Le mardi dernier, le président Emmanuel Macron s’est adressé à la jeunesse estudiantine burkinabè avant de se soumettre à ses questions. Un exercice inédit pour un Chef d’Etat français dans un pays africain, discutant de tous les sujets, même ceux qui fâchent actuellement comme la question du Franc CFA. Lors de son intervention, si la jeunesse africaine a été indubitablement au centre, force est de constater que ses réactions sont demeurées très mitigées. Lorsque les uns continuent d’être pessimistes quant à la réalisation d’un partenariat égalitaire avec l’ancienne métropole, les autres gardent espoir.
Pourtant, Emmanuel Macron refuse d’être venu défendre la politique africaine de la France. Pour la simple raison qu’il estime qu’il n’y aura plus de politique française en Afrique. Ce, dans la mesure où la France propose désormais un partenariat égalitaire pour le développement et non l’aide au développement comme ce fut le cas par le passé. Mais de telles bonnes déclarations et bonnes intentions suffisent-elles pour que s’instaure un partenariat égalitaire entre l’ancienne métropole et ses anciennes colonies ?
Le président Macron qui gouverne aujourd’hui la France, est un jeune homme de quarante ans qui n’a ni connu l’ère coloniale, ni les dix premières décades d’après indépendance des pays africains (ayant majoritairement accédé à la souveraineté internationale en 1960). A ce titre, même s’il est prêt à innover les relations franco-africaines en rompant avec les anciennes pratiques de ses prédécesseurs, il serait un leurre pour la jeunesse africaine de croire qu’il viendrait dans le continent noir pour une simple raison de philanthropie. N’est-il pas en compagnie des patrons de multinationales françaises ?
Comme tout président français, Macron va d’abord devoir défendre les intérêts économiques et stratégiques de son pays. Ce qui passe forcément par la vente de ses services à l’extérieur, à l’instar de Barkhane pour la sécurité du Sahel mais aussi favoriser l’implantation d’entreprises hexagonales en Afrique. Ainsi, quoi qu’il veuille faire croire, sa visite africaine au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana, n’est autre qu’une visite d’affaires. Et ce ne sont que les intérêts français qui vont réellement compter pour lui. Alors, il revient aussi à nos chefs d’Etat et décideurs d’apprendre à défendre les intérêts de leurs pays pour aller dans le sens de ce partenariat égalitaire tant voulu par les africains. Personne d’autre ne pourrait l’offrir à leur place. Même pas « l’enfant de cœur » Macron !