On ne risque pas de se tromper si on affirme que la gouvernance « ibékaïenne », permettez-nous ce barbarisme, est adepte de « la méthode Coué ».
Qu’est-ce que la méthode Coué ? Dans le premier tiers du XXe siècle, « la méthode Coué » du nom du psychologue et pharmacien français Emile Coué, qui l’a élaborée, a eu beaucoup de succès surtout aux Etats-Unis. En quoi consiste-t-elle ? Pour Coué, il est possible d’influencer favorablement notre être inconscient par la suggestion, et de cette façon, d’améliorer notre état tant physique que moral. Sans entrer dans des explications savantes, on peut dire que cette méthode désigne une forme d’optimisme volontaire mêlé ou non de déni du réel.
Et que relève-t-on depuis plus de quatre ans ?
A coup d’abattage médiatique, quoique tous les indicateurs de développement soient au rouge, le tissu social en lambeaux ; les tenants du pouvoir répètent à satiété : « tout va bien, tout s’améliore, on note des progrès partout. Nous avons trouvé le pays par terre, il s’est relevé etc. » Mais toutes leurs affirmations sont rattrapées par la réalité. Ils pensent qu’en adoptant la litanie « tout va bien, tout va bien », le pays ira mieux comme le patient de Coué auquel on demande de répéter n fois, un mot ou une expression.
Ce volontarisme conscient ou inconscient conduit au déni de la réalité et amène les gouvernants à prendre des décisions ambivalentes ; donnant ainsi à l’observateur une impression que tous les actes que pose le gouvernement sont improvisés. Elles restent incomprises pour la plupart des maliens et provoquent des réactions de rejet actives ou passives. C’est pourquoi, des problèmes aussi importants que la réforme constitutionnelle, l’organisation des consultations électorales, les accords de paix, lutte contre l’insécurité,… et dont les solutions ont été préconisées par le gouvernement, ont été des échecs.
Il y a deux jours, on a cherché à rallonger cette liste des revers, en entamant une réflexion sur l’école ; au moment où des centaines de milliers de jeunes maliens, ne peuvent fréquenter les salles de classes à cause de l’insécurité que l’on qualifie de résiduelle. Encore un déni des réalités !
On aurait compris le gouvernement s’il avait initié une réflexion sur : comment faire pour scolariser les enfants qui vivent dans les zones d’insécurité ? Pense-t-on vraiment aux conséquences de la déscolarisation de centaines de milliers de jeunes maliens ? Voilà un thème qui aurait dû être préoccupant pour un gouvernement du Mali d’aujourd’hui !
Nous sommes comme devant une gouvernance totalement déconnectée de la réalité malienne ambiante. Si on se réfère à la Banque Mondiale, la bonne gouvernance se repose sur quatre principes fondamentaux : la responsabilité, la transparence, l’Etat de droit et la participation (citoyenne). Alors, comment qualifier la gouvernance « ibékaïenne ? »