Après plusieurs activités réalisées en 2017 rentrant dans le cadre de la mise en œuvre des préalables pour un bon démarrage des infrastructures sur le terrain, l’équipe de coordination du Projet de programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire au Sahel (P2RS) s’apprête à lancer véritablement des activités du P2RS pour l’année 2018. C’est du moins, l’ambition de ses premiers responsables qui se sont réunis hier jeudi à l’occasion de la troisième session du Comité de pilotage dudit projet.
Grâce à sa participation dans l’amélioration des conditions de vie des populations et à la croissance économique, le secteur agricole joue un rôle stratégique important dans la stabilité économique et sociale de notre pays. Le secteur, selon le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture qui présidait la cérémonie, emploie près de 80 % des actifs du pays et contribue pour 23 % à la balance commerciale. Mais ce rôle de maintien de l’équilibre social et économique du secteur agricole est fortement handicapé par un certain nombre de facteurs qui tiennent à la forte vulnérabilité des exploitations agricoles aux aléas climatiques incluant sécheresses, inondations et faibles crues. Les risques majeurs liés aux déprédateurs ; le faible niveau d’alphabétisation des producteurs agricoles ; la faible maîtrise des problèmes environnementaux sont également cités par Amadou Abdoulaye MAIGA comme des facteurs plombant les efforts du secteur agricole.
Le représentant du ministre a souligné d’autres facteurs limitants, allongeant ainsi la liste des phénomènes qui menacent le secteur agricole. Il s’agit de : la problématique du foncier agricole ; le faible accès des producteurs au crédit ; le faible niveau de financement du secteur ; l’insuffisance du système d’appui-conseil ; le faible niveau de formation des producteurs.
Face à ces contraintes qui fragilisent la sécurité alimentaire, le gouvernement a entrepris un vaste programme de réformes dont l’objectif est non seulement d’inverser la tendance négative, mais également de dynamiser le secteur afin de le rendre plus performant. Au nombre de ces réformes, il a évoqué la Loi d’orientation agricole qui, selon lui, se veut un instrument directif et fédérateur pour l’ensemble des dispositions législatives et réglementaires touchant les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la forêt. La Politique de développement agricole (PDA) élaborée en 2013 et son outil d’opérationnalisation, le Plan national d’investissement du secteur agricole (PNISA) adopté en 2015 ont également été évoqués par le président de la séance.
Le Projet 1 du Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2RS), objet de cette troisième session du comité national, concerne l’ensemble des pays membres du CILSS : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cap Vert, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Il sera mis en œuvre sur une durée de 20 ans, en phases successives de 5 ans, dans le cadre de la réalisation de l’objectif « Zéro faim en 2032 » de l’Alliance globale pour la résilience au Sahel (AGIR). Le projet 1 du P2RS concerne en termes d’investissement, les sept pays sahéliens les plus affectés par les crises alimentaires : le Burkina, la Gambie, le Mali, la Mauritanie, le Niger le Sénégal et le Tchad.
Officiellement lancé le 16 décembre 2015, il doit contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel et accroître, sur une base durable, la productivité et les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques au Sahel.
Le programme s’exécutera à travers quatre projets de cinq ans chacun et à travers trois composantes : développement des infrastructures rurales ; développement des chaines de valeur et des marchés régionaux ; et gestion du projet.
Le coût du projet pour le Mali se chiffre à 31,94 milliards de FCFA répartis comme suit : 27,15 milliards du Fonds africain de développement (FAD) en prêt et don chacun (soit 85 %), 4,14 milliards pour le Gouvernement du Mali (13 %) et 650 millions pour les bénéficiaires (2 %).
Le P2RS a enregistré son premier décaissement sur le fonds FAD, le 23 octobre 2015.
Les activités menées par la composante en 2017, selon le N° 2 du département, ont concerné essentiellement la poursuite de la mise en œuvre des préalables incontournables des projets agricoles pour une bonne programmation et un démarrage effectif des activités sur le terrain. C’est dans ce cadre que le projet a réalisé plusieurs activités au nombre desquelles : la mise à jour et la publication de l’Avis général de passation de marchés ; la finalisation de l’élaboration du manuel de procédure administrative financière et comptable du Projet ; la finalisation de la signature de conventions avec 13 Directions techniques partenaires et la mise à leur disposition des fonds pour le déroulement des activités ; la réalisation de l’audit de l’exercice comptable 2016 et son approbation par le bailleur.
Selon Amadou Abdoulaye MAIGA, l’année en cours a été également consacrée à la tenue des comités techniques de suivi régional de Kayes et Koulikoro ; le recrutement de bureaux ingénieurs conseils pour les études, contrôles et surveillances des travaux de réalisation des points d’eau et des infrastructures et aménagements ruraux ; le lancement du DAO et la signature des marchés de 168 forages positifs dans les régions de Kayes et Koulikoro.
En dévoilant l’ambition du projet qu’il dirige, le Coordinateur du P2RS a indiqué que l’année 2018 sera consacrée à l’élaboration au démarrage effectif des activités du P2RS sur le terrain. Avec un budget prévisionnel de 11,754 milliards de FCFA, l’exercice 2018 sera essentiellement consacré au financement des travaux qui ne nécessitent pas d’étude au préalable, les études des travaux de réalisation des infrastructures hydroagricoles, des acquisitions de biens et des services et des conventions avec les Directions techniques.
Voilà pourquoi il s’agissait pour les membres du comité de pilotage, au cours de leurs travaux, de plancher sur le projet de programme de travail et de budget annuel 2018, mais surtout de formuler des recommandations visant à l’amélioration de sa mise en œuvre.