C’est dans cette perspective que le président français, Emmanuel Macron, a entamé sa participation au sommet Afrique-UE par une minitournée en conquérant.
Insinué par le président malien Ibrahim Boubacar Keita dans un discours télévisé à Bamako, alors que le Parlement l’avait déjà adopté en juin dernier, le report de l’élection des collectivités territoriales a été confirmé avant-hier par le Conseil des ministres. Ainsi donc, l’élection prévue pour le 17 décembre prochain a été ajournée à avril 2018.
Outre le Parlement et la Présidence qui avaient opté pour le report, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), signataire de l’accord d’Alger pour la réconciliation et la paix au Mali, l’avait également demandé en octobre dernier pour “des raisons sécuritaires” qui ne permettent pas la tenue de ce scrutin local dans les régions du nord du pays. Outre le préalable du retour des réfugiés dont découlera, naturellement, la révision des listes électorales qui n’a, d’ailleurs, pas été effectuée. Des raisons, somme toute, objectives compte tenu du climat politique régnant à Bamako avec un président IBK sous pression de l’opposition et de la société civile, et sécuritaire avec la recrudescence des attaques terroristes et des tensions entre les groupes rebelles et les nouveaux groupes récemment créés qui tentent de s’imposer sur le terrain pour être intégrés dans le processus de mise en œuvre de l’accord de paix.
Et le Conseil des ministres de reprendre l’argument d’IB Keïta justifiant le report, en soulignant que cet ajournement “permettra d'ouvrir un espace de dialogue devant aboutir à un consensus afin d'organiser des élections inclusives dans un climat apaisé”, est-il indiqué dans le document du Conseil des ministres, selon l’APS.
Quand bien même cette initiative obéirait à des considérations objectives compte tenu de la situation du pays, une situation politique confuse, un processus de mise en œuvre de l’accord de paix dans l’impasse et une situation sécuritaire dégradée au point que les attentats ont touché même le centre du pays et le nord n’est toujours pas sous contrôle des autorités. Cela alors que tous les voyants économiques sont au rouge, Bamako ne semble, cependant, pas enclin ou n’a pas la volonté de tenir ses engagements pris dans le cadre de l’accord d’Alger. Remarque faite également par le commandant de l’opération Barkhane, Bruno Guibert, qui a accusé, dans les colonnes du journal Le Monde, Bamako de ne rien faire et de bloquer le processus.
Soit ! Mais l’opération Barkhane, et avant elle Serval, a contribué d’une certaine manière à cette situation, sachant que son objectif est de reprendre pied dans cette sous-région, et surtout de contribuer à bunkériser les forces de l’ONU, la Minusma, devenues la cible des groupes terroristes. Et l’opération française en phase de révision de sa stratégie est partie pour rester encore plus longtemps. Autrement dit, la France va accompagner l’agenda politique malien.
Ainsi, elle sera un acteur dans les processus politiques, notamment l’élection présidentielle, mais surtout dans la stabilisation du Nord dans le cadre de sa nouvelle stratégie de Barkhane, qui viendra en appoint aux forces du G5 Sahel, d’inspiration française, qui commence à se former.
Et c’est dans cette perspective que le président français Emmanuel Macron a entamé sa participation au sommet Afrique-UE par une minitournée en conquérant. Des pays aux calendriers politiques importants qui interviennent durant son mandat. Et dont l’issue dépend aussi, comme il est de tradition, de la position de la France. C’est d’autant plus valable pour le Mali que le président IBK, un pro-Français avéré, veut postuler pour un autre mandat.
Et ce report, devant ouvrir la voie à la concertation, devrait offrir un répit au président IBK pour, éventuellement, relancer la mise en œuvre de l’accord de paix, tout en préparant sa candidature à sa propre succession.