Encore un vendredi voir dans notre pays. 24 novembre 2017, vendredi dernier donc, la mort a frappé une fois de plus dans les rangs de nos forces de défense. D’abord, très tôt le matin dans la région de Ménaka, des militaires onusiens et maliens ont été ciblés méthodiquement par des hommes armés. Puis, aux environs de midi, une autre attaque contre la Force de l’ONU a été signalée au nord du cercle de Douentza. Le bilan total est de cinq (5) morts, plusieurs blessés. Le groupe dirigé par Iyad Ag Ghali a revendiqué les deux attaques.
Les Maliennes et les Maliens continuent de vivre dans une insécurité ambiante depuis quelques temps. Il ne se passe plus de semaine, plus de jour, sans que l’on enregistre une attaque armée sur une partie du territoire national. Qualifiée de ” résiduelle ” par certaines autorités, l’insécurité qui sévit pourtant dans notre pays, risque de compromettre dangereusement le vivre-ensemble. Malgré les discours triomphalistes des pouvoirs publics, lénifiants bien sûr, tout porte à croire que rien de sérieux, voire de potable, n’est entamé pour garantir aux Maliennes et Maliens le minimum de sécurité.
Dernière illustration de cet état de fait, c’est la double attaque des hommes armés contre les éléments des forces de défense de notre pays ainsi que leurs compagnons d’armes de l’ONU dans la région de Ménaka et à Douentza, au centre. Les deux attaques se sont déroulées dans la journée sainte du vendredi 24 novembre 2017. Encore un vendredi noir dans notre pays, ont laissé entendre des observateurs.
D’abord, à Ménaka, très tôt le matin, entre 5h-5h30, des assaillants non identifiés menèrent une attaque coordonnée contre nos braves soldats.
Ces derniers étaient en compagnie de leurs frères d’armes de la mission onusienne (MINUSMA).
Parait – il qu’ils portaient assistance et secours aux paisibles populations de la nouvelle région. Mission humanitaire, dit – on. C’est au cours de cette mission qu’ils furent attaqués par surprise.
Pendant plusieurs minutes, les armes crépitèrent. Les assaillants n’eurent guère la partie facile. Selon nos sources, ils auraient fini par battre la retraite.
Non sans laisser sur place plusieurs victimes. Car, la riposte des braves soldats onusiens et maliens avait été à la mesure de l’attaque sinon plus. Mais, de leur côté aussi, les militaires onusiens et maliens perdirent quatre hommes dont trois pour les premiers et un pour les seconds. Dans les deux camps, rapporte t – on, de nombreux blessés ont été enregistrés. Mais une chose est sûre, c’est que les assaillants furent les grands perdants lors des affrontements.
Dans la même journée du vendredi 24 novembre 2017, aux environs de midi, la mort a encore frappé dans les rangs des forces de la MINUSMA. Cette fois-ci, c’était dans le cercle de Douentza. Des engins explosifs, lance-roquettes auraient été utilisés lors de cette attaque par les assaillants. Cela serait devenu leur nouveau mode opératoire. Le bilan fait état d’une victime dans les forces onusiennes et d’au-moins trois blessés.
Au total donc, ce sont cinq (5) victimes qui ont été enregistrées dans la seule journée du vendredi 24 novembre 2017 le groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans dirigé par Iyad Ag Ghali a revendiqué les deux attaques.
Quelques jours auparavant, ce sont quatre (4) agents des services des Eaux et Forêts qui avaient été froidement tués dans la région de Tombouctou. Dans le cercle de Koro, une attaque armée avait été perpétrée occasionnant l’assassinat ciblé d’un notable.
Folklore autour du Chef de l’Etat
Pendant que toutes ces attaques se déroulaient, certains de nos compatriotes excellaient dans les compliments, dans les exchaltations, dans les applaudissements à Bougouni et à Sikasso – ville. Ils recevaient en effet le Président de la de la République, Chef de l’Etat, M. Ibrahim Boubacar Keïta. Officiellement, le Chef de l’Etat se rendait à Sikasso pour le lancement de la compagne de vaccination du cheptel national. Le déplacement présidentiel a commencé par Bougouni, par la route.
Une escale de 2 heures fut consacrée pour saluer juste les notabilités. Ces notabilités s’en sortirent avec la coquette somme de six (6) millions de F CFA à se partager. Et une fois arrivé dans la ville de Sikasso, le Chef de l’Etat devait inaugurer la nouvelle station d’adduction d’eau potable de la ville, poser les jalons des travaux de rallongement ou d’extension de la voie (route) qui traverse le centre -ville. Tout cela s’est déroulé dans l’après – midi du 22 novembre au vendredi matin 24 novembre 2017.
Ce séjour présidentiel, il faut l’appeler ainsi, aura été l’occasion pour les thuriféraires du pouvoir de vanter les mérites de leur ” Champion “. Un chef religieux est allé jusqu’à promettre au chef de l’Etat les portes du paradis. Il fut largement salué et remercié pour leur avoir fourni de l’eau potable. L’on avait tout vu à la télévision nationale sur ” l’accueil des grands jours ” en occultant le fait que les classes avaient été fermées pour permettre aux élèves, les enfants, de remplir les trottoirs.
L’on eut l’impression que notre pays, le Mali, était désormais vent débout. Le Chef de l’Etat, lui – même, donnait cette impression. Or, à quelques kilomètres seulement, la mort frappait ça et là.
Dans la situation que vit actuellement notre cher Mali, aurions-nous besoin de nous tirer glorioles ? Ne sait – on pas que les agents de l’Etat, les pauvres fonctionnaires, sont pourchassés des villages et villes du centre du pays ? Au demeurant, lors de ses passages à Kayes, Bougouni et Sikasso récemment, pourquoi le Chef de l’Etat n’a t – il pas rencontré les cadres ? Ses prédécesseurs, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré le faisaient, s’adonnaient agréablement à l’exercice démocratique. Le général Moussa Traoré le faisait bien sûr. Qu’est – ce qui empêcherait l’actuel Chef de l’Etat de le faire ? Ne sait – il pas que le folklore entretenu autour de sa personne l’amènerait toujours à occulter les vrais problèmes de ses concitoyens ?
Pour notre part, force est de rappeler que notre pays, le Mali, est loin d’être débout. Il a été terrassé depuis longtemps. Et maintenant, il s’enfonce au gré des comportements des tenants du pouvoir. Que Dieu le Sauve!
B. Koné