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Présidence de la transition politique : Pr Dioncounda Traoré reviendra-t-il un jour ?
Publié le lundi 4 juin 2012   |  Le Prétoire


Dioncounda
© Autre presse
Dioncounda Traoré
Président intérimaire du Mali


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En France depuis bientôt deux semaines pour des soins à la suite d’une agression à Bamako, Dioncounda Traoré, président de la transition politique, pourrait-il revenir au Mali ? La réponse à cette question dépend de plusieurs facteurs.

Le 21 mai dernier, à quelques heures de l’expiration de son mandat d’intérimaire, le président par intérim, Dioncounda Traoré, est sauvagement agressé dans son bureau par une foule haineuse. Quelques heures plus tard, il s’envole pour Paris afin d’y subir des examens plus approfondi et recevoir un traitement adéquat. Aujourd’hui, selon plusieurs sources concordantes, l’homme est hors de danger, rétabli et en convalescence.

Cependant, une question préoccupe plus d’un. C’est celle relative à son retour au pays.

Plus exactement, il s’agit de déterminer dans quelles conditions Dioncounda Traoré pourra reprendre ses fonctions de chef d’Etat en toute sécurité. Vendredi dernier, en voyage en France, le chef de l’Etat béninois, Yayi Boni, également président en exercice de l’Union africaine, a rendu visite à Dioncounda Traoré dans un hôtel parisien.

Cette préoccupation de Yayi Boni, principalement relative à la sécurisation des organes de la transition au Mali, a été évoquée à Paris entre les deux chefs d’Etat ouest-africains. Sur les antennes de RFI, le président Boni s’est « engagé », au nom de tous ses pairs africains, de prendre toutes ses « responsabilités » pour « garantir » la sécurité de Dioncounda Traoré avant l’arrivée de celui-ci à Bamako. Que comptent faire concrètement la Cédéao et l’Union africaine pour cela ?

Déploiement de forces étrangères au Mali.

La seule solution qui se pose est le déploiement de forces étrangères au Mali. Etrangères parce que le RCP (Régiment des commandos parachutistes) dont la mission était d’assurer la protection et la garde présidentielles a été décimée, ses survivants sont soit en fuite soit derrière les barreaux pour tentative présumée d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat ; parce que les autres composantes des forces armées et de sécurité (FAS) ne seraient pas fiables comme en témoigne la facilité avec laquelle les marcheurs du 21 mai ont eu accès au palais présidentiel. En outre, elles seraient trop proches de l’ »ancien chef de l’Etat », Amadou Haya Sanogo, que soutient une large part de la classe politique et de la société civile hostile à Dioncounda Traoré président de la transition.

Mais si cette solution de la Cédeao et de l’UA se pose, elle se heurte aussi à une équation à plusieurs inconnues : les FAS et le Cnrdre (c’est le capitaine A.H Sanogo qui l’a révélé) et une large part de la classe politique et de la société civile, pour une question de principe sur une soi-disant souveraineté nationale (d’ailleurs sacrifiée et transférée depuis longtemps), ne veulent pas d’une intervention militaire de la communauté internationale au Mali ; les forces en attente de la Cédéao (c’est le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara qui l’affirme) ne peuvent intervenir sans une demande et une autorisation expresses du gouvernement malien ; le reste de la communauté internationale (c’est le chef d’Etat français, François Hollande, qui le soutient) ne peut agir que si l’ONU est saisie par les plus hautes autorités africaines. Mais surtout (et ça c’est une impression générale), Dioncounda Traoré ne voudrait pas revenir à Bamako, entreprise suicidaire, sans avoir de sérieuses et solides garanties quant à sa sécurité personnelle et à celle des institutions, une sécurité que seule (comme le croit une autre large part de la classe politique et de la société civile) la communauté internationale peut assurer avec confiance.

Devoir d’ingérence

La solution souhaitée par Yayi Boni a l’avantage de pouvoir dénouer en même temps la crise institutionnelle à Bamako et la situation sécuritaire dans le nord du Mali. Mais sa mise en application, en définitive, dépend en grande partie, pour l’essentiel, d’un seul homme qui, lui, se tient en retrait. Il s’agit du capitaine A.H Sanogo, cosignataire de l’Accord-cadre du 06 mai 2012. Malgré les dénégations et les apparences, le capitaine A.H Sanogo demeure le véritable maître du « jeu ». Les FAS sont à ses ordres, et dans certains milieux, on soupçonne le Premier ministre plein de pouvoirs d’être « à sa botte ». C’est donc A.H Sanogo plus que Cheick Modibo Diarra qui peut autoriser la Cédéao à intervenir militairement au Mali afin de sécuriser la transition et faciliter le retour paisible de son président. A défaut de cette autorisation, la communauté internationale usera-t-elle d’un devoir d’ingérence ?

Par ailleurs, une autre question taraude certains esprits : le retour de Dioncounda Traoré aux commandes est-il forcément la meilleure solution ? Pour ces esprits, le président de la transition, après le traumatisme moral et le choc émotionnel consécutifs à son agression, ne serait plus en mesure de toutes les facultés nécessaires à la bonne conduite d’une longue et difficile transition de douze mois au cours desquels des décisions doivent être prises sans subjectivité et passion. A 70 ans, Dioncounda Traoré est très âgé mais aussi et surtout usé et miné par plusieurs confrontations éprouvantes avec la répression de la dictature du président Moussa Traoré suite à ses activités syndicales et son militantisme politique clandestin. Pour eux, il serait plus sage pour le prof Traoré de prendre sa retraite définitive en se retirant de la vie politique active. Après tout, il a grimpé tous les échelons (ministre, député, président du parlement, chef d’Etat). Ou presque puisqu’il lui manque le dernier : le statut très envié d’ancien chef d’Etat. Il serait alors le cinquième en inactivité.

Cheick Tandina

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