TELEVISION - Dans son 40e numéro, le magazine de France 2 sur l’actualité internationale s’intéresse ce lundi soir à la reconstruction du Mali alors que la France possède toujours des troupes dans le pays…
«Mali: Faut-il crier victoire?» se demande «Un œil sur la planète». Rien n’est moins sûr si l’on en croit ce lundi à 22h50 le magazine de France 2 consacré à l’international. Parmi les cinq reportages, l’un montre à Bamako, la capitale de l’Etat, la bataille d’influence entre un islam africain et tolérant et celui wahhabite, minoritaire et rigoriste, mais appuyé les fonds des Pays du Golfe. «C’est un peu l’ironie de l’histoire, constate Patrick Boitet, rédacteur en chef de l’émission qui a célébré en 2012 ses dix ans. La France a mené une guerre au nord contre les partisans de l’application de la charia, mais on s’aperçoit qu’elle viendra peut-être autrement, par d’autres biais, plus politisés et financés. Dans bien des pays, quand l’Etat fait défaut, la religion arrive en secours.»
Des images inédites fournies par l’armée française
La France s’est engagée, à la demande de Bamako, le 11 janvier dans une intervention militaire sans commune mesure depuis l’Afghanistan: 4.000 soldats au plus fort du conflit, ils devraient être encore 2.000 fin juillet. Deux reportages se font l’écho de l’Opération Serval. «Les Chroniques de Gao», où ont été envoyés les journalistes Loïc de la Mornais et Nicolas Bertrand, montrent sur deux mois la libération lente de cette ville stratégique du nord par l’armée malienne. Mais aussi le soulagement de la population après des mois d’application de la charia.
«A partir du moment où la guerre a été déclenchée, il a été compliqué pour les journalistes d’approcher les lieux et de passer les barrages», relate Patrick Boitet. Un autre reportage en atteste, puisque ses images ont été fournies par l’armée française. Dans «la bataille des Ifoghas», on suit les parachutistes de la Légion étrangère dans cette région désertique qui sert de base principale d'Al-Qaida au Maghreb islamique au Mali et où seraient retenus les otages français. Combats entre les pierres, cadavres de combattants, découverte de caches d’armes, adolescent soudanais embrigadés de force par les djihadistes… Des images inédites et difficiles.
Des mines d’or exploitées, mais sans retombées pour les habitants
L’émission possède une approche originale de la situation politique au Mali, grâce à ses avec angles multiples. «Quand la France est entrée en guerre, on voulait couvrir ce thème, mais pas avec les communiqués de victoire fournis par l’Etat-major, explique Patrick Boitet. On a décidé de montrer les problèmes de fond qui affectent le Mali: la corruption, la mauvaise gouvernance et la montée en puissance de l islam radical.» Après un focus sur la question touareg cruciale, et ses rebelles, un reportage explique «La malédiction de l’or». Des sociétés étrangères exploitent les mines de ce métal précieux dans le Sud du pays. Pendant que les islamistes prenaient le nord, une révolte populaire a eu lieu, le 11 novembre 2012, près des mines d’or de Syama. Dans les villages alentours, aucune retombée de ces richesses en sous-sol: il n’y a ni eau courante, ni électricité.