Le conseil des ministres du dimanche 26 novembre 2017 a décidé de reporter les élections communales partielles, celles des conseillers de cercle, de régions et du district de Bamako initialement prévues pour le 17 décembre au mois d’avril 2018. Une décision de report sans surprise. Car depuis quelques jours la rumeur annonçait ce report. Le communiqué officiel du conseil des ministres le justifie par le souci des autorités maliennes de permettre à tous les acteurs concernés de disposer de temps de discussion nécessaire afin d’apporter des réponses aux préoccupations exprimées. « Cette perspective permettra d’ouvrir un espace de dialogue devant aboutir à un consensus afin d’organiser des élections inclusives dans un climat apaisé », peut-on lire dans le communiqué officiel. Ce report qui est intervenu à quatre jours de l’ouverture de la campagne, illustre parfaitement la gouvernance instaurée après la tragédie de 2012 au Mali. En outre, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme avaient fait part de leur opposition à la tenue de ces échéances électorales dans les régions qu’elles qualifient d’Azawad.
Le gouvernement a pris pour prétexte les positions de ces groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation et les inquiétudes soulevées par certains partis politiques. Et pourtant ces groupes armés n’ont pas été écoutés en 2016 lors de l’organisation des élections communales.
En convoquant le collège électoral le 9 octobre dernier, le gouvernement du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a fait fi des préoccupations des uns et des autres. Il a fermé les yeux sur la situation sécuritaire du pays qui ne cesse de se dégrader. Une démarche responsable devrait amener le gouvernement à écouter les groupes armés, les partis politiques de toutes les tendances, les organisations, sur la possibilité de la tenue de ces échéances électorales avant toute convocation du collège électoral.
Ce report des élections locales et régionales au mois d’avril 2018 provoque un inquiétant glissement du calendrier électoral. Conformément à la Constitution, l’élection présidentielle doit impérativement avoir lieu au mois de juillet 2018. Serait-il possible pour le gouvernement d’organiser, en l’espace de deux mois, deux scrutins ? Le Trésor public peut-il supporter la tenue de deux scrutins ? Ne serait-il pas sage de la part du gouvernement de privilégier plutôt la présidentielle aux locales et régionales ? Le fichier électoral du Mali est-il fiable ? Où sont les 900 000 cartes Nina supplémentaires signalées par un rapport du Bureau du Vérificateur Général du Mali ? Pourquoi un enrôlement des nouveaux majeurs alors que ceux-ci sont censés être dans la base des données du Ravec ? Voilà quelques interrogations qui méritent une réflexion plus sérieuse.
La gouvernance actuelle pêche beaucoup par l’incapacité des détenteurs de la légitimité populaire à répondre aux attentes du peuple et surtout leur amateurisme dans la prise des décisions. C’est une lapalissade de dire que le Mali est dans l’œil du cyclone. Il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas une gouvernance pareille qui peut tirer le pays vers le haut et pouvoir tenir tête à la communauté internationale. L’évolution très négative de la situation du pays prouve sans doute l’incompétence de l’actuelle équipe dirigeante à faire face aux défis majeurs de l’heure dont le plus urgent est l’existence de la nation. Les magiciens et autres petits apprentis sorciers tapis dans l’ombre privilégiant leurs intérêts égoïstes, doivent arrêter de nier l’évidence en décidant de regarder la réalité en face.
A ce rythme, il n’y aura ni d’élections locales ou régionales encore moins une présidentielle en juillet 2018.