Le Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a jeté un pavé dans la marre de la Commission de l’Union Européenne en dénonçant avec des mots assez fort, la situation des migrants en Libye. Les termes de ce communiqué rendu public à Genève le 14 novembre dernier, ont suscité une certaine colère à Bruxelles. La coopération entre l’Union Européenne et la Libye pour endiguer le flux migratoire, selon Zeid Ra’ad Al Hussein, est inhumaine. Selon le Haut-commissaire, «la souffrance des migrants détenus en Libye est un outrage à la conscience de l’humanité ».
De désastreuse, la situation est devenue catastrophique, a-t-il fait savoir. Aux Nations-Unies, les conditions de détention des migrants sont considérées comme choquantes. «Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants émaciés et traumatisés, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars et dépouillés de leur dignité. Beaucoup de détenus ont déjà été victimes de traite, d’enlèvements, de torture, de violences sexuelles, de travail forcé, d’exploitation, de violence physique ou exposés à la famine et à d’autres atrocités, très souvent aux mains des trafiquants ou contrebandiers », a fustigé Zeid Ra’ad Al Hussein. « Nous ne pouvons pas être des témoins silencieux de l’esclavage des temps modernes », a lancé le Haut-commissaire qui a exhorté les autorités libyennes à ne pas détenir les migrants.
Ce qui se passe en Libye, un pays sans dirigeant et livré aux milices armées, est une tragédie sur laquelle l’Union Européenne ferme les yeux. Les dirigeants africains ayant opté pour l’hypocrisie, suivent comme des pintades l’Europe. Bruxelles, les décideurs sont conscients des limites de leur politique sécuritaire comme rempart à la migration irrégulière mais préfèrent jeter l’argent dans le soutien au contrôle des frontières plutôt que de créer les conditions de maintien des gens sur place.
Depuis plusieurs années, la méditerranée est transformée en un cimetière à ciel ouvert. Les jeunes gens qui meurent dans le chavirement de leur embarcation de fortune sont des sous-êtres humains. Par conséquent, ils n’ont pas droit à la même compassion que d’autres innocents citoyens européens fauchés par les balles des lâches terroristes sans foi ni loi. La mort par centaine des jeunes africains dans la méditerranée ne suscite pas la même couverture médiatique qu’une prise d’otage ou une fusillade dans un hôtel ou sur une plage.
L’Europe n’a aucune volonté de trouver une solution durable à la crise migratoire. Elle veut juste se contenter des petits arrangements au détriment des droits de l’homme surtout de ces personnes vulnérables qui fuient la misère et le manque de perspectives. En encourageant les gouvernements africains à mettre des politiques qui déshumanisent, l’Europe et ses alliés du système financier international créent les conditions de départ. Le silence de l’élite africaine notamment dirigeante est à la hauteur de son incapacité à offrir à sa population des lendemains meilleurs. Il ne s’agit pas seulement d’organiser des sommets, comme c’était le cas en 2015 à la Valette en Malte, mais aussi le courage de s’attaquer aux racines du mal. Cela voudrait dire que les milliards injectés par l’Europe dans la surveillance des frontières peuvent servir à créer des richesses sur place afin de redonner de l’espoir aux jeunes qui affrontent la mort à la recherche de « l’eldorado ».