Comme une boule de neige dévalant les pentes d’une colline, la crise qui, depuis quatre ans, empoisonne le football malien n’en finit pas d’enfler. La dernière étape en date est l’annulation des deux finales de la Coupe du Mali du Mali. Du jamais vu dans l’histoire de cette discipline de 1961 à nos jours. Avec le temps, cette crise n’en finit pas de prendre des formes multiples entre deux camps.
A l’analyse, il est aisé de constater que le temps a permis de découvrir non pas les motivations (bien connues de tous) mais les véritables responsables de cette situation très inconfortable qui aura des retombées désastreuses si des mesures idoines n’étaient pas prises définitivement.
Le dernier fait en date a levé un pan très important de cette crise, à savoir le support qui avait permis au ministre des Sports et à d’autres protagonistes de narguer tout le monde, de ne respecter aucun statut et règlement… Bref d’agir au gré de leurs seuls intérêts. Ce fait est un bref échange entre le président de la République et le ministre des Sports à l’aéroport Modibo Kéita de Sénou. Un échange bref lors de la cérémonie d’accueil du chef de l’Etat de retour de voyage.
En serrant la main au ministre, le président lui a donné rendez-vous pour le lendemain au stade pour les finales de la Coupe du Mali. En guise de réponse, le ministre a répondu qu’il n’y sera pas, car il n’est au courant de rien. A cela le président ajoutera que dans ce cas il n’y sera pas non plus. Le sort des deux finales venait d’être scellé.
La rapidité avec laquelle cette décision a été prise fait réfléchir. Sans autres explications complémentaires ce fut une décision lourde de conséquences qui frustre tout un peuple, toute une frange de la société qui trouve dans la pratique du football ou le spectacle qu’il produit un exutoire au stress, aux aléas de la vie.
Quant au ministre des Sports, par qui le malheur est arrivé il est loisible de le situer dans cette décision. Comment peut-il affirmer n’être informé de rien sachant qu’il a reçu, selon nos investigations une correspondance du secrétaire général de la Fédération en date du 30 octobre 2017, dans laquelle il était communiqué la date des finales de la Coupe du Mali ? Qu’a-t-on fait de cette correspondance restée sans suite ?
Selon nos investigations c’est la production de cette correspondance qui a permis au Protocole de la République de se saisir de l’organisation des finales. En effet, le ministère des Sports avait fait croire au Protocole c’est un comité qui était chargé de ces finales en dehors de l’administration de la Fémafoot.
Pour encore montrer l’incohérence dans les actes de la direction des sports, c’est encore l’administration de la Fémafoot qu’elle a sollicité pour connaître les noms des clubs devant participer aux prochaines compétitions africaines.
Ce comportement non rationnel n’est pas isolé. En effet, c’est le ministre qui a convaincu le conseil des ministres sur une base erronée qu’il pouvait dissoudre le comité exécutif de la Fémafoot sans craindre les foudres de la Fifa. Pour ce faire, il effectua un déplacement à Zurich qui s’avéra désastreux et humiliant pour lui et le Mali. La suite est connue ; dans son entêtement ou mieux poussé par une haine viscérale il dissout le comité exécutif de la Fémafoot.
La sanction n’a pas tardé : le Mali est suspendu jusqu’au rétablissement du comité dissout. Contraint de boire le calice jusqu’à la lie il est contraint de signer l’acte par lequel il rapportait sa décision de dissolution. Le comité exécutif a été remis en place et nos cadets ont pu participer à la phase finale de la Can de leur catégorie. Ils en sont revenus avec le trophée. Un trophée pour lequel ce même ministre n’a pas tari d’éloges pour les enfants en les accueillant à l’aéroport.
En nous intéressant un peu plus aux actes posés par le ministre des Sports beaucoup a déjà été dit bien malin qui pourrait trouver la trame de son comportement hors normes. En plusieurs occasions, il a décidé de se retirer du gouvernement sans jamais avoir le courage de ses propos. L’acte n’a jamais suivi la parole. Retenons le cas seul lors de l’accident de car avec les enfants de retour des Jeux de la Francophonie en Côte d’Ivoire. Après un accident heureusement sans grave conséquences, la Fédération ivoirienne de football a décidé en toute liberté de rapatrier les enfants par avion et gratuitement à ses frais. Loin de se réjouir de cet acte hautement sympathique, il se rebelle contre les organisateurs et menace de rendre le tablier si cela s’effectuait. A croire qu’il n’était plus humain et difficile d’être plus machiavélique.
Revenons à la dernière décision du président lors des finales de la Coupe du Mali. Il n’a pas été le premier à manquer une finale de Coupe du Mali. En son temps le président Alpha Oumar Konaré a boudé les finales de coupe pour montrer son mécontentement suite à une calamiteuse conduite de l’Usfas lors de sa première Coupe du Mali. Il est resté loin des finales à Bamako jusqu’à la dernière de son second mandat, une finale jouée à Koulikoro.
Ici il est difficile d’évoquer une quelconque inconduite des sportifs à son égard. Dans un autre questionnement que peut-on retenir de la totale protection dont a bénéficié le ministre Guindo qui a été incapable de gérer un simple problème de textes à appliquer pendant bientôt quatre ans. Il a laissé s’envenimer une situation où tout laisse croire qu’il avait son intérêt. Aujourd’hui ce qui, à l’entame n’était que peccadille, s’est transformé en un monstre très puissant.
L’annulation des finales du 18 novembre est la goutte de trop qui donne en fait un nouveau éclairage sur le pouvoir et la puissance d’un ministre qui pendant près de quatre ans n’a rien apporté, capable de se rebeller, de se dresser face au Premier ministre et contraindre le président à suivre sa voie. Ces faits seront le thème de longues discussions, de commentaires sans fin. L’image de l’autorité en sortira fortement ternie quand on sait que le sport, le football en particulier, a des fans partout sans distinction de familles, de partis politiques, de professions, de religions.
Certes le football n’est pas la seule activité sportive, mais il a l’avantage de regrouper le plus grand nombre d’adhérents sans restriction de sexes, de races, de convictions et j’en passe.
Nous à ce moment précis où tout le peuple est tendu vers une décision de l’instance faitière, la Fifa dont le comportement doit être connu de tous.
Dans un premier temps un responsable de la Fifa, présent lors de l’assemblée générale ordinaire, son nom est Verone, a tenu des propos très importants. Il a d’abord reconnu qu’au regard de la procédure, au vu des documents et dans le respect des textes, l’assemblée de la Fémafoot a été convoquée légalement ; ensuite il a conseillé aux opposants ou insatisfaits, très agités dans la salle, d’user de leur droit de recours auprès de la Fifa ou du Tas. Ces deux institutions sont aptes de trancher tous les différends en toute impartialité. Il est inutile de faire prévaloir ses relations pour tenter de gagner.
La fracture sociale, sportive ne cesse de grandir entre individus et l’immixtion du politique n’est nullement la solution. Seul le respect des textes et des règlements peut conduire à la sérénité. Aucun pouvoir, excepté celui du Tout-Puissant et Miséricordieux, n’est éternel.