Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Procès Verbal N° 208 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles


Comment

Politique

Les élections en danger ? La CENI demande le report, Django refuse
Publié le lundi 22 avril 2013  |  Le Procès Verbal


© aBamako.com par as
ELECTION: Rencontre de la CENI, les partis politiques et la société civile
03/10/2012 . Bamako. Salle de conférence du Gouvernorat du District. Mamadou Diamoutani, President de la Commission Electorale Nationale Independante (CENI)


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Alors qu’une partie de la classe politique malienne reste sceptique sur la possibilité de tenir de bonnes élections en juillet 2013, le gouvernement et la CENI échangent des correspondances peu amènes sur le respect de l’échéance annoncée. Dans le même temps, la France met la pression afin de doter le pays d’institutions élues et d’enrayer le discours de ceux qui l’accusent d’aider un « régime putschiste ».

Les élections générales de 2013 commencent à devenir une pomme de discorde entre la CENI et le gouvernement malien. Le calendrier électoral que le gouvernement a fixé a été révélé par votre journal dans sa dernière livraison:

- le collège électoral sera convoqué le 8 mai 2013;

- la date limite de dépôt des candidatures à la présidentielle est fixé au 7 juin 2013;

- la campagne électorale présidentielle débute le 16 juin 2013;

- le premier tour de l’élection présidentielle se tiendra le 7 juillet 2013;

- le second tour de l’élection présidentielle se tient le 21 juillet 2013;

- Le 1er tour des élections législatives se tiendra le 8 septembre 2013;

- le second tour des élections législatives se tiendra le 29 septembre 2013

- le couplage des deux élections (présidentielle et législatives) est abandonné.

On le voit, le calendrier électoral retenu s’avère des plus étroits et la CENI, chargée par la loi électorale de superviser les élections s’estime incapable de le faire. Dans quatre lettres successives adressées au Premier ministre, le président de la CENI, Mamadou Diamouténé, a demandé un report des élections. I
l invoque, à chaque fois, une insuffisance de fonds. Au reste, certains de ses propos sont repris par nos confrères de Jeune Afrique (livraison du 31 mars au 6 avril 2013): « Nous n’avons rien; ni budget, ni agenda.
Les préalables pour les élections ne sont pâs réunis. Tout est urgent. Que chacun prenne ses responsabilités! ». La logique voudrait que le sieur Diamouténé démissionne dès à présent puisqu’il estime son institution incapable de faire son devoir.
En ne le faisant pas, il se prive de la possibilité de justifier les éventuelles carences de la CENI dans le cadre du processus électoral.

En tout état de cause, l’insuffisance de moyens invoquée par Diamouténé ne convainc nullement le Premier ministre. Les services de la primature soulignent que la CENI est chargée, non d’organiser matériellement les élections, mais plutôt de les superviser.
Pour ce faire, les mêmes services rappellent que la CENI a bel et bien des moyens suffisants, ayant déjà reçu, sous le président ATT, une bonne partie des 6 milliards de FCFA quelle avait budgétisés. « Pourquoi faudrait-il faire pleuvoir des milliards supplémentaires sur la CENI alors que son principal travail consistera à déployer des re’présentants dans les différents bureaux de vote ? », s’interroge un responsable gouvernemental.

Le gouvernement, pour sa part, ne laisse planer aucun doute: les élections se tiendront vaille que vaille selon le calendrier prévu. Déjà, 25 milliards de FCFA ont été mobilisés auprès des bailleurs de fonds, dont l’Union européenne.
Cet argent servira en grande partie à financer l’établissement des cartes d’électeurs Nina: les appels d’offres en vue de l’attribution de ce marché gigantesque de 9 milliards sont en cours.
Les cartes Nina seront établies par un opérateur qualifié sur la base du fichier électoral issu du RAVEC (Récensement administratif à vocation d’état-civil), le seul fichier qui fasse, par sa qualité, l’unanimité au sein de la classe politique. Une source officielle nous révèle: « En fin mars 2013, le fichier RAVEC a été arrêté.
Aucun nouvel enregistrement ne s’y fera plus. Les seules opérations qu’il subit désormais ont trait à la correction des petites erreurs de frappe ou techniques. C’est un bon fichier car il ne s’y trouve aucun doublon et l’identification des électeurs, photos à l’appui, n’est sujette à aucune fraude.
La principale lacune du fichier RAVEC, c’est qu’il ne récense que 30% des Maliens de l’extérieur. Parmi les Maliens de l’extérieur enregistrés, la majorité provient de la diaspora malienne de Côte d’Ivoire.De plus, 300 000 jeunes Maliens qui viennent d’atteindre l’âge de voter ne peuvent entrer dans le fichier « .
Les candidats sont donc avertis: pour gagner des voix maliennes à l’étranger, mieux vaut ne pas aller perdre son temps au Rwanda ou en Indonésie !

En vérité, le gouvernement malien subit une pression constante de la France pour le respect de l’échéance de juillet 2013. On se souvient que le 27 mars dernier, dans un entretien à la chaîne publique France 2, le président français Hollande, au risque de blesser le nationalisme malien, a déclaré qu’il se montrera « intraitable » sur la tenue des élections en juillet.Hollande ne supporte pas ceux qui, comme son prédécesseur Sarkozy, l’accusent d’être venu au secours d’un « régime putschiste » qui, malgré ses allures civiles, subit le diktat d’une junte militaire tapie dans l’ombre.
François Hollande, qui tient aussi à désengager les troupes françaises du Mali et à passer le relais au 11.200 soldats de l’ONU, ne peut convaincre l’institution mondiale d’intervenir dans un pays dépourvu d’un président démocratiquement élu.
Et quand le libérateur du Mali se montre « intraitable » sur un sujet, le gouvernement malien n’a vraiment plus le choix: il tiendra les élections, qu’il neige ou qu’il vente!

Nuit et jour le ministre de l’administration territoriale et la délégation générale aux élections (DGE) sont sur la brèche. Un cadre du ministère nous confie: « Beaucoup d’isoloirs, d’urnes, d’encre et de métériel électoral avait été acquis sous ATT; une grande partie reste entre nos mains même si beaucoup de matériels ont été perdus au nord, du fait de la guerre. ».
Une cellule spéciale a été créée à Koulouba, placée sous la présidence du secrétaire général de la présidence, Ousmane Sy.
Elle ne cesse de harceler l’administration territoriale et garde une sentinelle omniprésente à toutes les réunions touchant à la question électorale.

Il faut savoir que les 25 milliards disponibles constituent une portion seulement du budget global des élections: 63 milliards de FCFA! S’agissant des Maliens déplacés ou réfugiés dans les pays voisins, le gouvernement envisage d’envoyer des délégations dans ces pays hôtes, d’abord pour les prier d’accepter le vote des Maliens présents sur leur territoire; ensuite pour organiser les élections sous les tentes de réfugiés.
Bien entendu, les réfugiés qui n’auront pas, au préalable, été enregistrés dans le fichier RAVEC ne voteront pas.

Si la tenue des élections en juillet a des avantages certains, elle risque de soulever toutefois des contestations sérieuses. Un candidat potentiel comme l’ancien Premier ministre ZoumanaSacko prétend renoncer à sa candidature tant que la région de Kidal n’aura pas été libérée.
Un candidat comme MountagaTall dit craindre une « crise post-électorale à l’ivoirienne ». Ousmane Ben Fana Traoré, potentiel candidat du PCR, se demande à haute voix si l’on pourra redéployer l’administration malienne dans les localités du nord avant juillet.
La COPAM, connue pour ses positions radicales et assez anarchistes, estime que le pays ne saurait aller à des élections avant la tenue de concertations nationales destinées à dégager une feuille de route pour la transition on croit rêver! Enfin, juillet pourrait coïncider avec l’hivernage, une période peu propice à la mobilisation électorale des paysans.

Pour toutes ces raisons, certains observateurs croient possible de reporter l’élection. D’ailleurs, il y a un mois, lors d’une rencontre tenue au ministère de l’administration territoriale entre les diplomates européens et l’Association des municipalités du Mali, un diplomate, qui ne savait pas que des journalistes se trouvaient dans la salle, a déclaré que la date de juillet est indiquée afin de pousser le Mali à hâter l’organisation des élections mais que si, à l’échéance, on constate que le scrutin ne peut se tenir, il sera reporté.
Le diplomate a tenu à souligner qu’en tout état de cause, « il faut absolument un président élu au plus tard en décembre 2013″.

 Commentaires