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A l’écoute des fans de la bonne governance: Chirfi Moulaye HAIDARA, Chercheur, Président du Comité Scientifique de la SAVAMA-DCI
Publié le mardi 21 novembre 2017  |  Le Républicain
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Un Colloque International portant sur le thème général«Etat et Religion »s’est tenu récemment à Bamako. Le présent texte récapitule les idées forces de notre intervention sur lesous thème ’’le concept de la bonnegouvernance dans les manuscrits’’.
Sujet sensible et complexe, la bonne gouvernance a toujours été une préoccupation majeure au fil des générations.

Elle a faitl’objet de riches réflexions dans les manuscrits anciens du Maligrâce à la science en marche chez nous depuis des siècles.
Basée sur de convictions profondes, elle est le levain de la citoyenneté, de la démocratie et de la liberté d’expression.C’est ainsi quedes chercheurs ont accordé un vif intérêt aux écrits du célébrissimeet humaniste Ahmed Baba de Tombouctou,des oulémas de son époque(XVI-XVIIème siècles).

Les actions valent mieux que les paroles ; des penseurs d’exception ont traité des thèmes profonds, toujours pertinents à savoir, en particulier,la mal gouvernance,la corruption, la nature sociale perfectible de l’homme. L’accent a été mis sur l’exemplarité desbellesplumes de nos illustres ancêtres. Leurs sages conseils prodigués de manière communautaire et non communautariste,répondaient à des besoins de la rencontre de l’autre, d’émulation, du bien-être social.

Il convient de rappeler que la société malienne est le produit de moult brassages et métissages multiséculaires.Mais elle est exposée à des tentatives de replis identitaires, de communautarismeculturel, toutes choses pouvant présenter une menace existentielle pour elle.
De cœur et de raison, les ‘’Ahlel Al Kitab’’(‘’les gens du livre’’) comme on les appelait à juste titre,cautionnaient l’obligation d’obéir aux détenteurs du pouvoir tant qu’ils n’incitaient pas aux péchés.

Mais, pour eux,les rapprochements entre le politique et le religieuxn’étaient pas souhaitables.Lecontact de proximité, surtout à des fins douteuses,transformait des oulémas encourtisans, les mettait dans des situations inconfortables qui les fragilisaient etles rendaient vulnérables au trafic d’influence.

Envoutés par des relationstissées dans de hautes sphères, somme toutecontre nature,distraitspar les manigances de Satan, par les agissements de divers prédateurs, des érudits oubliaientla gravité moraleet religieusede telles collusions, des actesnon méritoires.
Quid de la malédiction de l’opportunisme, du clientélisme, des manquements auxbonnes règles de conduite civile, à la discipline.

De nos jours, comme hier, toute dérive ne sied pointà des chefs emblématiques, eu égard à leur notoriété publique, à la confiance des modestes compatriotes nourris d’espoirs sous leur emprise spirituelle.
Dans tous les cas, de grands connaisseurs ont développé des techniques de management responsable des hommes, après avoir dénoncé les comportements des gouverneurs défaillants, médiocres.
Aussi,le concept de la bonne gouvernance dans les manuscrits anciens du Malis’articule autour d’axes reflétant les valeurs et les préceptes fondateurs de la religion musulmane.

A titre d’illustration,nous avons cité la célèbre déclaration du Calife ABU BAKR, successeur du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui)peut inspirer tous ceux qui ont,sous leur conduite,le destin de groupements humains : « J’ai reçu de (vous) l’autorité sur vous ; mais je ne suis pas le meilleur d’entre vous ; si j’agis bien, aidez-moi ;si j’agis mal, corrigez-moi ; obéissez-moi tant que j’obéirai à Dieu ;les plus forts d’entre vous seront faibles avec moi jusqu’à ce que je leur arrache les droits des autres ;les plus faibles d’entre vous seront forts avec moi jusqu’à ce que j’obtienne leurs droits ».Ces propos si vraismontrent à suffisance combien les leaders doivent faire preuve de capacités d’allier souplesse et rigueur en vue de prendre des décisions salutaires, d’agir face à l’acuité des attentes à combler, des exigences à satisfaire.

Mais la problématique de la mal gouvernancepersiste etdéferle la chronique.Malheureusement, les meilleures volontés du monde ne changent pas la nature humaine et que seules des institutionstrès fortes et des lois très contraignantes peuvent venir à boutdu fléau.
Ceux qui sont perchés à la tête de citoyens partageant un destin commun, au-delà du charisme dont certains sont naturellement gratifiés, doivent s’armer d’unvéritable ‘’professionnalisme’’dans les attitudes, opinions etcomportements.

C’est ungage de réussite sur le cheminde l’entente, de la justice, du développement, de la lutte contre la pauvreté(entre autrespriorités essentielles).
La visibilité et l’ancrage des vertus de la bonne gouvernanceconstituentun passage forcé pour l’image de marque vivante de tout Etatattaché à son meilleur devenir. Puissentnos autorités politiques,administratives etciviles,maitriser au mieux l’art ‘’d’écouter, de faire et de faire savoir’’ en vue d’éteindre les feux de l’ignorance, de la haine, de la violence, de forger le vivre ensemble de populationsqui ne rêvent que d’une nation apaisée et réconciliée, au sein de laquelle sont bannies l’impunité et l’insécurité.
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