Au départ, cela devait être un autre. « Je devais participer à une autre mission mais voilà, je suis arrivé au Mali fin mai, plus précisément à Tessalit dans le nord du pays », se remémore, fataliste, le caporal-chef de première classe Manuel, dans le salon aux lumières douces et tamisées d’un confortable hôtel sur les hauteurs de Gap.
Lundi 13 novembre, il a été, avec ses camarades blessés, au cœur de toutes les attentions lors de la cérémonie de dissolution du groupement tactique interarmes Edelweiss. Il a même été décoré par un éminent général.
« J’étais un peu ému, j’avais peut-être le sentiment de l’avoir méritée cette décoration », souligne humblement le blessé, avant d’entamer le récit de la page la plus tragique de sa vie de soldat.
« J’étais entouré de flammes »
« C’était le matin du 31 juillet, je pilotais mon vab-sanitaire (véhicule de l’avant blindé). Nous étions en soutien sur un redéploiement avec des artilleurs. Je roulais sur les traces de deux véhicules quand l’engin explosif improvisé a explosé », se rappelle avec exactitude le caporal-chef Manuel. Avant d’ajouter : « Je suis resté conscient après l’explosion et lorsque la poussière s’est estompée, j’ai remarqué des flammes. J’ai tenté d’ouvrir la trappe pour m’extraire du véhicule tout en prenant conscience que j’avais perdu mon bras. Je me suis garrotté avec difficulté pour stopper l’hémorragie. J’étais entouré de flammes et j’ai décidé de sortir par moi-même. Le stress et l’adrénaline m’ont permis de trouver la force de me hisser avec mon équipement. J’ai crié et une équipe de légionnaires m’a sorti du vab. C’est à ce moment que j’ai réalisé l’état de ma jambe », se souvient le pilote.
Par Alain BARADAT | Publié le 27/11/2017 à 06:05 |