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Propos mémorables : Alpha Oumar Konaré président de la République (4 décembre 2000)
Publié le mardi 12 decembre 2017  |  Le 26 Mars
L’ex-chef
© Autre presse par DR
L’ex-chef de l’État malien et ex-président de la Commission de l’Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré
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‘’Nous devons condamner sans ambigüité les prises de pouvoir par la force.
On ne saurait condamner un coup d’Etat en Afrique et applaudir un autre au Pakistan. Tout coup d’Etat est le fruit d’un échec.



Que les candidats putschistes sachent à l’avance que notre cercle de famille ne leur sera jamais ouvert, qu’il ne leur sera jamais permis d’organiser des élections pour se faire élire !.

Les auteurs des coups de force comptent sur la lassitude- « laissez-les faire », après les condamnations, les sanctions seront levées pour ne pas pénaliser les peuples. Ils jouent les partenaires les uns contre les autres. Ils prennent les peuples en otage. Ils croient aussi pouvoir profiter des valeurs d’écoute et de tolérance des démocraties. Cela devient possible chaque fois que les démocraties sont vidées de leur dimension de solidarité et de justice sociale. Elles deviennent alors des proies innocentes exploitées par les dictateurs.

La seule légalité, prenant prétexte que c’est conforme à la Constitution, ne suffit pas à justifier des coups de force.

Les Constitutions ne sont pas inodores et incolores. Une Constitution fondée sur l’exclusion, la xénophobie, le rejet du pluralisme ne saurait être, ce nous semble, une Constitution démocratique, surtout en ces temps de démocratie ouverte.

« La Cour l’a dit ! » Cour constitutionnelle ou Cour suprême, tout dépend de la façon dont cette Cour est établie, de sa représentativité, de la qualité des hommes qui l’animent. Sans oser remettre en cause leurs prérogatives en ces temps de souveraineté concertée, ne peut-on pas imaginer d’autres recours, régionaux ou internationaux, pour d’éventuelles contestations ?

Dans tous les cas, finie à jamais, l’ère des « jojos » et des commandants suprêmes !

Nos partis politiques doivent développer une culture de la majorité et une culture de l’opposition. Ainsi, pour être démocratique, la majorité doit-elle agir dans le respect de la Constitution et de l’opposition, dont le statut et les droits doivent être sauvegardés. L’opposition pour sa part doit accepter de jouer pleinement et loyalement le jeu démocratique car la réussite de tout processus démocratique est une responsabilité partagée. Sortons des visions manichéennes de la démocratie, où toute majorité est suspecte, toute opposition est louable. C’est oublier que toute opposition n’est pas démocratique. L’opposition doit participer à l’exercice du pouvoir, mais dans l’opposition, pas nécessairement dans le partage des poste.

L’expérience des dix dernières années atteste la fragilité des institutions républicaines. C’est en leur sein que s’anime la vie démocratique. Il ne saurait y avoir d’état de droit sans un Etat for et démocratique, éduqué au respect des droits humains et à la culture de la paix, et soumis à l’autorité civile.

La question des partis politiques est aussi fondamentale car il n’y a pas de démocratie sans partis politiques.

Nombre de partis existant aujourd’hui sont le plus souvent des appareils électoraux, alors qu’il revient à leurs chefs d’accroître leur rôle de formation des consciences politiques, de formation civique, de faire respecter l’intérêt public. Tâche prioritaire de la diffusion d’une culture démocratique. L’expérience des dix dernières années nous conduit à souhaiter également le financement publique et de la presse, et à souhaiter la moralisation de ce financement public comme privé pour réduire l’action de puissances d’argent, pour éviter tout enrichissement personnel et abus de bien social.

L’un de défis actuels est l’organisation des élections. Les élections sont aujourd’hui en Afrique l’Object de toutes les crispations (autour des listes électorales, de la transparence des scrutins…). Les périodes électorales deviennent de plus en plus des périodes conflictuelles. Aussi est-il impératif pour nous de rester attachés à la tenue d’élections équitables faisant plus de place aux femmes, d’élections libres, transparentes et régulières, garantissant l’alternance. Nous ne pouvons que manifester beaucoup d’inquiétude aujourd’hui face au coût de plus en plus élevé des élections, financées essentiellement par l’extérieur ( ce qui est peu compatible avec nos souverainetés), et face au risque de corruption que l’organisation des élections sécrète, avec très peu d’actes civiques, beaucoup d’actes marchands, d’actes monnayés ! Réfléchissons bien ! Peu de place est laissée au bénévolat.

Les partis politiques paient pour avoir des militants ; les citoyens sont payés pour être des électeurs. Des recours, des médiations doivent être crées sur le plan local, national, régional et international (multiplions les expériences de conférences nationales, de concertations régionales, de rencontres intercommunautaires, de forums politiques, etc.) pour renforcer l’écoute mutuelle, le dialogue l’échange, pour sortir des logiques de blocage, d’affrontement, des logiques de ceux qui ne peuvent imaginer perdre que si leurs adversaires ont triché !

Hélas ! La culture de la violence et de la tricherie se développe.

Nous devons veiller à la transparence et à la fiabilité des élections parce qu’elles sont indispensables à l’alternance démocratique, la nécessaire alternance qui devrait, pour sa survie, aller au-delà d’un « jeu de ping-pong » ou de tennis pour conduire à un renouvellement des acteurs du politique.

La réussite d’un homme politique, singulièrement d’un chef d’Etat, doit se mesurer aussi à sa capacité à passer le relais ; c’est pourquoi, il est important de définir les statuts des anciens responsables, singulièrement des chefs d’Etat. Pour un chef d’Etat en exercice, être ancien chef d’Etat doit être l’objectif de plus recherché.’’

(Source : Ensemble Debout. Edition Cauri livres).

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