Une personne toutes les 17 secondes est infectée par le virus du Sida, dans le monde. Les deux-tiers de ces nouvelles infections se concentrent en Afrique. Au Mali, il y a eu de grands progrès en matière de dépistage de femmes enceintes, mais il reste encore des populations non sensibilisées.
Le 1er décembre marque la journée mondiale de lutte conte le Sida. L'occasion pour l'Onusida de rappeler qu'une personne est contaminée par le virus toutes les 17 secondes dans le monde, ce qui représente 5000 nouvelles infections par jour. En 2016, environ 1,8 million de personnes ont ainsi été infectées par le virus du sida dans le monde.
Deux infections sur trois ont lieu en Afrique. En Afrique de l'Ouest et du Centre, notamment au Mali, seuls 35% des malades sont soignés et ont accès aux trithérapies. Parmi les premières victimes du sida : les enfants, infectés par leur mères.
ara Schlegel s'est rendue au Mali pour ce reportage, avec le réseau CoalitionPlus à la rencontre de l'ONG Arcad-Sida qui prend en charge plus de 22 000 malades, soit la moitié environ des personnes séropositives qui ont accès à un traitement. Le combat d'Arcad a commencé en 1994. A l'époque, contre l'avis du gouvernement malien, les médecins et infirmiers bénévoles d'Arcad allaient, à domicile, soigner ces malades stigmatisés, comme l'explique Bintou Keita Dembélé, l'une des fondatrice d'Arcad-Sida.
A cette époque là, effectivement, annoncer le sida ça équivalait à annoncer la mort, parce qu'il n'y avait pas de solution. Mais nous on n'était pas d'accord avec cette vision là. Pour nous il fallait informer le patient, arrêter la chaîne de transmission, soigner les infections opportunistes, permettre au patient d'avoir une meilleure qualité de vie auprès des siens.
En 2006 quand le Fonds Mondial de lutte contre le sida est arrivé au Mali, ce fut une révolution, raconte Bintou.
Le changement a été spectaculaire, l'arrivée de ces fonds là a sauvé les Maliens, a sauvé la lutte contre le sida au Mali, a montré qu'il est possible avec plus de moyens de faire mieux et de faire plus.
Dès le début les personnes vivant avec le VIH ont été associées à la lutte contre la maladie et aujourd'hui encore, elles militent, au sein de l'association, pour sensibiliser leurs semblables. Ainsi les adolescents malades -devenus pairs éducateurs - aident les jeunes à prendre conscience de leur statut et à bien observer leurs traitements.
Arcad-Sida oeuvre au Mali depuis 1994.
La question du dépistage des femmes enceintes est forcément centrale. Leur accès aux traitements ARV est, là encore, très insuffisant au Mali. Pas plus de 35%, quand en France on avoisine les 95% de femmes enceintes soignées. Or une femme dépistée et soignée ne transmet pas le virus à son bébé. Arcad-Sida mène donc, en collaboration avec les autorités maliennes et les hôpitaux de Bamako, une grande campagne de sensibilisation des futures mamans.
Le docteur Youssouf Traoré, gynécologue à l'hôpital Gabriel Touré de Bamako explique comment une maman bien traitée ne transmet pas le VIH à son bébé.
Écouter
Écouter Dr TraoréDr Traoré
Malheureusement bien des femmes refusent de se laisser dépister par peur d'être stigmatisées ensuite au sein de leurs familles. Elles sont souvent les premières victimes de l'inégalité qui règne entre les hommes et les femmes, comme le rappelle Bintou Dembele