second, il a été évasif, mais a semblé annoncer à demi-mot le probable report de ces élections : « Il y a un décret qui a été adopté en conseil des ministres, ce décret est encore valable, il n’a pas été abrogé.
Il y a un dialogue politique entre le ministre de l’administration et les mouvements armés qui ont publié un communiqué demandant le report. Le mercredi 15 novembre, nous avons réuni le cadre de concertation des partis politiques pour examiner cette situation et les conclusions ont été qu’il faut un processus inclusif au Mali. Nous ne devons pas nous mettre dans une position qui engendrerait une rupture, les discussions continuent et le gouvernement exprimera sa position. Nous viendrons certainement devant l’opinion nationale et internationale pour donner notre point de vue là-dessus» a-t-il déclaré in extenso.
Le hic est que c’est à la demande de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, CMA, qui semble entrainer dans son sillage la MINUSMA que le gouvernement serait amené à reporter les élections régionales locales, communales partielles. La République du Mali est-elle gérée par les autorités légitimes ou par la CMA et la MINUSMA, serait-on tenté de se poser comme question ?
En tout cas, l’Etat a cédé à plusieurs reprises face à certaines demandes qu’on peut qualifier d’exigences capricieuses « des enfants gâtés de la République » que sont les membres de la CMA. Pour rappel, ceux qui sont regroupés au sein de la CMA aujourd’hui sont à l’origine de la crise que connait le Mali depuis 2012. C’est pour eux que l’Accord de paix et de réconciliation, que d’aucuns qualifient d’Accord de partition du Mali, a été signée en 2015. Le cirque continu.
En somme, le report, s’il venait à être décidé, surtout à la demande de la CMA et de la MINUSMA, prouverait que le Mali est bel et bien géré par procuration. Et ses conséquences seront énormes sur les partis politiques qui ont déjà mobilisé des fonds et utilisé leur énergie à constituer leur liste après avoir martelé au gouvernement que les conditions n’étaient pas réunies.