La crise sécuritaire et institutionnelle a accéléré le repli des systèmes financiers de développement vers les villes.
Le Conseil national du patronat malien a abrité les 17 et 18 avril un atelier sur la « Problématique de l’accès aux services financiers en milieu rural ». L’ouverture des travaux était co-présidée par Samba Sissoko et Baba Nadio, représentant respectivement les ministères de l’Economie, des Finances et du Budget et de l’Agriculture. Elle s’est déroulée en présence du président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Mali (APSFD-Mali), Alou Sidibé.
Organisé par l’APSFD-Mali en partenariat avec le Programme micro-finance rurale (PMR) et l’ambassade du Danemark, l’atelier a proposé des expériences, produits et services financiers aux participants en vue d’étudier leurs avantages, risques, pertinences, adaptabilités en milieu rural et partager les expériences des exploitants agricoles et organisations paysannes en matière de difficultés, contraintes et défis liés à l’accès aux produits et services financiers en milieu rural. La rencontre s’est aussi penchée sur l’offre de services financiers en milieu rural, l’accès des ruraux aux services financiers et a dégagé des pistes de solutions à la problématique du financement dans le milieu rural. Pour affiner la réflexion sur le sujet, elle a regroupé les responsables des systèmes financiers de développement (SFD), des structures d’encadrement de l’Etat, des Ong finançant les activités agricoles, les représentants des départements ministériels, projets, programmes impliqués dans le financement du monde rural, les prestations spécialisés dans le financement de la zone rurale.
Depuis l’indépendance de notre pays, les différents gouvernements ont mis le secteur agricole au cœur de leurs stratégies de développement national, a rappelé, le président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés. Ceci s’explique par le fait que le secteur utilise plus de 70% de la population active.
Le financement du secteur est assuré par les banques de développement, notamment la Banque nationale de développement agricole (BNDA), les systèmes financiers décentralisés, l’Etat et ses partenaires, a noté Alou Sidibé. Compte tenu du caractère particulier du secteur agricole, on constate, a-t-il souligné, un faible attrait des institutions financières pour le milieu rural. D’où un taux de bancarisation en milieu rural qui oscille entre 2 et 3% pour un taux national d’environ 12%.
La crise sociopolitique et sécuritaire a exacerbé les difficultés d’accès des ruraux aux services financiers. En dépit de ces difficultés, les systèmes financiers de notre pays jouent un rôle important dans le financement agricole par la collecte de l’épargne et l’octroi de micro-crédits aux populations rurales, a estimé Alou Sidibé. La preuve : le secteur de la micro-finance dans l’exécution de sa mission, a enregistré plus d’un million de clients dont 60% en milieu rural dans le sociétariat, 59,14 milliards de Fcfa, dont 34,30 milliards en cours de dépôts, 72,92 milliards Fcfa, dont 38 milliards de crédits agricoles.
Le représentant du ministre de l’Economie, des Finances et du Budget a jugé important le thème de l’atelier dans la mesure où l’accès aux services financiers en milieu rural a toujours été une source de préoccupation à cause de la péjoration du climat, des difficultés de mobilisation de l’épargne, de l’absence de garantie et de ressources financières suffisantes et adaptées. La récente crise sociopolitique et sécuritaire a provoqué une migration progressive des SFD vers le milieu urbain. Cet atelier, espère Baba Nadio, permettra de partager des expériences et de trouver des solutions à ce phénomène. Pour améliorer le cadrage et la gestion de ces risques, le gouvernement encouragera les acteurs au développement, à la vulgarisation des instruments de financement, de gestion des risques agricoles des filières. Ces instruments seront des documents de référence utiles pour les gestionnaires agricoles et les institutions financières qui désirent être outillées contre les risques inhérents à la gestion de leurs activités et qui pourront réagir efficacement, a assuré Baba Nadio.