La série de reports des élections régionales n’a connu son épilogue. Après le report des scrutins du 25 octobre 2015, le Gouvernement a encore récidivé dans ses faux rendez-vous électoraux, le 26 novembre 2017, à la suite du report des élections couplées du 17 décembre 2017, renvoyées au mois d’avril 2018. Une deuxième du genre qui intervient en pleine gestion du contentieux des listes de candidatures. Car, selon le 1er vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Pr Salikou Sanogo, suite à la réunion du cadre de concertations du 15 novembre 2017, le Ministre de l’Administration territoriale déclarait : « on retient qu’il y a 2056 candidats pour l’élection des conseillers communaux, 6603 candidats pour l’élection des conseillers de cercle et 1083 candidats pour l’élection des conseillers de régions et du District ». Mais contre toute attente, explique-t-il, lors de la réunion du 15 novembre 2017, les partis politiques de la majorité présidentielle qui avaient auparavant exigé l’organisation des élections avant la fin de l’année 2017, ont été les seuls à solliciter vigoureusement le report des scrutins. Résultat : le Conseil des Ministres du 26 novembre 2017 a, favorablement, répondu à leur demande en décidant de les suivre au motif qu’ils « ne seront pas inclusifs ». Face à ce brusque changement de veste des partis de la mouvance présidentielle soutenue par le Gouvernement alors que le Premier ministre avait annoncé publiquement, il y a quelques jours, que toutes les conditions étaient réunies pour la tenue desdites élections, les responsables du parti URD se posent les questions de savoir : « Le Gouvernement a t-il ignoré le caractère inclusif d’un tel processus au moment où il convoquait le collège électoral ? Si oui pourquoi ? Si non pourquoi convoquer le collège électoral ? Qu’est ce qui s’est réellement passé entre le 09 octobre 2017, date de la convocation du collège électoral et le 26 novembre 2017, date à laquelle les scrutins ont été reportés ? ». Voilà autant d’incohérences dans la démarche du Gouvernement qui conduisent, aujourd’hui, les responsables du parti du chef de l’opposition à conclure : un grotesque complot visant à nuire aux candidats par la dilapidation de leurs maigres ressources. Ils l’ont faits savoir aux journalistes lors d’une conférence de presse animée par Me Demba Traoré au siège du parti, le jeudi 30 novembre 2017.
Dans son liminaire, Salikou Sanago indique cette attitude du Gouvernement révèle au grand jour son amateurisme, son incompétence et son incapacité à organiser des élections, d’une part, son mépris vis à vis des Maliens et sa volonté manifeste de nuire aux candidats par la dilapidation de leurs maigres ressources, d’autre part. « Nul besoin de vous rappeler qu’aux termes de l’article 79 de la loi électorale, je cite: “Dans les quarante-huit(48) heures qui suivent la déclaration de candidature, le mandataire de chaque candidat ou liste de candidats doit verser, entre les mains du Receveur du Trésor, une participation non remboursable aux frais électoraux dont le montant, à l’exception de l’élection présidentielle, est fixé par décret pris en Conseil des Ministres…” Fin de citation ». En application de cet article, poursuit-il, 39.458.000FCFA ont été payés par les candidats entre les mains du receveur du Trésor et plus de 7.000.000FCFA pour l’obtention des casiers judiciaires. « C’est pourquoi l’URD prend date avec l’histoire et tient le Gouvernement pour responsable de tous les désagréments que cette situation chaotique causera à nos braves populations déjà meurtries et abandonnées », regrette le conférencier.
Les raisons du doute
Selon le 1er vice-président de l’URD, les partis politiques ont donné leur accord pour la tenue des élections le 17 décembre 2017 après avoir obtenu toutes les assurances du ministre de l’Administration territoriale quant à sa capacité à pouvoir respecter la date. « A toutes les inquiétudes soulevées ce jour par les partis politiques notamment ceux de l’opposition relativement aux aspects sécuritaires et techniques, le Ministre a apporté des apaisements.
Après la convocation du collège électoral, le dernier délai pour le dépôt des listes de candidatures a été fixé au 02 novembre 2017.
Suite à la réunion du cadre de concertation du 15 novembre 2017, le Ministre de l’Administration Territoriale a rappelé qu’au total, on retient qu’il y a 2056 candidats pour l’élection des conseillers communaux, 6603 candidats pour l’élection des conseillers de cercle et 1083 candidats pour l’élection des conseillers de régions et du District. La conviction et la détermination des militants et responsables de l’URD ont permis à notre Parti d’être en compétition dans le District de Bamako, dans 7 régions sur 8 ( à l’exception de Kidal) 44 cercles sur 49 et 35 communes sur les 59.
Contre toute attente, au cours de la réunion du 15 novembre 2017, les partis politiques de la majorité présidentielle qui avaient auparavant exigé à hue et à dia l’organisation des élections avant la fin de l’année 2017, ont été les seuls à solliciter mordicus le report desdites élections.
Finalement le 26 novembre 2017, le Gouvernement a décidé de reporter les scrutins au mois d’avril 2018 au motif qu’ils ne seront pas inclusifs alors que le Premier ministre avait annoncé publiquement il y a quelques jours que toutes les conditions étaient réunies pour la tenue desdites élections.
L’URD a pris acte de cette décision que tout le monde subodorait déjà au vu des semblants de concertations organisées par le Ministre de l’Administration Territoriale, de l’impréparation des scrutins, et aussi et surtout de la réticence de certains groupes armés que le Gouvernement a échoué à convaincre.
C’est la deuxième fois qu’en pleine gestion du contentieux des listes de candidatures que le Gouvernement reporte les mêmes scrutins », dénonce Salikou Sanogo.
Il estime que le Ministre de l’Administration territoriale doit démissionner après avoir brillé par son incompétence et son incapacité à exécuter correctement sa mission.
Autre motif du doute de l’URD : la décision du Gouvernement de procéder au renouvellement de plus de la moitié du corps préfectoral, de la totalité des préfets des régions de Kayes et Tombouctou, de la moitié des Directeurs de cabinet des Gouverneurs de Région en plein déroulement du processus électoral.
« C’est pourquoi nous avons compris, qu’ayant pris peur de la sanction que le Peuple allait infliger à ses listes, le Gouvernement a préféré reculer pour préparer un gigantesque plan de confiscation du suffrage des Maliens lorsque l’on sait que sur instruction n°001398-MAT-SG du 09 octobre 2017, le Ministre de l’Administration Territoriale autorisait les commissions de centralisation des résultats des scrutins, dominées et dirigées par les représentants de l’Etat, à procéder ” à l’annulation totale ou partielle des résultats de certains bureaux de vote ” empiétant du coup sur les prérogatives des autorités judiciaires », condamne le professeur.
Et de dire que l’URD mettra tout en œuvre, de concert avec tout citoyen épris de paix et de justice, toutes les organisations politiques et de la société civile soucieuses de l’avenir du Pays, tous les démocrates pour empêcher le Gouvernement de mener le pays vers le chaos.