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Interview-Amadou & Mariam sur la scène stambouliote jeudi
Publié le mardi 21 novembre 2017  |  Le Petit Journal
Fête
© aBamako.com par A.S
Fête 14 juillet l`ambassade de France au Mali
Bamako, le 14 juillet 2016 le gouvernement malien a fêté en communion avec l`ambassadeur de France au Mali le 14 juillet. photo Amadou et Mariam
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Le célèbre duo malien Amadou & Mariam sera en concert ce jeudi 23 novembre, à Babylon Bomonti, pour l’ouverture du festival XXF very very french, organisé par l’Institut français d'Istanbul. Quelques jours avant leur représentation, Amadou a répondu à nos questions.

Lepetitjournal.com d’Istanbul : Vous chantez avec Mariam depuis plus de 40 ans. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre et nous expliquer le secret de votre longévité ?

Amadou : Nous nous sommes rencontrés à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, en 1975. J’étais déjà musicien professionnel et Mariam donnait des cours de chant et de danse à l’institut, tandis qu’elle apprenait le braille. On a commencé à chanter ensemble en 1976, d’abord au sein de l’orchestre de l’Institut puis finalement, à travers une carrière en duo. Nous sommes allés vivre en Côte d’Ivoire pour enregistrer nos premiers titres avant de retourner enregistrer au Mali. Nous chantons tous les deux depuis que nous sommes tout petits donc l’envie de faire de la musique est naturelle chez nous. C’est pourquoi on prend toujours autant de plaisir à travailler ensemble, même après 40 ans.

Treize ans après votre tube "Dimanche à Bamako", le morceau phare de votre dernier album est "Bofou safou". Qu’est-ce que ça signifie ?

"Bofou safou" (tiré d'une expression bambara, l’une des langues nationales du Mali, NDLR) est le surnom donné à ceux qui arrivent dans ce monde et qui en repartent sans avoir laissé de traces, ceux qui n’ont pas travaillé et qui n’ont rien voulu faire. Dans notre morceau, nous disons à ces gens d’éviter ce comportement, de chercher à travailler et de ne pas rester les bras croisés. On encourage les personnes à ne pas être "Bofou safou". En quelque sorte, on veut donner de l’ambition à ceux qui n’ont n’en pas. Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est que nous avons travaillé pour cela. Durant notre concert, nous présenterons notre nouvel album mais nous aurons aussi l’occasion de jouer les anciens morceaux les plus connus comme "Dimanche à Bamako" ou "Je pense à toi".


La situation politique et les troubles terroristes au Mali vous ont en partie inspiré votre dernier album La confusion. Quelle résonance existe-t-il entre votre album et la Turquie, qui a aussi été la cible du terrorisme et qui a connu des événements politiques importants ces derniers mois ?

Il s’est passé beaucoup de choses au Mali : le coup d’Etat militaire, les attaques terroristes, l’intervention étrangère… On s’est inspiré de ce qu’il s’est passé chez nous mais on se rend compte que le terrorisme est un phénomène mondial. Cela explique le titre de notre album : La confusion est présente partout dans le monde.

La Turquie accueille des millions de réfugiés et est au coeur d’un pacte migratoire avec l’Union européenne. La crise des migrants vous a inspiré "C’est chaud", l’un de vos titres les plus engagés à ce jour…

Dans ce morceau, on conseille aux gens qui envisagent de migrer pour des raisons économiques de préparer leur voyage avant de l’entreprendre, car ils ne savent pas toujours comment celui-ci va se terminer et la majeure partie des migrants meurent en mer… Certains migrants pensent aussi que tout va bien de l’autre côté de la mer et que la crise et l’insécurité n’existent pas. On leur dit de se renseigner sur les réalités du pays où ils veulent aller, pour ne pas voir leurs rêves détruits par la suite… Les migrants donnent souvent beaucoup d’argent aux passeurs, mais cet argent pourrait leur servir à créer une petite entreprise dans leur pays afin peut-être, de vivre une meilleure vie. Bien sûr, la situation est différente pour les réfugiés qui n’ont pas d’autre choix que de quitter leur pays.

Le partenariat économique et commercial entre la Turquie et le Mali s’est considérablement développé ces derniers années. Vous êtes des ambassadeurs de la culture malienne à l’international. Pensez-vous que la musique est un enjeu de la diplomatie ?

Effectivement, nous sommes des ambassadeurs de la culture malienne et nous nous reconnaissons bien dans cette cause. A chaque fois que nous chantons, nous chantons le Mali. Nous participons parfois à des festivals auxquels d’autres artistes maliens n’ont pas accès. Nous permettons donc de faire découvrir la musique malienne en dehors du continent africain, tout en conservant notre style et nos influences bien à nous. Un certain nombre de personnes ont connu le Mali et une partie de sa culture à travers notre chanson "Dimanche à Bamako". Je pense que la musique adoucit les relations internationales quels que soient les degrés d’antagonisme. Nos textes font réfléchir et notre mélodie fait bouger les gens, nous créons ainsi une grande communion. Notre concert sera l’occasion pour les Turcs et les Maliens de se retrouver dans un même lieu et de faire la fête ensemble.

En outre, nous défendons plusieurs causes humanitaires. Nous avons notamment chanté devant Barack Obama, nous sommes allés au Parlement européen pour défendre l’éducation des personnes handicapées et nous sommes ambassadeurs du Programme alimentaire mondial (PAM).

Vous jouerez jeudi pour l’ouverture du festival XXF very very French, qui met à l’honneur la musique actuelle française. Que représente la France pour vous, y compris d’un point de vue musical ?

La France et le Mali ont une longue histoire. Le français est d’ailleurs la langue officielle du Mali. Personnellement, on vit en France et on y a beaucoup de parents et amis donc ce pays représente beaucoup. Musicalement, on a l’occasion de rencontrer de nombreux musiciens professionnels en France. Nous sommes aussi inspirés de certains chanteurs français depuis que l’on est jeunes. Il n’y avait pas de maisons de disque au Mali donc nous écoutions de la musique venue d’ailleurs… En passant par Johnny Hallyday, Francis Cabrel ou Sheila pour Mariam.

Vous avez déjà joué à Istanbul, en 2011, pour le festival de jazz d’IKSV. Quels souvenirs gardez-vous du public ici ?

C’est un bon public, qui veut découvrir notre musique. Pour nous aussi, il s’agit d’une découverte avec un public qui pour la plupart, ne nous a jamais vus en spectacle auparavant. Nous sommes contents de revenir à Istanbul. Ce concert marque presque la fin de notre tournée internationale, qui s’est très bien passée.
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