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Leçon de géopolitique : Quand la géopolitique influe sur la célébration du Maouloud
Publié le jeudi 30 novembre 2017  |  Infosept
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de remise de dons aux femmes veuves des militaires
Dans le cadre du mois de la solidarité, l`Imam Chérif Ousmane Madane Haidara a procédé à la remise des dons aux femmes veuves des militaires, le 16 Octobre 2017.
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Alors que la Umma islamique s’apprête à fêter le Maouloud (ou le Mawlid), célébration commémorant la naissance du prophète de l’Islam, Mohamed Paix et Salut sur lui, cette année, un fait de taille est à noter. Géopolitique oblige !

Il est bien connu que l’Arabie Saoudite, berceau du wahhabisme mais aussi l’Iran chiite, voient d’un très mauvais œil la célébration du Maouloud. Au moins jusqu’à récemment pour le Royaume des Saoud. Ce dernier bien qu’interdisant pas de manière officielle sa célébration, se rangeait passivement du côté des Moutawas, cette milice religieuse chargée de la bonne application de la Charia et qui voit en cette fête une innovation blâmable, voire Haram.

Quant au pays des Ayatollah, en tant que le plus grand Etat chiite au monde, il ne peut non plus autoriser une telle fête puisque sur le plan de la doctrine religieuse, les adeptes de ce courant de l’Islam ne jurent que par Ali, compagnon du prophète et quatrième calife de l’Islam. Cependant, les récents remous sur le plan de la géopolitique a sensiblement bougé les lignes. Et les répercussions se font sentir jusqu’au Mali.

Malgré le fait que le Mawlid est célébré dans la majorité des pays musulmans, l’Arabie Saoudite et l’Iran faisaient de la résistance. Mais, avec la montée en flèche de la rivalité entre ces deux pays dans la région du Moyen-Orient, la carte doctrinale du monde musulman connait un certain bouleversement. Surtout après l’annonce du jeune et réformateur prince héritier du royaume saoudien de lutter de manière implacable contre l’extrémisme religieuse. Une telle lutte est aussi un combat contre le wahhabisme ! Le fait est assez important pour être souligné d’autant plus que les wahhabites ont été les premiers alliés de la dynastie Al Saoud, au moment de la réunification du Royaume.

En début de semaine, le pays a formé une coalition de 40 pays musulmans pour lutter contre le terrorisme. Certes, la volonté de lutter contre les germes du péril salafiste est réelle en Arabie Saoudite. Mais, par cet acte, le Royaume veut également combattre son ennemi juré qui n’est autre que l’Iran. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Sur le plan militaire, les deux pays s’opposent au Yémen. Du côté de la diplomatie, le Royaume a plus d’alliés. Reste maintenant à renforcer sa relative avance sur le plan de la doctrine religieuse. Car même si la majorité des musulmans du monde sont sunnites, notamment en Afrique, ils n’ont pas tous forcément des affinités avec le courant wahhabite.

C’est pour cela que, dorénavant, pour marquer une rupture encore plus manifeste avec l’Iran, tout en se rapprochant des autres pays musulmans, le Royaume autorise désormais la célébration du Maouloud sur son territoire. De quoi isoler encore plus l’Iran dans son schisme puisqu’en tant que chiite, le pays peut très difficilement autoriser la célébration du Mawlid. Cette ouverture doctrinale de l’Arabie Saoudite date depuis bien avant l’annonce de son prince héritier de lutter contre l’extrémisme.

Au Mali, depuis 2 ans, bon nombre de fidèles musulmans ont remarqué que les mosquées classées d’obédience wahhabite sont moins virulentes que par le passé à condamner la célébration du Maouloud. D’autres mosquées préfèrent tout simplement occulté le sujet. Signe que beaucoup de lieux de culte suivent quasi aveuglement les instructions de leur mère-patrie religieuse, l’Arabie Saoudite.

Maintenant que le Royaume saoudien met de l’eau dans son thé sur le plan doctrinal, il est intéressant d’observer les agissements des religieux wahhabite, notamment ceux d’Afrique, plus prompts à condamner qu’à rechercher en profondeur, l’essence de telle ou telle bonne innovation. Car en Islam, en plus des mots employés, dans la Sunna comme dans le Coran, le contexte doit être pris en compte. Et la majorité des savants musulmans sont d’accords sur le fait qu’une innovation dans la religion peut être bonne. Comme c’est le cas du Mawlid que des extrémistes qualifient du « noël » des musulmans hérétiques.

Ahmed M. Thiam
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