Les responsables de l’ONG Sauvegarde et valorisation des manuscrits et la défense de la culture islamique (SAVAMA-DCI) étaient devant la presse, vendredi dernier, pour informer l’opinion nationale et internationale sur l’état actuel des manuscrits et les activités de cette ONG, depuis sa création, à nos jours. C’était au siège de ladite ONG à Baco-Djicoroni.
Cette conférence de presse était animée par M. Abdoul Kadiri MAIGA, Directeur du centre de document Ahmed Baba de Tombouctou, devenu de nos jours l’Institut des hautes études et de recherche Ahmed Baba. On y notait la présence de M. Abdoul Kader HAIDARA, Coordinateur de l’ONG SAVAMA-DCI et de Mme Maria Luisa RUSSO, représentante de l’université de Hambourg.
Cette conférence occasion pour informer la presse de l’état des lieux réel des activités de cette ONG, depuis sa création en générale, mais aussi de savoir comment les manuscrits de Tombouctou ont été sauvés des griffes des djihadistes qui ont envahi la ville des 333 Saints en 2012.
D’entrée de jeu, M. HAIDARA a, dans son discours, soutenu que les manuscrits constituaient une partie considérable du patrimoine culturel, non seulement du Mali, mais aussi de l’Afrique et du reste du monde, sur lequel chacun doit veiller.
« Les plus de 400 000 manuscrits qui ont été recensés dans notre pays représentent un précieux trésor que nos prédécesseurs nous ont légué au fil des siècles et dont nous devons assurer la conservation afin qu’ils puissent également bénéficier aux générations futures », a-t-il conseillé, avant de préciser que l’ONG SAVAMA-DCI est justement créée pour cette cause.
« La conservation et la valorisation du patrimoine écrit constituent les fondements de l’Institut des hautes études de recherche Ahmed Baba de Tombouctou et la création e l’ONG SAVAMA-DCI justifient cet objectif de garder ces richesses pour les générations futures. Depuis toujours, les deux structures travaillent en étroite collaboration pour atteindre cet objectif », a-t-il dit.
M. MAIGA a salué, de son côté, les activités salvatrices de ces deux structures, qui ont sauvé des centaines de manuscrits, qui étaient menacés de destruction pendant l’envahissement djihadiste. Il a salué les appuis de l’État et de nombreux partenaires pour que cette action de sauvegarde puisse être un véritable exploit.
Quant à M. HAIDARA, il a lui aussi insisté sur l’aspect national des manuscrits. Selon lui, les érudits qui ont produits ces manuscrits ne sont pas seulement de Tombouctou.
« Nous avons des manuscrits des sages Bambaras, des Malinkés et de Peuls. D’ailleurs, nous sommes en train de vulgariser les manuscrits d’EL Hajj Oumar TALL sur la résolution des crises politiques. Cela peut servir à notre pays qui est confronté à une crise similaire », a-t-il dit, avant de se réjouir que les érudits avaient prévu toutes ces situations des siècles avant.
M HAIDARA a lancé un appel aux Maliens afin de s’associer à l’Institut des hautes études de recherche Ahmed Baba et à l’ONG SAVAMA-DCI pour la vulgarisation des recherches : « la complémentarité autour des manuscrits est nécessaire, car ils sont détenus par des familles, dans des bibliothèques sous le regard de la communauté scientifique. Et, cette communauté doit être impliquée dans les définitions de stratégies et des voies et moyens pour une meilleure exploitation scientifique au profil des peuples africains », a-t-il dit.
M. HAIDARA révèle que les deux structures, envisagent, avec l’appui du gouvernement et des partenaires techniques et financiers de traduire certains manuscrits en des langues nationales. Car selon lui, ces manuscrits sont un point de repère qui évoque les disciplines comme l’histoire, la géographie, la grammaire, la sociologie, l’astrologie, la littérature et bien d’autres.
Signalons que l’ONG SAVAMA-DCI est créée en 1996 à Tombouctou. Ses activités consistent au nettoyage des manuscrits, leur mise en couverture, la fabrication et l’étiquetage des boites de protection et la numérotation des manuscrits.
L’ONG est appuyée par le gouvernement malien, l’UNESCO, la MINUSMA, la coopération suisse au Mali et une pléiade de partenaires.