Les parlementaires français doivent décider de la suite à donner à l'opération Serval, quatre mois après le début de l'offensive.
Le Parlement doit se prononcer lundi 22 avril sur la prolongation de l'opération militaire française au Mali, dont le dispositif est peu à peu allégé, près de quatre mois après le début des combats contre les groupes islamistes qui occupaient le nord du pays. Le vote des parlementaires ne devrait pas réserver de surprise, députés et sénateurs ayant jusqu'à présent soutenu massivement l'intervention.
Après le démantèlement des réseaux jihadistes par les forces françaises, l'incertitude sur le processus de réconciliation malien et l'avenir politique du pays, clé d'une stabilisation de la région, devraient être au coeur des débats.
Fin février, un large consensus s'était dégagé lors d'un premier débat sur l'opération Serval. Ce lundi, la discussion sera cette fois suivie d'un vote, l'article 35 de la Constitution stipulant que quand la durée d'une opération extérieure excède quatre mois, sa prolongation est soumise à l'autorisation du Parlement.
L'intervention française a débuté le 11 janvier, mais les vacances parlementaires programmées dans la première quinzaine de mai ont conduit à avancer le débat. Les soldats français sont actuellement un peu moins de 4 000 au Mali, mais leur retrait a débuté mi-avril avec le retour en France d'une centaine d'hommes. Cinq avions de chasse, Rafale et Mirage 2000 D, ont également été désengagés.
Un retrait dont le président François Hollande a répété vendredi qu'il sera «progressif» en «fonction de la situation».
«Dès lors que nous avons libéré l'ensemble du territoire, sécurisé la totalité des villes, nous n'avons plus à avoir la même présence (...) En même temps, nous devons nous assurer que les troupes - africaines notamment - vont avoir la même efficacité», ce qui «prendra du temps», a-t-il fait valoir.
1000 hommes pour une durée indéterminée
Selon le calendrier fixé par le gouvernement, les effectifs français devraient être ramenés à 2.000 hommes en juillet et à un millier fin 2013, pour une durée indéterminée.
Cette force «parallèle» pourrait intervenir au côté de la mission de stabilisation de l'ONU qui doit se mettre en place, «pour lutter contre le terrorisme».
La Commission de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat s'est déjà prononcée mardi pour la prolongation de l'intervention française. Dans un rapport adopté à l'unanimité par la commission, les sénateurs Jean-Pierre Chevènement (RDSE) et Gérard Larcher (UMP) appellent en revanche à «consolider d'urgence le processus de réconciliation malien».
«Le dialogue avec le nord, qui n'a pas commencé, est le noeud gordien de la reconstruction de l'Etat et de la refondation politique du Mali», écrivent-ils. La volonté des autorités maliennes à promouvoir "une véritable réconciliation" n'étant pas, selon eux, totalement avérée.
Paris veut la tenue d'élections en juillet au Mali, pour restaurer une légitimité démocratique à Bamako. Mais le dialogue entre les autorités maliennes et les populations du nord, notamment les Touaregs, tarde à se mettre en place.
Sur le terrain, l'armée française poursuit ses opérations dans le nord, notamment dans la région de Gao, parallèlement au début de retrait. Des opérations, selon l'état-major, «de sécurisation des zones reprises», au cours desquelles les jihadistes évitent généralement tout contact avec les forces françaises.