Je m’en voudrais de brûler la politesse à la rédaction qui, je sais, croule à cette période de l’année sous des tonnes de dossiers dans la perspective de réaliser les rétrospectives de l’année qui va s’achever dans seulement trois petites semaines. Pour ceux qui n’ont jamais appartenu à la rédaction d’un périodique, il faut savoir que décembre est une charnière dans la vie des journaux pour la simple raison qu’ils doivent fixer la mémoire de leur audience sous la forme de piqure de rappel des grands évènements qui ont marqué l’année qui s’achève.
C’est aussi à ce moment-là, qu’à la manière de devins abreuvés à la source de l’actualité dans laquelle ils ont pataugé comme de joyeux enfants dans les eaux boueuses du marigot, les journalistes vont esquisser les tendances qui vont marquer l’année à venir. Exercice d’une difficulté énorme qui consiste à prédire ou prévoir l’imprévisible sur la base de faisceaux d’indices, de tendance ou de simple flair à la manière d’un prédateur qui sent sa proie à mille lieues à la ronde. Au Mali et dans de nombreux pays africains, l’actualité en 2018 sera marquée au fer rouge par les questions de gouvernance, de paix et sécurité, d’économie, de migration, du rôle et de la place des jeunes et des femmes dans les sociétés africaines, l’éducation, la transformation digitale… Bref, comme vous pouvez vous en douter, les leaders africains devront ratisser large l’année prochaine, redoubler d’effort et d’ardeur à la tâche pour être à la hauteur des immenses attentes de leurs peuples.
Peuples déboussolés, ballotés d’année en année de charybde en scylla, en proie au doute, au découragement et parfois, malheureusement, à la fatalité. Peuples aussi en proie au terrorisme, à l’insécurité, aux conséquences dramatiques des changements climatiques, mais aussi des peuples pris en tenaille entre des ambitions politiques quasi irréconciliables d’acteurs qui se livrent une guerre de tranchée pour soit garder le privilège de la gestion des pouvoirs d’Etat, soit pour déloger les premiers jugés incompétents, corrompus et arrogants. Au Mali, on surveillera particulièrement l’année 2018 qui sera une année d’élections générales dans un contexte de lutte sans merci contre le terrorisme. A cet égard, les observateurs avisés ne perdront pas un seul épisode de la montée en puissance du G5 Sahel et de son bras armé qui cristallisent tous les espoirs du Sahel et de la communauté internationale dans l’épineuse lutte contre le terrorisme transnational et transfrontalier.
Comme du lait sur le feu, les observateurs suivront l’évolution du phénomène migratoire dont les drames ont ému, révolté, indigné et choqué le monde entier. Logiquement, le Mali s’attendra à récolter les dividendes de son forum économique, Invest In Mali, qui s’est achevé le vendredi dernier à Bamako. On aura aussi à cœur de jauger la capacité des européens à tenir les engagements pris à Abidjan, fin novembre, pour connecter le continent africain à la marche du monde, avec un focus sur les jeunes et les femmes. Il ne faudra pas perdre de vue, non plus, les péripéties de la crise politique au Togo qui sera un puissant révélateur de la résilience des classes politiques traditionnelles à dépasser leurs contradictions et clivages parfois nés des indépendances.
Les success-stories, il faut espérer qu’ils soient nombreux au rendez-vous de 2018. Sur ce registre, le Sénégal semble bien parti avec notamment l’inauguration le 7 décembre dernier de son nouvel aéroport international baptisé Blaise-Diagne par le Président Macky Sall, en présence de ses pairs du Gabon Ali Bongo Ali Bongo, de la Gambie Adama Barrow et de la Guinée Bissau Jose Mario Vaz. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à un continent en lequel tous les espoirs sont placés mais qui prend le malin plaisir à les différer ou à les doucher régulièrement.